Lundi 11 mai, un mouvement de grève est organisé pour soutenir les lauréats du concours des infirmiers anesthésistes de la session 2009 et protester contre la décision de l’AP-HP de pas financer toutes leurs formations.
Le 28 Avril 2009, une manifestation historique rassemblait 8 000 à 20 000 personnes dans les rues de Paris pour demander l’abrogation de la loi Bachelot. Cette dernière a pour but de transformer l’hôpital en entreprise, et la santé en produit rentable.
La santé rythmée au son de l’économie est déjà bien une réalité à l’hôpital, de bien des manières. Le gouvernement demande notamment à l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris de réaliser des économies, par la suppression de postes d’administratifs et de soignants sous couvert d’une réorganisation de site.
Depuis des années, l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris garantissait la prise en charge de la formation professionnelle à tous les fonctionnaires réussissant un concours. Le 2 Avril 2009, la liste des 85 candidats reçus à l’école d’infirmier anesthésiste a paru. Cependant, dès le lendemain, une rumeur a circulé : l’Assistance Publique ne financerait pas les études des 85 candidats et notamment les 68 fonctionnaires de l’Assistance Publique, comme cela c’est toujours fait.
Pour le moment, l’institution envisage de financer 28 des 69 infirmiers de l’Assistance Publique reçus. Les quarante et un autres seraient en report d’année pour la rentrée 2010. Ce qui annulerait l’organisation d’un concours cette même année. Cette décision a été prise par la direction générale de l’AP en raison des restrictions budgétaires de l’aveu même du directeur adjoint. Les économies seront donc réalisées sur la formation continue en général. Quelle certitude les candidats reçus cette année en 2009 peuvent-ils avoir sur leur future entrée à l’École en 2010 puisque les règles changent au dernier moment sans dialogue social au préalable ?
Le changement d’orientation en matière de formation va avoir des conséquences pour les recrutements à venir car la venue à l’institution est pour bon nombre de professionnels liée à la certitude jusqu’à maintenant, que la prise en charge au titre de la formation professionnelle était systématique en cas de réussite au concours.
Des questions se posent :
Où sont les promesses faites par le gouvernement de favoriser les formations ?
Comment concilier le désir de l’Assistance Publique d’augmenter l’activité chirurgicale et diminuer le nombre d’élèves infirmiers anesthésistes entrant à l’école de la Pitié Salpétrière ?
Cette décision entraîne :
Des difficultés dans les services d’anesthésie où des postes d’infirmiers anesthésistes sont déjà vacants et de ce fait sans recrutement prévisible.
Entre 2015 et 2020, une grande pénurie d’infirmiers anesthésistes associée à une pénurie tout aussi importante de médecins anesthésistes réanimateurs.
Les accidents, très médiatisés, survenus ces derniers mois, soulignent la dangerosité que représenteraient des équipes d’infirmiers anesthésistes en sous-effectif. Cette spécialité, qualifiée à haut risque, engage au quotidien la responsabilité des professionnels de santé.
Les récentes prouesses techniques et médicales d’équipes chirurgicales de l’AP n’auraient jamais été réalisables sans les infirmiers anesthésistes, les infirmiers de bloc, les infirmiers et les aides-soignants.
Une telle attitude rend bien compte du peu d’intérêt que porte la Direction Générale de l’AP-HP envers les efforts consentis par les agents de notre institution pour répondre aux besoins d’excellence faussement revendiqué par notre direction.
En créant la pénurie d’infirmiers anesthésistes, la direction anticipe-t-elle le souhait du ministère de déqualifier la pratique de l’anesthésie.
Il est aujourd’hui difficile de se faire entendre et pourtant il s’avère que le problème ne se limite pas à l’avenir professionnel de quarante et un infirmiers de l’AP-HP.
C’est pourquoi un mouvement de grève du personnel est organisé le 11 mai 2009 ainsi qu’une manifestation ce même jour à 9h30 au siège avenue Victoria.
Nous sommes actuellement 41 infirmiers non financés, tous mobilisés.
Un collectif d’infirmiers de l’Assistance Publique
À lire ou à relire sur Bakchich.info :