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Rwanda : des Lumières françaises

lundi 19 mars 2007 par Lara Mace
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Documenté et sérieux, "une guerre noire" de Périès et Servenay revient sur l’une des origines les moins connues du génocide rwandais : la doctrine française de la "guerre révolutionnaire".

Pour Périès et Servenay, nombre de journalistes, juristes et historiens ont cristallisé (à tort) le débat rwandais autour de l’attentat du 6 avril 1994. Que cet avion ait été abattu par les milices extrêmistes hutus ou par le FPR (Front Patriotique Rwandais) relève du faux débat, voire de l’écran de fumée.Admettons que les conclusions du juge Bruguière (qui ne s’est pas rendu au Rwanda) soient vraies. Kagamé et le FPR responsables du crash donc. « Faut-il être à ce point sourd et aveugle pour ne pas distinguer les structures politiques et militaires du génocide des Tutsis et la logique d’un conflit où une faction rebelle conteste un pouvoir illégitime ? » Ecran de fumée, la théorie du « trouvez les responsables de l’attentat et vous aurez les véritables responsables du génocide » évite de se poser les bonnes questions et de chercher les vraies responsabilités, politiques et militaires, du génocide.

Pour comprendre le génocide rwandais, les auteurs proposent de remonter aux années 60 et à la prise en main de la formation militaire des officiers rwandais par la France. À l’Ecole Supérieure Militaire (ESM), les élèves officiers ont étudié les textes de Clausewitz, Lacheroy et Trinquier que les auteurs rattachent aux écrits d’Erich Ludendorff, théoricien de la guerre totale dans l’Allemagne nazie. De quoi s’agit-il ? La guerre révolutionnaire est une stratégie politico-militaire visant à contôler la population par le quadrillage, par la mise en place de milices d’autodéfense et de hierarchies parrallèles, et par la guerre psychologique.

Une guerre « noire » parce qu’africaine bien sûr, mais surtout parce que la couleur désigne, chez les militaires français, la plus extrême des propagandes. Arme de destruction massive des esprits, elle est mise en place très tôt au Rwanda et s’intensifie au courant de l’année 1992. Au sommet de l’État, une commission travaille sur la définition de l’ennemi, le recensement de ses points forts, de ses faiblesses… Ses conclusions ? Que l’ennemi est le tutsi et que sa faiblesse principale est … « l’hostilité de la population ». Une hostilité qu’un appareil d’État va transformer en folie génocidaire avec l’appui de ses militaires formés à l’école française. L’un des principaux organisateurs du génocide, Théoneste Bagosora est un ancien de l’ESG (Ecole supérieure de guerre) et de l’IHEDN (Institut des hautes études de la défense nationale), fleurons de l’enseignement militaire français. Les auteurs s’interrogent : « comment considérer cette transmission des savoirs organisés par Paris à destination des élites militaires de nos anciennes colonies et de nouvelles zones d’influence ? Une simple coopération ou les moyens d’assurer dans tous ces pays le contrôle fort de la societé, pour ne pas dire une dictature pure, dure et cruelle ? » L’une des clés de la propagande noire est la diffusion de la peur. Intoxiquer la population en agitant le spectre de la menace tutsi et l’appeler ainsi à l’attaque préventive. Initier les civils à la violence extrême en la banalisant :les forces de l’ordres encadraient les assauts, exécutés par une population transformée en machine à tuer.

L’intérêt principal de ce livre repose sur la qualité de sa démonstration : s’appuyant sur de nombreux documents, les auteurs retracent l’histoire de la « coopération » franco-rwandaise et s’attachent à montrer que le génocide des tutsis ne découle pas d’une « colère spontanée » ou vengeresse mais d’une véritable planification : les institutions de l’État, l’armée et l’administration, les milices, l’économie. Tous ont participé au génocide. Les auteurs n’accusent jamais la France d’avoir échafaudé un génocide. Ils pointent du doigt sa « coopération » militaire avec un régime dictatorial et raciste, son inertie pendant les massacres et sa calamiteuse mission Turquoise. A l’heure où la France, par l’entremise du juge Bruguière, refuse obstinément de reconnaître ses responsabilités, un tel ouvrage est salutaire.

Voir les extraits en ligne

Voir en ligne : in Bakchich # 26

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12 MESSAGES
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Forum

  • Rwanda : des Lumières françaises
    le lundi 6 octobre 2008 à 22:18, Pascal le Rwandais a dit :

    Il ne faut pas être un Ange pr raconter n’ importe quoi sur le net.

    Seuls les Rwandais connaissent leur histoire et ils savent comment s’ en occuper.

    Le problème HUTU-TUTSI sera résolu par eux même et non par ces écrivains qui travaillent pour le ventre et disent des non-sens.

  • Rwanda : des Lumières françaises
    le dimanche 21 septembre 2008 à 16:51
    C’est à croire que bakchich en encaisse généreusement de la part du dictateur sanguinaire kagamé pour bénéficier de votre part d’une vision si partiale et exclusivement à charge de cette affaire pour la France. Mauvais esprit ou mauvais tout court ?
  • Rwanda : des Lumières françaises
    le lundi 17 mars 2008 à 21:06, Ngotshima a dit :

    Un témoin essentiel à lire. Abdoul Ruzibiza. www.grandslacs.net/doc/3136.pdf

    Je le conseil à la rédaction. Le génocide ne peut excuser le cynisme de Kagamé. Encore un bon didacteur africain.

  • Rwanda : des Lumières françaises
    le mardi 17 avril 2007 à 02:56, Jean a dit :
    Une très bonne note de lecture de ce livre est parue dans la revue La Nuit rwandaise sous la plume de Michel Sitbon. Consulatble apparemment en ligne sur le site de la revue, www.lanuitrwandaise.net Merci pour cet article.
  • Rwanda : des Lumières françaises
    le mercredi 11 avril 2007 à 13:52
    livre intéressant car la politique de la france au rwanda et l’implication de la france dans le génocide des tutsi sont placées dans un contexte large : celui de la politique française en Afrique….Excellente mise en perspective donc. Et le commentaire ainsi que les extraits proposés "en annexe" respectent cette approche si exigeante et très pro. J’ai lu le livre et je vais le relire et continuer à le recommander autour de moi.
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