La justice traîne comme un boulet la plainte déposée après le scandale qui a éclaté dans le célèbre palace parisien, en 2004.
Rappelez-vous, le 6 décembre 2004, dans une suite du George V, un homme d’affaires, Mohamed Ajroudi, qui se présente comme proche d’un prince saoudien, se fait morigéner un peu brutalement par Alexandre Djouhri, l’intermédiaire qui arpente les couloirs de l’Elysée, de Chirac à Sarkozy. À côté d’eux, le député Alain Marsaud et Laurent Obadia, un proche de Jean-Marie Messier, ancien de Vivendi, reconverti dans le conseil. Ce beau monde s’empoigne à propos de la création d’une filiale au Moyen-Orient de Véolia-Environnement, l’ex-Générale des Eaux. Suite à cette discussion musclée, Ajroudi est transporté à l’Hôtel Dieu, victime d’un traumatisme crânien.
Après avoir donné à Laurent Obadia le statut de témoin assisté, la justice vient de le sortir de l’affaire. Un arrêt de la chambre de l’instruction de la Cour d’appel de Paris du 25 octobre dernier fait peu de cas de la déclaration d’un professeur présent sur les lieux, Michel Carmona, bon connaisseur des « réseaux », racontant au juge que Obadia n’avait pas porté de coups à Mohamed Ajroudi, mais avait « exhorté » Alexandre Djouhri à le frapper. Un ancien cadre de Véolia, présent lui aussi, Emmanuel Petit, « confirmait que Laurent Obadia avait été violent verbalement », selon l’arrêt, tout en le dédouanant : « Tu ne vas quand même pas le frapper », aurait-il lancé. Des déclarations légèrement contradictoires… Itou pour un avocat d’affaires qui assiste à la scène, Olivier Laude : il attribue un rôle « modérateur » à Obadia mais précise que « ses tentatives de calmer le jeu paraissaient ostentatoires et peu convaincantes ». Faudrait savoir.
Une confrontation entre tous ces messieurs n’a pas permis de mieux éclairer le pugilat. D’après le parquet, tout ça ne mérite pas tripette. Demandant que Laurent Obadia ne soit pas retenu comme auteur ni complice, le procureur fait ainsi sauter la circonstance aggravante de la « commission en réunion » pour le seul protagoniste encore en lice, Alexandre Djouhri. Le juge a suivi. Djouri reste donc mis en examen pour « violences volontaires ayant entraîné une ITT inférieur à 8 jours ». L’affaire devrait donc se régler au tribunal de police.