La balance de l’affaire Rebelle a déjà été désignée par le ministère de l’Intérieur. Reste à la châtier… et à trouver des preuves !
Cela n’aura pas traîné : moins de deux mois après la fuite dans la presse d’une notice des RG sur Bruno Rebelle, police et justice sont déjà au travail. Objet de la traque ? Confondre le ou les fonctionnaires des Renseignements Généraux qui auraient balancé aux médias les petites investigations malodorantes du service sur l’ancien patron de Greenpeace, nouveau conseiller « environnement » de Dame Royal.
Affaire d’État, puisque la fuite fait peser sur notre futur ex-ministre de l’Intérieur et des Contraventions, Nicolas Sarkozy le soupçon d’utiliser des méthodes de police politique. Il fallait donc punir sévèrement la balance. En interne d’abord puisque, selon les informations recueillies par Bakchich, le commissaire Eric Houée, le chef de la section « contestation et violences », le service qui a enquêté sur le collaborateur de Ségo a été brusquement démis de ses fonctions. Et tant pis s’il n’avait fait que suivre les ordres du cabinet du ministre ! Sur le plan judiciaire, l’affaire n’a pas traîné non plus.
« Dès le début, la Chancellerie a transmis au parquet de Paris des instructions très claires pour engager le plus rapidement possible des poursuites pour violations du secret professionnel », affirme un haut magistrat. Et pour aller plus vite, la place Beauvau a transmis à la justice une enquête administrative effectuée en quatrième vitesse par l’IGPN, inspection générale de la police nationale et accusant nommément un officier des RG, fondateur du syndicat SUD-Intérieur comme l’auteur de la fuite ».
Du travail pré-mâché pour la juge d’instruction saisie, Michèle Ghanassia ? Pas tout à fait. En ouvrant le dossier, cette magistrate, réputée plutôt indépendante a découvert avec un certain dépit les curieuses méthodes des bœufs-carottes de la police, visiblement peu soucieux d’équilibre et de contradictoire. Sur les six fonctionnaires affectés à la cellule « extrême-gauche » de la section « contestation et violences », la police des polices a en effet entendu les quatre flics ayant travaillé sur le dossier Rebelle. Mais ont curieusement négligé de demander au principal suspect, sa version des faits. Comme s’ils redoutaient de devoir faire machine arrière.
En effet, rien dans leur dossier ne prouve que le mouton noir désigné par les hiérarques du ministère de l’Intérieur soit à l’origine de la fuite. L’IGPN peut simplement prouver que le suspect a imprimé la notice Rebelle le lendemain de l’article paru dans le Canard Enchaîné du 25 janvier dernier et révélant que les RG enquêtaient sur la vie privé du conseiller de Ségo… Un étrange présumé coupable, auteur d’un délit commis après les faits !