Annoncée avant l’été, la réforme des retraites aurait dû n’être qu’un ajustement technique. Circulez, bonnes gens, vous ne pouvez pas comprendre ! Sauf que…
On aurait dû l’avaler comme un sirop amer. En fermant les yeux, sûrs, dans le fond, que c’était pour notre bien. Les lénifiantes campagnes de communication du gouvernement devaient se charger de faire passer la pilule. Certes, c’est un effort, mais « nécessaire » et « juste ».
Annoncée avant l’été, la réforme des retraites aurait dû n’être qu’un ajustement technique : « On vit plus longtemps, on travaille plus longtemps. » Imparable. Pourquoi en débattre ? L’hypertechnicité du sujet devait de toute façon écarter la plèbe. « Taux d’incapacité », « taux de décote », « polypensionnés »… Circulez, bonnes gens, vous ne pouvez pas comprendre !
Et puis, de la même façon que le débat sur le traité constitutionnel – lui aussi technique et verrouillé en amont – avait fini par exploser hors des cadres, celui sur les retraites subit un sort identique. Les manifestations monstres ont démontré que la tentation d’éluder tout débat était contreproductive.
L’Assemblée nationale a déjà voté le texte ? Le Sénat va faire de même ? Et alors ? Avec le même sentiment d’avoir été privés de discussion, les Français ont décidé de s’emparer de la question. Malgré la volonté du gouvernement de faire vite, malgré la surréaliste séquence du vote à l’Assemblée où Bernard Accoyer a privé l’opposition de tribune, des lézardes sont apparues dans ce texte si « juste ».
Juste, sauf pour ceux qui ont commencé à travailler à 18 ans (dont l’espérance de vie est généralement très inférieure à la moyenne) et qui devront cotiser deux ans de plus.
Juste, sauf pour les femmes dont les carrières sont déjà tellement hachées que, aujourd’hui, 40% d’entre elles touchent moins de 600 euros par mois contre 10% des hommes.
Juste, sauf pour ceux qui exercent un métier pénible et qui devront faire reconnaître, au cas par cas, leur invalidité.
C’est sûr, il valait mieux confisquer le débat.
Sans être spécialiste on peut imaginer aisément que si on travaille plus longtemps, on vit moins longtemps, non ?
Mais il est un aspect de cette réforme que personne (ou presque) ne parle :
nos retraites privées ou publiques sont indexées sur le coût de la vie et non sur les salaires. Ce coût de la vie ne diminue jamais (vous m’en direz tant) puisqu’il est indexé sur un échantillon de 100 000 produits variables au gré du temps et des modes (Lecteur MP3, bouteilles d’eau aromatisée, etc,…).
Ainsi, l’augmentation de nos pauvres et misérables retraites (imaginées au départ pour une vie de moins de 15 ans après votre départ de la vie active) est terriblement faible !
Quant à la fameuse Caisse de Retraite des fonctionnaires citée dans le grandiose Livre Blanc de référence de l’inimitable Rocard, elle N’EXISTE PAS ! Elle n’est qu’une ligne budgétaire de l’Etat. Elle devait pourtant avoir un super déficit de dizaine de millions d’€uros en 2020.
Enfin et pour terminer, ce recul de la cotisation à 62 ans va entraîner un surcoût pour l’UNEDIC qui gère les chômeurs de… 500 millions d’euros par an ! Ben oui, faut pas croire que le MEDEF embauche à 60 ans !
J’oubliais : Juppé, inspecteur des Finances est parti à la retraite à…57 ans, bénéficiant pour celà, d’un Décret spécial SVP !