Grâce au livre de Simone Gbagbo, la Première dame Ivoirienne, Bakchich a enfin compris les ressorts de la crise qui frappe le pays. Un vaste compot international bien sûr ! Merci Momone !
Le bouquin n’est pas franchement aguicheur. Une photo de Simone Gbagbo peu avenante. Un titre, Paroles d’honneur (Editions Pharos et Ramsay), peu vendeur. Des remerciements truffés de références à Dieu, à Laurent Gbagbo, aux Patriotes. Mais Bakchich s’y est collé, lisant avec scrupules chacune des pages du livre de Simone Ehivet Gbagbo, député ivoirienne et femme du chef de l’Etat… Coups d’Etat de 1999 et de 2002, affaire Kieffer, des déchets toxiques, bombardement de Bouaké. Tout est évidemment destiné à abattre « Laurent ». Petite explication de texte.
Premier cloué au piloris, Alassane Dramane Ouattara, qui, non content de diriger le Rassemblement des républicains (RDR-opposition), est un « Burkinabé » selon la première Dame.
« Il est à l’origine de beaucoup de conflits et des nombreux problèmes que la Côte d’Ivoire rencontre depuis des années. Il est le souci majeur du pays. Il est celui qui l’a précipité, il y a des années dans le tunnel de la crise. Nous lui devons ce qu’il y a de pire ».
Lui sont imputées les coups d’Etat de 1999 et 2002, le financement de la rebellion etc. Momone a la dent dure. Et la rancœur persistante. Premier ministre, Ouattarra l’avait fait jeter en prison, ainsi que son futur président de mari au début des années 90.
Mais il s’agit de ne pas se tromper. ADO n’est qu’ « une des araignées de l’ombre », à l’instar de Guillaume Soro, le chef de la rébellion devenu leader des forces nouvelles et de son parrain, le président burkinabé Balise Compaoré. Derrière eux se cache la France Chiraquienne.
Les preuves ne manquent pas, au premier rang desquels l’opération César, plus communément appelé dignité. En novembre 2004 l’armée ivoirienne décide de reconquérir le Nord occupé par les rebelles, en violation des accords de paix conclus sous l’égide de l’Onu un an plus tôt. « La communauté internationale et la France étaient au fait de cette opération et ne s’y étaient pas opposés. »
Faits indiscutables. La suite est plus sujette à caution.
Le 6 novembre 2004 « une base de la force Licorne à Bouaké aurait été touchée par un obus (…)Quelques instant plus tard une autre version balaya la première. Il y aurait eu un raid de l’aviation ivoirienne sur le camp militaire français. Bilan selon la France : neuf tués dont huit soldats français et un ressortissant américain ».
« Nous ne savons pas encore aujourd’hui si c’est un de nos avions qui a commis cet acte ou si l’obus a été envoyé du camp des rebelles (…) » L’examen des faits conduisent à la non imputabilité des pilotes du Sukhoï (avion de combat) ivoirien (…) Les pilotes biélorusses, dont la responsabilité n’a jamais été établie dans le « bombardement » de la base française, ont été exfiltrés précipitamment de Côte d’Ivoire, sans que nous ayons pu les interroger. Pourquoi ? Qui les a exfiltrés de la sorte et pourquoi ? ».
Intéressante relecture des faits, quand même un mercenaire au service de Laurent Gbagbo, Jean-Jacques Fuentes, confirme que ce sont bien les avions de l’armée qui ont bombardé le camp français (cf. Confidences d’une Barbouze volante in Bakchich # 22). Quant à l’exfiltration des Biélorusses, le cafouillage des autorités françaises à cet égard leur a valu nombre d’articles de presse. L’opération a aussi mis en lumière le rôle d’une barbouze tricolore, Robert Montoya. Ancien gendarme de l’Elysée qui prospère dans la sécurité privée et la vente d’armes, Montoya s’est chargé de sortir les mercenaires du bourbier ivoirien et de les rapatrier au Togo, où il est basé. Rien que de très normal, « Toto » lui-même les avait envoyés en Côte d’Ivoire, au service de Laurent Gbagbo…
Après ces évènements, survient la destruction de l’aviation ivoirienne.
« Je ne suis pas loin de penser que Jacques Chirac a fait arrêter brutalement et de façon inconsidérée, l’opération Dignité, parce qu’il ne pouvait pas supporter de voir Laurent et son armée régler tout seul, sans la France, la crise ivoirienne ».
S’ensuivent les manifestations patriotes et les sanglants épisodes qui voient l’armée française affronter la foule aux abords de l’hôtel Ivoire. « On se couchait lorsque les armes françaises « rafalaient » et une fois les rafales passées, on se relevait et on fonçait sur les chars et les soldats français en chantant des louanges à Jésus. C’était titanesque. La Nation ivoirienne est née de ces larmes et de ces appels à Dieu ». La Côte d’Ivoire naît ainsi grâce à Dieu, en 2004. Le professeur d’histoire Laurent Gbagbo trouvera peut-être à y redire. Et renseignera peut-être sa mie sur l’affaire des déchets toxiques, un odieux complot destinée à la salir…
« Le démon invisible a frappé dans toute sa laideur (…) Tommy a signé un contrat honteux avec Trafigura, une société européenne, pour recevoir environ cinq cents mètres cube de déchets hautement toxiques. Il les a pompés du bateau Probo Koala et les a déversés de façon sauvage et criminelle en divers endroits de la ville d’Abidjan. » Que Simone se rassure. Les déchets ont été disséminés le plus légalement du monde. Avec l’accord des douanes et du port autonome dirigé par Marcel Gossio, ponte du Front patriotique ivoirien, le parti présidentiel dont dame Gbagbo est député (cf Gbagbo y voit rien à la pollutionin Bakchich # 0).
« Les sites choisis, est-ce un hasard- réalisaient un encerclement de toute la population ». Tout en évitant les quartiers connus pour être des bastions du FPI.
« Qui châtiera Trafigura et tous ses complices nationaux et internationaux ? ». Personne, l’affréteur européen est passé à la caisse ivoirienne. Et contre 152 millions d’euros, l’Etat a décidé de suspendre ses poursuites [1].
« Aurait-on déversé des déchets toxiques en Côte d’Ivoire juste dans le but inavouable de provoquer une révolte populaire qui emporterait le régime de Laurent Gbagbo ? Et ce n’est pas de la paranoïa ». Si si un peu quand même. Au mieux de la mauvaise foi…Un bien vilain péché.
Reste à savoir ce que son bon mari a pensé de sa théorie. Lui qui vient de conclure, sous l’égide de Blaise Compaoré, un nouvel accord de paix avec Guilaume Soro, chef de la rebellion et probable futur Premier ministre dans les semaines qui viennent. Encore un complot !
[1] Lettre du continent du 8 et du 22 février