Jean-Yves Ollivier, émissaire multicarte de la Chirafrique s’est trouvé un nouveau job : planquer le magot pétrolier de Sassou.
Les places sont chères au Congo-Brazzaville de Denis Sassou Nguesso. Et le si démocratique président congolais, apôtre de la paix et de l’Afrique en mouvement. Prenons le fief d’Oyo, qui a vu s’en aller sa barbouze attitrée, Luc Marques de Oliveira. Après quelques années de bons et nombreux services cet ancien de la DGSE (service action), de la bande à Dénard (époque comorienne) et d’autres tumultueuses aventures, (opération malgache en 2002) a tiré sa révérence et quitté Oyo, lieu de résidence du président et de sa garde. Sitôt parti, sitôt remplacé, succession verrouillée en passant par une officine des alpages suisses.
Aussi guette-t-on les prochaines places à prendre. A ceux qui ont cherché querelle à Jean-Yves Ollivier, discret intermédiaire multicarte, le cercle rapproché du président Denis a répondu un lapidaire : « lui, il est intouchable ». Traduction : il touche au pétrole ! Et oui le précieux or noir, richesse des dirigeants, fléau de peuples et lubbie de l’ami Ollivier.
Et puis on ne touche pas comme ça à Jean-Yves. Un proche de Chirac, grand ami de Sassou Nguesso, qui plus est membre du conseil d’administration des haras nationaux, nommé par l’Aménagement du territoire, ça se respecte !
À force de voyage, l’expert en génie rural s’est constitué un petit carnet d’adresses. Dans les années 80, JYO a même été considéré comme l’émissaire (quasi) officiel de la Chiraquie dans l’Afrique du Sud de l’apartheid, en autre. Dans leur excellent Ces Messieurs Afrique (Calmann-Lévy), Antoine Glaser et Stephen Smith, exégètes s’il en est du village franco-africain, en ont fait le missi dominici par excellence. À envoyer en cas de guerre civile (Mozambique, Angola puis aux deux Congo dans les années 90), pour régler des questions pétrolières (Congo Brazzaville, Gabon) voire gérer des barbouzeries (Dénard aux Comores). Bref l’incontournable de l’Afrique australe !
Les temps n’ont guère changé, même si Jean-Yves a un peu moins de publicité. Plus en odeur de sainteté en Afrique du Sud, difficilement joignable à Kinshasa pour cause de louvoiement incessant entre le vice-Président en exil Jean-Pierre Bemba et le président Kabila, Ollivier se veut donc très en cours à Brazzaville.
Bien introduit grâce à un subtil retournement de veste sitôt que son protecteur, le président Lissouba, tombât, l’agricole Jean-Yves s’est vu confié une mission à haut risque et de toute confiance par Brazzaville : semer les fonds vautours. En gros, empêcher que l’argent et le pétrolé détourné par le régime de Sassou ne tombe dans les poches des fonds d’investissement qui ont racheté la dette du Congo. Et c’est du boulot ! Le complexe système de siphonnage de la manne pétrolière (cf. Afrique pillages à huis clos, de Xavier Harel, Fayard) a été entièrement mis à jour par les tribunaux de Londres. Tout est à reconstruire et c’est Jean Yves qui va s’y coller, via la société de trading Vitol. Un boulot de titan. Heureusement, cet ingénieur a du génie !