Les journalistes du « Figaro » sont vraiment râleurs : certes leur patron exhorte à voter Sarko, mais bon, hein.
Les journalistes du Figaro sont des mauvais coucheurs. Enfin pas tous car certains, notamment ceux qui font partie de la hiérarchie, ont bien compris que la France était passée des ténèbres « marxisantes » à la lumière libérale depuis un certain mois de mai 2007.
Mais les gratte-papiers n’arrêtent pas de se plaindre. Hier, ils critiquaient la morgue de Nicolas Beytout, ami d’un autre Nicolas logeant à l’Élysée, et qui a quitté la direction de la rédaction récemment pour diriger le groupe de médias que le milliardaire Bernard Arnault, l’homme le plus riche de France, veut créer. Aujourd’hui, ils en ont après son successeur, Etienne Mougeotte. Un ancien patron des programmes de TF1, à qui on doit des programmes aussi spirituels que Star Academy et L’Ile de la tentation. Un homme en « quête de sens » dont Bakchich a déjà tracé un portrait louangeur. Pourquoi râlent-ils les manants du quotidien de la liberté ? Et bien, ils estiment que l’Etienne, que certains surnomment « Papy Mougeotte », jouent trop sur le « star system ».
On a vu récemment qu’il avait demandé à Anne Sinclair, qui doit sans doute s’ennuyer à Washington où elle accompagne son mari DSK, d’interviewer le journaliste vedette du Washington Post Carl Bernstein au sujet de sa biographie de Hillary Clinton. Quoi de mieux qu’une star du journalisme pour interroger une autre star du journalisme ? Mais ces journaleux du « Figaro » reprochent surtout à Mougeotte d’avoir droitisé le quotidien ! Là on tombe des nues. Nous qui pensions bêtement que Le Figaro était un journal de droite ! Nos confrères estiment en fait que l’Etienne a transformé le journal de l’avionneur Serge Dassault, qui peut d’ailleurs écrire désormais dans le quotidien, en feuille militante. Là, c’est vraiment un procès d’intention.
C’était la franche poilade lundi dans les couloirs des Échos. Dans un article sur l’affaire de l’UIMM, le quotidien économique écrit que la présidente du Medef, Laurence Parisot, accusée d’avoir été au courant avant l’été, a déclaré à plusieurs reprises qu’elle avait été informée des retraits en espèces de l’UIMM « par un coup de fil d’un journaliste » la veille de la publication des révélations du Figaro, en septembre. « Selon nos informations, le directeur de la rédaction du Figaro de l’époque, Nicolas Beytout, l’a bien prévenue, le 25 septembre au soir, de la parution d’un article sur les pratiques de l’UIMM », souligne le quotidien. Pour avoir ces éléments, l’enquête a dû être longue car Nicolas Beytout est revenu à la tête des Échos à la suite du rachat du journal par LVMH et il a un bureau près de la salle de rédaction.
Prenons le dernier édito de notre ami, au lendemain du premier tour des élections municipales. Qu’écrit-il ? Que ce scrutin est certes marqué par une poussée de la gauche mais que c’est « un classique » car ce type d’élection permet à l’opposition d’adresser « un avertissement sans frais au pouvoir en place ». Puis l’Etienne se fait menaçant : ceux qui ont exprimé leur mécontentement en s’abstenant, en votant Modem voire, horreur, socialiste, « devraient réfléchir à deux fois avant de sortir de leur poche un deuxième carton jaune dimanche prochain ». Car cet amateur de football le dit : un deuxième carton jaune se transforme en carton rouge. Et on ne va pas tout de même pas expulser notre amateur de Rolex et de Ray Ban de l’Élysée. Comme l’exhorte notre ami, « à tous ceux de droite, du centre et d’ailleurs partisans de la réforme et de la modernisation de la France d’y penser cette semaine et d’aller voter au deuxième tour ».
Franchement, nos camarades du Figaro charrient. On ne voit pas ce qu’il y a de choquant dans un tel édito. L’Etienne a en tête le seul souci de la France et il sait mieux que quiconque que Super Sarko peut, entre une ballade en mer sur le yacht de Vincent Bolloré et une promenade en Jordanie dans l’avion du même, redresser ce pays. Allez confrères, reprenez-vous et mobilisez-vous. Vous ne voulez tout de même pas que l’Etienne prenne un carton rouge !
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