L’OM a battu Paris 3-0 le 28 février. Une vérité aussi inébranlable qu’un avis de Pierre Menès, chroniqueur foot vedette de Canal Plus. Auto-portrait du Guy Carlier des stades, réalisé par nos amis des Cahiers du football.
Platini ou Maradona ? Israël ou la Palestine ? Dieu ou la science ? Coca zéro ou Coca light ? Arrêtez les négociations, J’ai la réponse. Et j’ai raison, puisque j’ai toujours raison.
L’avantage quand on a raison, c’est qu’on a raison partout. J’ai raison sur le Net, à la télé, dans le journal, et même à la radio : j’ai raison jusque sur RTL. Grande maison de la clairvoyance, puisque Jean-Michel Aphatie et Jean-Marc Sylvestre y éduquent les foules. J’étais en négociations avec France Inter à un moment, mais Philippe Val a eu peur que j’aie plus souvent raison que lui.
J’ai commencé ma quête de vérité comme GO au Club Med. Pas très gratifiant, de donner des cours d’aquagym à des Nadine Morano pendant qu’elles se font draguer par des Frédéric Lefebvre aussi drôles qu’un Gilles Veissière ayant attrapé une chaude-pisse. Un jour, un collègue du Club m’a pris pour Thierry Lhermitte dans Les Bronzés. Il m’a dit : "Dis donc Pierrot, toi aussi tu t’es tapé 3.827 kilos de gonzesses ? Mais fallait les sauter, pas les manger !" Je me suis barré : il avait raison. Puis j’ai fait pigiste à France Foot. J’ai pigé tellement vite qu’ils m’ont titularisé presto à L’Équipe, où c’est devenu un peu trop facile. Quand tu bosses là, c’est comme si t’étais le seul à parler. Où est le mérite d’avoir raison ?
Les jugements, je les émets par rafale. Je suis l’AK 47 de la prise de position. La controverse de Valladolid, je te l’aurais résolue entre la poire et le fromage ou à la mi-temps d’un Lorient-Nancy. Les Indiens ont-ils une âme ? Fastoche. C’est quoi leurs stats ? Il a des origines indiennes, Malouda ?
À se demander pourquoi Sarkozy ne m’a pas encore demandé de prendre le ministère de la Justice. Avec moi, le problème ne sera plus de savoir s’il faut maintenir ou non le juge d’instruction, mais plutôt de décider de la couleur des tickets que devront prendre les justiciables en salle d’attente. Vous me connaissez, je ne fais pas dans la dentelle – je préfère les polos Eden Park. Et je taille à la machette plutôt qu’au fil à couper le beurre, que je préfère mettre dans les épinards. Ma justice, c’est plus cour martiale que tribunal de quartier : avec moi pas d’appel, comme dans un match avec David Trezeguet. Je suis un tribunal arbitral du sport ambulant. Le TAS, c’est moi. Et comme je deviens trop conciliant en face des accusés, je préfère juger par contumace.
Garde des sots, c’est boulot que je fais très bien au Canal Football Club, où le public applaudit mes verdicts. Je me vois parfois en président d’un tribunal révolutionnaire détenant en Isabelle Moreau son Ingrid Bétancourt. Le tout parrainé par le Sous-commandant Mathoux. Je lui dis souvent, à Isabelle : échappe-toi, prends les armes ! Soulève-toi ! Au moins on verra tes jambes : dans ta situation, mieux vaut être belle et rebelle que moche et remoche.
Si le bon sens est paysan, je pratique la monoculture intensive et comme je ne crache sur aucun job agro-alimentaire, mon melon est partout. Tant pis s’il n’a pas de goût, c’est l’étiquette qui compte pour le consommateur. Souvent imité, jamais égalé, et c’est pas Riolo qui dira le contraire. Chez Yahoo !, on l’a surnommé Fiérot le pou depuis qu’il essaie de me faire de la concurrence sur le marché des blogueurs péremptoires. Peine perdue : j’avais dix ans d’avance, et maintenant j’occupe toute la place. Il ne faudrait pas qu’on soit trop nombreux à avoir raison.
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