L’arrestation, à Francfort, de la chef de protocole du président rwandais, sur mandat d’arrêt français, intervient dans un climat presque apaisé entre la France et le Rwanda.
Et revoilà le Rwanda. Depuis presque deux ans, le pays des milles collines avait pratiquement disparu de l’actualité française. Il refait surface à présent. Avec notamment, l’arrestation sur mandat d’arrêt français, de la chef du protocole du président rwandais Paul Kagamé, à Francfort aujourd’hui 10 novembre. La charmante Rose Kibuye colonel à la retraite, fait partie du contingent de dignitaires du pays des milles collines accusé par le juge Bruguière d’avoir planifié l’attentat contre l’ex-président Habyarimana en avril 1994, attentat qui précéda le début du génocide.
Pas de chance, les Rwandais, un peu agacés par la méthode, ont déjà rompu leurs relations diplomatiques avec la France. C’était en novembre 2006, au moment où le juge Bruguière avait émis ces fameux mandats d’arrêt.
Nul ambassadeur français à Kigali à rosser. Seulement des déclarations, bien moins fracassantes que par le passé… Pas même une saillie rappelant l’action de la France au Rwanda avant 1994 et le génocide, pourtant une spécialité du régime de Paul Kagame.
Seule la ministre de l’Information a éructé contre « un abus de la justice internationale » et « une manœuvre politique destinée à brouiller la vérité et à affaiblir le gouvernement [de Kigali] ». Même Kibuye, par la voix de son avocat, a signalé qu’elle était toute prête à « rencontrer le juge ».
Un changement de ton assez drastique aux regards des multiples accusations, de soutien au régime génocidaire jusqu’à planificateur des massacres, allègrement jetées à la face de la France par Kigali… Comme un signe qu’à défaut de « relation diplomatiques, les deux Etats ont repris les discussions », confesse un ancien diplomate français au Burundi (pays frontalier du Rwanda).
« Depuis septembre 2007, il y a eu de nombreuses rencontres entre les ministres des Affaires Etrangères, et les présidents se sont vus, que ce soit au sommet de Lisbonne (en décembre 2007) ou à l’assemblée générale de l’ONU, à New York (en septembre 2008) », compte-t-on à l’Elysée. Avant d’ajouter, pour les plus défiants. « Sarkozy et Kagamé se sont encore parlés il y a dix jours, quand la crise au Congo a augmenté d’intensité ». Vendredi 7 septembre, le directeur Afrique du Quai d’Orsay a encore discuté avec le président Rwandais, à Nairobi, à l’occasion d’un mini-sommet sur la crise au Kivu.
Une crise dans laquelle aucun règlement ne pourra intervenir sans le pays des milles collines, un peu plus qu’accusés de servir de base arrière à la rébellion de Laurent Nkunda. Une situation analysée avec beaucoup de bons sentiments par la diplomatie française
« Il faut aussi comprendre les Rwandais, plaide-t-on au Quai d’Orsay. Ils sont convaincus que les Congolais ne font pas assez contre leurs rebelles hutus qui menacent le pouvoir de Kigali. Et puis le Rwanda est un petit pays où la question de la répartition de la terre se reposera indubitablement, comme la question démographique dans les années à venir. Aussi peut-on supputer qu’existe une tentation rwandaise à intervenir… ».
Ton moins acrimonieux côté Rwandais, volonté d’apaisement côté français. Presqu’une entente cordiale.
Reste bien évidemment le nœud de la discorde, le rôle tenu par la France au Rwanda, entre 1989 et 1993, juste avant que le régime « ami » de Juvénal Habyarimana ne déclenche le génocide. « Nous payons encore la vision de l’Afrique des années Mitterrand, avec son lot d’erreurs. Mais l’Elysée réfute toute part française dans le génocide rwandais », décrivent les cercles proches du Palais, qui sourient à l’évocation du rapport Mucyo, sorti le 15 novembre 2007 et fort violent contre la France. « C’est un outil politique, en interne comme à l’international. S’il existe nombre d’incohérences, notamment au niveau des dates, le boulot a été très bien fait. C’est un instrument soigné…il s’inspire largement du rapport Quilès fait par l’Assemblée nationale française ».
Preuve s’il en est que Français et Rwandais peuvent très bien s’accorder…
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Rien ne va plus pour Agathe Habyarimana. La Commission de Recours des Réfugiés (CRR) a officiellement rejeté sa demande d’asile le 15 février, confirmant ainsi la décision de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (OFPRA).
Agathe (…)
pourquoi cacher la responsabilité de la France dans ce genocide ??
Le rapport Mucyo est d’une veracité exemplaire et il est regretable de constater qu’en france il n’y a que negation de cette face cachée de la françafrique !!