À ceux qui tentent de saisir quelque lumière dans l’obscurité régnante des conflits du Moyen-Orient, « Bakchich » a trouvé une solution. « Le renouveau chiite », écrit par Vali Nasr, publié en juin aux éditions Demopolis, est un véritable flambeau, éclairant et lumineux.
Un essai, l’air de rien, telle est la solution. Vali Nasr natif de Téhéran est spécialiste de l’Iran et de la question chiite. Docteur en sciences politiques, il écrit aussi pour le New York Times ou le Time. Surtout ne pas se fier à la couverture et au titre qui annoncent peut être un ouvrage rébarbatif, la somnolence et l’indigestion, à l’affût, au détour de la dixième page. Il n’en est rien. À la grande surprise, le livre se révèle être un véritable roman. On ne prétend pas ici le résumer à travers une critique qui serait prétentieuse et, pour le coup, certainement assommante, on dira juste, lisez-le !
Le premier pas de l’histoire, consiste à retracer les origines du chiisme, comment sunnisme et chiisme sont tout deux nés de l’Islam, et comment au fil des siècles, leurs divergences se sont cristallisées. Crimes, grandes batailles, invasions, colonisations, le lecteur pénètre au plus profond de l’histoire du monde musulman. Trimballé entre Kerbala, Ispahan, Lahore, ou encore Kabul, on lit la genèse et l’évolution du chiisme, à perdre haleine. On saisit comment une religion, telle un fleuve, se nourrit d’autres courants (par exemple le soufisme), modifie son trajet, diminue ou augmente son flux, au gré des intempéries de l’Histoire. Pour former aujourd’hui une communauté importante, plus de 150 millions de fidèles, et surtout déterminante pour l’avenir du Moyen-Orient. Vali Nasr reprend les moments marquants du chiisme, la naissance de l’Irak, l’ère de l’Ayatollah Khomenei, la consolidation de l’Iran, les luttes intestines entre religieux politiques, les rivalités entre les pays. Rien ne manque.
C’est avec une plume simple et élancée, une rigueur qui se veut proche de l’objectivité que l’auteur dessine progressivement le paysage du Moyen-Orient actuel. Ses relations avec les autres communautés, celle des États-Unis ou d’Israël, mais aussi celle des fanatiques religieux. On voit enfin un peu plus clair dans ce paysage, à travers les conflits identitaires et confessionnels, et les rivalités politico-économiques.
Sans appel, Vali Nasr affirme le caractère inévitable des violences qui secouent ce monde. Et s’il faut retenir un acquis important de cet essai, conclusion maintes fois répétée, c’est bien que « aussi longtemps que planera sur lui [le Moyen-Orient] l’ombre du conflit confessionnel, le futur de la région ne sera pas plus éclatant que son passé. » [1]
Certainement, l’ouvrage de Nasr divisera, mais toute tentative de compréhension du monde de l’Islam actuel ne pourra faire l’économie de sa lecture.
[1] p.269
De même qu’il y a des christianismes et des judaïsmes, il a effectivement des islams, et pas que deux. Et si les religions sont effectivement des opiums du peuple, ce sont aussi des opiums d’un autre genre pour les chefs de ces nombreuses religions qui ne sont qu’exceptionnellement des vrais saints.
Les religion, sauf admirables exceptions toujours, enchaînent, y compris aux "chefs" ; et effectivement elles amènenet souvent à s’entretuer au nom de Dieu. Seule la spiritualité théiste modeste et indépendante libère ; à condition encore de ne pas prêter à la Source de tout ce qu’on a envie qu’Elle pense.
Loin des prières quémandeuses et de l’infantilisant sentiment d’être pécheur , la recherche quotidienne de la sagesse équanime et la disponibilité altruiste aux occasions d’aimer et de faire du bien autour de soi, voilà peut-être le chemin.