En plein chaos, Matt Damon se lance à la recherche des armes de destruction massive de Saddam. Un film d’action total par le réalisateur surdoué de "Vol 93".
Difficile de filmer la guerre, de faire de la guerre un spectacle, surtout avec un conflit qui vomit quotidiennement son lot de victimes à la télé. Après trois années de difficultés (multiples réécritures, scènes retournées), Green Zone, du Britannique Paul Greengrass, transforme Bagdad en terrain de jeu pour un film d’action total, une machine à suspense à la manière de la trilogie Jason Bourne.
Comme Greengrass est un malin, il s’appuie sur le livre Dans la zone verte, du journaliste du Washington Post Rajiv Chandrasekaran, témoignage hallucinant des zozos de l’administration de Bush chargés de faire de l’Irak une démocratie. Son film n’est en rien un documentaire, mais le scénario est émaillé de petits détails pointus sur les mercenaires américains de Blackwater, la CIA ou les journalistes manipulés. Caméra à l’épaule, Greengrass colle aux rangers de Matt Damon, capitaine de l’armée américaine, affecté à la recherche des fameuses armes de destruction massive (ADM), objets de la déclaration de guerre des États-Unis. Faisant chaque fois chou blanc, Matt Damon va commencer à se poser des questions sur la réalité de ces armes… Question mise en scène, le réalisateur de "La Mort dans la peau" et de "Vol 93" fait toujours dans l’épilepsie arty, et son film est une succession de jump-cuts, de décadrages hasardeux somptueux (comme dans "Full Metal Jacket") et de zooms sublimement réalisés par le chef op’, Barry Ackroyd, également responsable des images de "Démineurs". ça tangue, ça cogne, ça explose, comme si Greengrass voulait faire crever son spectateur d’une attaque cardiaque, à la manière de Ridley Scott avec "La Chute du faucon noir".
On en ressort pantelant, abasourdi, car, entre deux carnages, Greengrass assène ce que Chirac savait, que les ADM étaient un leurre, un prétexte de l’administration Bush pour partir en guerre et mettre la main sur le pétrole irakien. Un des meilleurs films d’action de l’année, qui se double donc d’un doigt dans le fondement des néocons : pas mal pour un blockbuster made in Hollywood.
Une fois de plus, on va se taper (à condition qu’on y aille) les images dégueulasses de Greengrass, toutes tremblées, sous-exposées, illisibles ou quasiment. La caméra portée est une plaie, comme la 3D.
Et puis, apparemment, ce film a douze métros de retard. Où est l’audace, à filmer ce que quarante réalisateurs ont déjà filmé ?
Vous pensez vraiment que tout le monde sait (notamment aux USA) que les ADM (armes de destruction massive) n’ont jamais existées ?
Faire un grand film d’action et dénoncer une saloperie qui a engendré la mise à sac d’un pays et des milliers de morts, c’est quand même quelque chose. Je n’ai pas beaucoup d’autres exemples de films qui balancent autant !
Que pensez-vous de ce film ?
Est-ce que ce film sera un autre blogbuster à la Hollywood ou sera-t-il conforme à la réalité ?