L’intello de la BD, Marc-Antoine Mathieu, imagine "Dieu en personne" en prisonnier de droit commun convoqué au tribunal des hommes.
Pensez donc. Dieu qui tombe comme un pot de fleur dans vos assiettes. Juste là, en face de vous. À vous regarder empiffrer votre purée. La métaphysique dans la Mousseline. C’est ce qu’un dessinateur français, Marc-Antoine Mathieu, a imaginé dans une BD, Dieu en personne, aux éditions Delcourt. Les cieux tombés sur la tête des hommes. Un sacré merdier. Que faire dès lors ? S’agenouiller face au divin, ou le pendre à un croc boucher ?
Le récit n’est rien d’autre que le jugement premier : Dieu à la barre du tribunal des hommes. Un grand procès du parrain du paradis face à ses maudits rejetons, hommes et femmes réunis. Pour ce faire, l’auteur place des micros dans la caboche de psy, sociologues, ouvriers, artistes et scientifiques pour comprendre de l’intérieur le traumatisme d’un au-delà évanoui. Son affaire s’organise comme un conte philosophique sur la terre fertile du monde mental, engrais ou de force. « Une fresque de la pensée humaine », clame l’intello de la bande dessinée. Sauf que notre ami n’est pas à la BD ce que Nietzsche est à la philosophie. Tuer Dieu n’est pas chose aisée. D’autant que le trait de crayon, propre comme un sou neuf, n’aide pas à porter l’estocade à l’animal divin. L’arène est trop froide. L’homme trop contrit. La pensée trop fade. Tout cela manque d’enthousiasme, d’huile et de percutant pour faire tourner la rotative de l’imaginaire. « Nier Dieu, c’est se priver de l’unique intérêt que présente la mort », disait Guitry. Pour le reste, vous pouvez vous en passer.
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