Au rayon des « essais et documents », les meilleures ventes de livres 2007 décoiffent : Simone Veil est la championne, les oeuvres sur Ségolène cartonnent, tout comme Drucker et Besson. Mais pas le pauvre BHL, étalé comme son « Grand cadavre à la renverse »
Le classement 2007 des meilleurs ventes d’essais et documents dressé par Livres-Hebdo est imparable : Simone Veil, l’icône centriste, est la gagnante incontestable de l’exercice. Malgré une sortie automnale (octobre) son autobiographie « Une Vie » (Stock) réalise le carton de l’année avec 302 000 ventes et prend la première place du podium. Elle bat tous les livres "politiques" qui ont pourtant été les vedettes des rayons l’an dernier, à l’exception de la gentille saga de Michel Drucker Qu’est-ce qu’on va faire de toi ? (Robert Laffont) (192 000 exemplaires, N°3) et du passe-temps Cahier de gribouillages pour les adultes qui s’ennuient au bureau de Claire Faÿ (Editions du Panama, 142 000 ventes, N°4). Avec des bonnes et mauvaises suprises.
Car le sujet gagnant de 2007 fut incontestablement… la perdante de l’élection présidentielle, Ségolène Royal, dont le livre souriant Ma plus belle histoire c’est vous (Grasset), pourtant paru en fin d’année, s’est déjà écoulé à 55 400 exemplaires. Les vraies championnes sont les journalistes du Monde, Ariane Chemin et Raphaëlle Bacqué, qui avaient révélé, les premières, la mésentente conjuguale avec l’ami François dans La femme fatale (Albin Michel). Leur enquête sur sa campagne pointe à la deuxième place des ventes de l’année, avec 206 000 exemplaires.
Le seul nom de Ségolène semble avoir propulser les ventes, même de ses détracteurs ! Ainsi, le traître Eric Besson, ancien conseiller de Ségo et nouveau sous-ministre de Sarko, caracole lui aussi, à 108 000 exemplaires, avec son Qui connaît madame Royal (Grasset).
Même Lionel Jospin, avec son Impasse (Flammarion), brûlot anti-Royal, a enfin réussi à vendre quelques milliers d’exemplaires (28 400 exactement) de sa prose. Autres descentes en flamme de l’ex-futur candidate socialiste, le Ségolène Royal, ombres et lumières (Michalon) de son ex-collaboratrice Evelyne Pauthot et le Ségolène Royal, coulisses d’une défaite (L’Archipel) de Christine Courcol et Thierry Masure, deux journalistes de l’AFP, prennent, eux aussi, leur place dans le Top 100 de l’édition « essais et documents ».
En revanche, celui que les journaux ont toujours fait passer pour un auteur de best-sellers, à savoir Sarko 1er, n’a écoulé que 43 300 exemplaires, de son opus de campagneEnsemble (XO éditeur).
Le hit-parade des essais et documents recèle encore quelques chiffres surprenants. Ainsi par exemple, la très complaisante biographie autorisé de Jacques Chirac, écrite par Pierre Péan, réussit quand même à pointer à la 11ème place du classement. L’inconnu de l’Elysée (Fayard), recueil de platitudes convenues et peu crédibles, a quand même séduit 69 800 acheteurs.
Enfin, fidèle à la mission d’information la plus pointue que poursuit Bakchich, nous ne pouvons passer sous silence la gamelle que s’est ramassé Bernard-Henry Lévy, dit BHL, en se prenant pour le gourou du renouveau de la gauche. Son Grand cadavre à la renverse (Grasset) lancé comme d’habitude à grand renfort de promotion (toutes les émissions télé et radio, la Une du Nouvel Obs, des pages entières dans les autres journaux et même une offensive sur le net) est resté scotché à 26 800 exemplaires, soit la 61ème place du classement. Juste devant l’élégant L’art de péter (Payot) d’un certain Pierre-Thomas-Nicolas Hurtaut. Pour BHL, on est loin de son dernier succès, qui remonte maintenant à six ans avec l’inénarrable et bidonné Qui a tué Daniel Pearl ? (160 000 exemplaires).