Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
MONDE / EUROPE

Mort suspecte d’un détenu en Suisse

Suisse / dimanche 21 mars 2010 par Amédée Sonpipet
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

Se disant victime de brimades, un détenu d’une prison suisse a mis le feu à son matelas. Les gardiens ont attendu 90 minutes avant d’entrer dans sa cellule. Le prisonnier, condamné pour une peine mineure, est mort asphyxié.

Nicolas Mattenberger, député socialiste et avocat dans le canton de Vaud, et sa consoeur parisienne Isabelle Coutant-Peyre préparent une plainte pénale pour « homicide par négligence ». Ils demandent que l’on fasse toute la lumière sur la mort de Skander Vogt, détenu dans le quartier de haute sécurité de la prison de Bochuz le 11 mars dernier. Ce décès est d’autant plus embarrassant pour l’administration pénitentiaire que cet helvético-tunisien aurait dû être libéré en… juin 2001.

En effet, Skander Vogt n’avait été condamné qu’à 20 mois de prison pour des imbécilités d’adolescent : dommages à la propriété, injures, menaces, vol, violences. Mais l’article 43 du Code pénal suisse permet de priver le condamné du droit à la liberté, à l’expiration de la peine prononcée, pour une durée illimitée, si « en raison de son état mental, le délinquant compromet gravement la sécurité publique ». Entré à 20 ans derrière les barreaux, il n’en est sorti dix ans plus tard que les pieds devants.

Skander Vogt - JPG - 27.3 ko
Skander Vogt

Victime de brimades répétées

« Depuis 2006, j’ai alerté la Cour européenne des droits de l’homme sur cette situation invraisemblable, totalement inhumaine », proteste Isabelle Coutant-Peyre, l’un des défenseurs de Skander Vogt. En effet, depuis une décennie, l’homme était considéré par l’administration pénitentiaire comme extrêmement dangereux. Il ne sortait de sa cellule que pieds et poings enchaînés. Or, ce garçon, rappeur passionné, se montrait au contraire gentil, joyeux, drôle, curieux de tout, avec le réseau d’amis qu’il avait pu se constituer en dehors de la prison. Ils étaient une cinquantaine d’entre eux à assister à ses funérailles au cimetière de Montoie, à Lausanne, mardi dernier.

Que s’est-il passé ? En 2008, Skander Vogt souffre des dents, mais la prison de Bochuz (canton de Vaud) lui refuse le dentiste. Pour protester, le prisonnier grimpe sur le toit de la prison, et y reste trente heures, soutenu par les autres détenus. Depuis, les responsables de l’établissement lui vouent une haine sans bornes. Les humiliations pleuvent. La semaine dernière, on lui confisque sa radio. Furieux, Skander annonce « ce soir, ça va cramer », et il met le feu à son matelas. La fumée envahit la cellule.

Les gardiens n’interviennent pas

« Comment expliquer que les gardiens ne lui ont pas porté secours ? On nous dit que Skander était considéré comme dangereux et qu’ils avaient peur d’entrer dans sa cellule ! Ça ne tient pas la route », dénonce Nicolas Mattenberger.

Les gardiens vont donc le laisser s’asphyxier pendant une heure et demie, entre 1 heure et deux heures 30 du matin, attendant les renforts des troupes d’élite de la police vaudoise.

La mort est constatée à trois heures.

De Tunis au Léman

Sanda, 34 ans, et Skander, 30 ans, ont perdu très tôt leur mère tunisienne. Vivant à Tunis, ils sont recueillis par une tante. Leur père, originaire de Bâle, en Suisse, perd le contact avec ses enfants. Ces derniers arrivent sur les bords du lac Léman en 1993 et sont recueillis par des familles d’accueil. Skander tombe alors dans la petite délinquance.

Le directeur de la prison téléphone à Sanda Vogt, la sœur aînée de Skander, lui affirmant que son frère s’est suicidé. Depuis, l’administration pénitentiaire a changé de version, prétendant que le prisonnier empêchait les gardiens de lui porter secours, proférant contre eux des menaces de mort. Déclaration aussitôt démentie par le voisin de cellule de Skander. Habituellement, un incendie provoque une grande animation dans une prison. Mais cette fois, les gardes-chiourmes ne semblaient pas pressés d’intervenir, se contentant de chuchoter.

Enfermé sans expertise psychiatrique

« Nous n’allons pas lâcher l’affaire, c’est trop grave. Ce malheureux a été martyrisé pendant dix ans. Et il y en a d’autres dans les prisons suisses. Comment peut-on priver un homme de sa liberté sous prétexte qu’il serait dangereux ? Depuis des années nous réclamions une expertise psychiatrique », dénonce Isabelle Coutant-Peyre.

-----------


AFFICHER LES
11 MESSAGES
0 | 5

Forum

  • Mort suspecte d’un détenu en Suisse
    le jeudi 6 mai 2010 à 21:39, tcharly a dit :
    J’ai dirigé les Maisons d’Arrêts et de Préventive du canton de Vaud de 1994 à 2004. J’aimerais apporter quelques remarques et opinions suite au malheureux décès de Skender Vogt au pénitencier de Bochuz relaté par les organes de la Presse écrite et visuelle. J’ai côtoyé de très près Skender qui a fait l’objet d’une détention à la prison du Bois-Mermet alors qu’il faisait l’objet d’une dérogation pour être placé dans une prison pour adultes tant son comportement extrêmement irresponsable et dangereux posait problème dans un Centre de détention pour mineurs d’un autre canton. Je me suis ému de son parcours, de son enfance. Humainement, le directeur de prison que j’étais ne pouvait que prendre en considération son parcours chaotique. Le contraire m’aurait déclaré indigne d’occuper une fonction directoriale. J’ai donné des ordres stricts au personnel pénitentiaire. J’ai tenté de le mettre au bénéfice d’une prise en charge en ateliers. Les agents pénitentiaires m’ont souvent reproché de m’occuper plus des conditions des détenus que du personnel. Cependant, Skender Vogt a été le premier et seul détenu qui a fait l’objet de mesures coercitives imposant que je prenne moi-même la responsabilité de lui administrer de l’oléorésine capsicum ( du poivre)lors d’une rixe violente avec des surveillants. J’ai déchargé mon personnel après avoir considéré les mobiles de Skender qui a agressé violemment un surveillant qui faisait son travail comme pour tous les autres détenus. Par cet acte de neutralisation, j’ai pris mes responsabilités en évitant qu’un surveillant utilise le spray et doive en répondre à l’autorité compétente. J’ai immédiatement appelé l’équipe médicale pour contrôler son état de santé. Je n’ai sprayé Skender ni par haine, ni par amertume, mais simplement pour éviter une bagarre aux conséquences graves. Le conseiller d’Etat de l’époque m’en avait fait le reproche. Encore un qui se protégeait. Et oui, les manœuvres politiciennes supplantent le sens politique. Encore un qui avait besoin d’être aimé. Skender m’a personnellement menacé. Je percevais qu’il puisse passer à exécution mais j’étais directeur de prison et avais compris dès le départ que je serai confronté à des situations difficiles. J’aurais préféré que ce jeune homme saisisse les nombreuses offres thérapeutiques, socio-éducatives qui lui aurait permis de se confronter à son passé et d’envisager des jours plus sereins. Il était jeune et cela était réaliste et réalisable. Skender s’est muré dans sa haine et la pire violence, une violence immédiate et gratuite. Il en avait fait la démonstration dans sa vie "libre". Il n’était aucunement capable de faire le pas. Il n’était pas en prison pour rien mais plutôt pour tout. Je suis reconnaissant envers la très grande majorité des équipes pénitentiaires, socio-éducatives et médicales d’avoir tout tenté. J’aurais voulu y croire. Mais la réalité était tout autre. Skender était violent sans retenue et il se plaisait à renforcer cette image négative qu’un mal aimé (le moins qu’on puisse dire )puisse démontrer. Il a réussi. Skender était un gars vif, sans retenue mais intelligent. Une intelligence qui aurait pu devenir l’intelligence du coeur. Il serait alors devenu le roi des types, un gars fiable, aimant et fréquentable. Je crois que la seule personne qui avait un contact serein était effectivement sa soeur. Elle savait lui transmettre des lueurs d’espoir mais était parfaitement consciente de la dangerosité de son frère. Je sais qu’il y a eu des parloirs chaleureux. I l l’idéalisait , ça le portait cahin caha. Skender savait les risques qu’il prenait en boutant le feu à sa cellule. Il en est mort. Cette mort ne me réjouit. Je ne m’en délecte pas mais c’est son propre choix. Je ne pourrais reprocher les éventuels mots déplacés de collaborateurs éreintés par un métier difficile qui se font insulté et agressé plus qu’à leur tour. C’est la réalité de la prison et je n’en ai jamais fait mon quotidien. J’interdisais la réplique. J’étais craint par le personnel. Oui il y a des surveillants indignes et inhumains. Je les ai mis à la porte. J’ai milité pour une prison juste et humaine. J’y suis arrivé. Je regrette la récupération des syndicats, d’une gauche malsaine (notez que ça aurait pu être la droite pour une autre cause) de diaboliser les circonstances dramatiques qui ont conduit Skender à son dernier refuge : LA MORT. En quelque sorte un sacrifice incontournable en regard de son parcours et aussi de la manière dont il concevait ou ne concevait probablement plus son avenir. Dans sa révolte et haine pour l’autorité. Skender m’a fait qques confidences sur son No-Futur. Il rêvait, voulait vivre avec sa soeur. C’est bien normal ! Qui pourrait le lui reprocher. Je ne comprends pas que dans sa grande mollesse le Gouvernement s’indigne avant même que l’on apprécie les circonstances dans les quelles Skender a vécu ses dernières minutes. En prison, il y a des règles et des procédures. Elles sont imaginées, transmises, connues et appliquées. C’est le règlement. Il n’y a rien à discuter après coup. Et si les quelques surveillants véreux qui cherchent à décimer la direction pénitentiaire en criant à manque d’assistance à personne en danger, il n’y a toujours rien à discuter. Que la politique se taise et que l’on considère ce fait grave comme un choix de mourir. Il n’y a pas d’excuses à présenter ni à Skender dont je regrette le décès, ni à la famille. Un peu de courage s’il vous plait. Mais si ces mêmes surveillants avait eu carte blanche et avaient été blessé en intervenant et toute spontanéité et inconscience. Il s auraient de toute façon crié au scandale. Ce sont des véreux. J’ai eu des surveillants blessés à la prison de la Croisée en pareille circonstance. Pas de mort, UN détenu grièvement blessé et des surveillants qui ont fait l’objet d’une prise en charge immédiate et médicalisée suivi d’un traitement. Je n’aurais pas accepté qu’un surveillant outrepasse ses droits allant jusqu’à risquer sa vie pour un détenu qui savait pertinemment les causes immédiates d’un feu de cellule. Depuis 2005, j’ai un dépôt vente à Aigle (TROC_COM. J’ai enfin choisi de me défaire des imbroglios politiques qui font la force de trop de Partis. Pour le coup, c’est moi qui hait tous ces personnages qui courent plus à la gloire personnelle qu’au sens du service publique. Et pour les syndicats, guère mieux ou plutôt pire. J’ai côtoyé de trop près ces sordides gauchistes qui desservent un idéal démocratique. Je garde finalement un bien meilleur souvenir de Skender qui a osé affronter ses supposés ennemis intérieurs et qui a eu le courage de mourir. Oui je garde un souvenir serein des ces quelques aveux qui m’ont fait réaliser que derrière ce monstre en puissance il y avait un coeur qui battait et qui pouvait dire sa souffrance. Charles Péquignot. Ainsi fait à mon domicile valaisan le 18 avril 2010 et envoyé par mail au rédacteur en Chef du Matin et aux autres organes de Presse.
  • Mort suspecte d’un détenu en Suisse
    le dimanche 21 mars 2010 à 21:20, mister dust a dit :
    à force de protéger les comptes bancaires des grands dictateurs et mafieux de la planète, on peux comprendre que la suise ait envie d’utiliser leurs méthodes sur ses propres citoyens
  • Mort suspecte d’un détenu en Suisse
    le dimanche 21 mars 2010 à 15:06, Wizard a dit :

    Réjouissons-nous,

    Depuis le 11 mars dernier et la loi tendant à amoindrir le risque de récidive criminelle, la même histoire peut se produire en France.Maintenant un criminel peut être retenu après le terme de sa peine s’il présente des risques potentiels de dangerosité.

    Pour l’instant cette loi se limite aux infractions les plus graves et aux criminels punis de 15 ans de réclusion mais gardons espoir, je suis sûr qu’elle sera étendue à d’autres infractions.

    Souvenez-vous du FNAEG. Au début, il s’agissait de ficher les criminels coupables d’infractions sexuelles. Depuis, sous l’action des Ministres de l’Intérieur et de la Justice successifs, un arracheur d’OGM ou un Tagueur peuvent être contraints de cracher sur un bâtonnet. De cette manière, la société sera mieux protégée des délinquants.

    J’en termine là avec les sarcasmes. Ce qui est arrivé à ce jeune homme est terrible. Passer 10 ans de prison pour des délits "mineurs" au lieu des 20 mois initialement prévus est une honte. La meilleure chose à faire est de se mobiliser pour que de telles pratiques ne s’installent pas en France.

  • Mort suspecte d’un détenu en Suisse
    le dimanche 21 mars 2010 à 12:37, Ubu 53 a dit :
    Et dire que Sarkobongo rêve de ce système carcéral ….
  • Mort suspecte d’un détenu en Suisse
    le dimanche 21 mars 2010 à 11:48, Rensk a dit :
    Hé bien, il faut aussi voir comment les journalistes couvre cela en Suisse… Ce n’est qu’ici que j’apprends que c’était lui qui était monté sur le toit… La TV, Le Matin, Le Blick… tous nous disaient « un forcené » ! Aujourd’hui juste un entrefilet et très discret concernant leurs propre implication à l’injustice…
    • Mort suspecte d’un détenu en Suisse
      le lundi 26 avril 2010 à 19:54

      @le dimanche 21 mars à 11:48, Rensk a dit :

      Vous vous trompez ou vous mentez : L’article ci-dessous a été publié par le quotidien vaudois Le Matin dès le 14 mars 2010 :

      http://www.lematin.ch/actu/suisse/soeur-skander-vogt-dangereux-249

      Tous le détail des conversations téléphoniques entre prison, police et ambulance ont également été publiés avec des infographies dès le 15 avril 2010 par le même quotidien :

      http://www.lematin.ch/actu/suisse/facon-crever-262913

      Pourquoi décrédibiliser bakchich.info en publiant un commentaire sans avoir fait la moindre recherche sur le web ?

0 | 5
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte