Les généraux birmans ont trouvé un allié de poids pour mater les lubbies démocratiques de leurs ouailles. Le cyclone Nargis. Même plus besoin de répression, et surtout pas d’aide humanitaire !
Une semaine après le passage du cyclone Nargis qui a ravagé le sud de la Birmanie, le scandale continue. Les velléités humanitaires de la communauté internationale pour porter secours aux deux millions de sinistrés du cyclone se heurtent toujours au refus de la junte birmane de laisser entrer les personnels étrangers indispensables à toute action humanitaire d’envergure. Dans le vain espoir d’obtenir des visas, les agences onusiennes et les ONG persistent à ménager la susceptibilité d’un régime autiste, qui, depuis 46 ans, n’a qu’une obsession : sa propre survie.
La clique de généraux qui se cooptent entre eux depuis bientôt un demi-siècle fonctionne par consensus : l’armée birmane est l’alpha et l’omega de la nation ; les étrangers ne sont tolérés que pour permettre la mise en exploitation des ressources naturelles comme le gaz, dont les revenus sont monopolisés par les chefs militaires. Depuis 1988, l’armée, après avoir écrasé dans le sang un soulèvement démocratique, a triplé ses effectifs, les portant à 500 000 hommes. Alors qu’elle n’est en guerre que contre son ennemi de l’intérieur : les différentes composantes de la population birmane. En septembre 2007, c’était le tour des moines d’être écrasés dans la violence. Telle une armée d’occupation, l’armée birmane a comme directive de vivre sur le dos de l’habitant, dont le niveau de vie ne cesse de décliner, malgré l’abondance des ressources. C’est donc à cette institution incapable et discréditée qu’incombe les secours aux sinistrés du cyclone Nargis …
L’opinion publique internationale, par medias interposés, assiste à un cas majeur de non-assistance à des millions de sinistrés en danger de mort. La course contre la montre pour éviter que ne périssent d’épidémies des centaines de milliers de survivants est en passe d’être perdue. La seule parade, discrètement évoquée, serait une incursion humanitaire héliportée massive, que seuls les Etats-Unis, avec les moyens (déjà sur zone) de leur VIIème flotte, pourraient mettre en œuvre. De son côté, la France s’obstine à présenter des résolutions au Conseil de Sécurité de l’ONU, réclamant l’application du droit d’ingérence humanitaire, comme si elle ignorait que la Chine et la Russie ne veulent pas en entendre parler.
Si cette junte, d’une exceptionnelle incompétence, est toujours en place, c’est qu’elle a pu compter à différentes périodes sur l’appui d’« amis ». Comme on a pu le voir avec délectation samedi dernier dans le 13h15 de France 2 qui a montré du doigt le régime chinois et Bernard Kouchner, ex-consultant de Total. On pourrait aussi ajouter Singapour dont les banques regorgent de l’argent des généraux birmans.
Outre les voisins asiatiques de la Birmanie, qui ont approuvé son grotesque projet de referendum constitutionnel du 10 mai, le pétrolier Total constitue depuis 2000, et la mise en service de son gazoduc Yadana, la principale perfusion financière du régime. Lorsqu’il était en fonction à Rangoon, un ancien ambassadeur de France en Birmanie résumait même en trois mots sa mission : « Total, Total, Total ».
En effet, ce jour comme tous les autres jours de l’année plus, plus de 20 000 enfants vont être sacrifier sur l’autel de la démentielle avidité de leurs frères (chiffre ONU), plus de 2 milliards d’individus vont errer en guenille et le ventre vide dans les rêves puérils et mégalomaniaques de leurs semblables (chiffre ONU), plus de 200 millions d’exclus du pillage planétaire vont être pousser un peu plus vers les marges (chiffre BIT), plus de 2700 désespérés vont se suicider (chiffre OMS), plus de 1 milliard de fous furieux en treillis vont affuter leurs couteaux dans leurs rêves de boucheries, plus de 353 000 nouveaux nés vont être condamner à se battre comme des forcenés pour acquérir demain leur droit d’entrer dans l’arène…
Bref ! Comme en atteste les répétitions extraordinairement sanglantes et toujours plus dévastatrices de l’humain (voir vos livres d’histoire et vos quotidiens préférés) et cet article d’une superficialité assassine, le genre humain est plus près de la tumeur maligne que de l’animal évolué, mais aussi plus près du nœud que du bourgeon dans l’arbre de l’évolution.