Ancien du « Monde » époque Beuve-Mery et Jacques Fauvet, Gilbert Comte traite ici librement chaque semaine des plus illustres de ses contemporains, selon l’ exigeante discipline du massacre à la tronçonneuse.
Un jour, le Christ marcha sur les eaux sans y disparaître. Le Pen vient de fouler pareillement la dalle d’Argenteuil en état de miracle. En ce lieu chargé de symboles, interdit à son concurrent Sarkozy, pas une tomate musulmane sur son beau costume. Il pérore, tonitrue, déblatère à sa guise. Quelques passants sortis tout droit de l’immigration l’écoutent, lui serrent la main cordialement. Le voilà converti en aimable interlocuteur du matin. L’événement s’accomplit un Vendredi saint. Jour spécial pour ce Breton catholique. Puis, quelques heures plus tard, les radios annoncent le renvoi en correctionnelle de Jacques Attali, autrefois l’un des fondateurs de SOS-racisme, spécialement attaché à le perdre. La journée lui procure décidément un avant-goût de pain béni.
Quiconque refuse d’interpréter cette succession de béatitudes comme autre chose qu’un acte direct de la Grâce divine se condamne à en rechercher les causes ailleurs. Mais où donc, sinon dans l’analyse rationnelle ? Rude travail pour la presse en kiosques, devenue bien paresseuse comme tous ses copains dans l’audiovisuel.
À elle seule, l’hypothèse d’un coup d’audace improvisé par le prudentissime chef du Front National ne tient pas la route une seule seconde. Depuis ses lointains débuts, il n’avance qu’au calcul, à la manœuvre. Ses ennemis ne le comprirent qu’assez tard. Ils le paient aujourd’hui chèrement. Qui donc imagine vraiment l’Ogre de Saint-Cloud vert comme une pomme ce 6 avril à l’aube, avec entre les lèvres une plaisante proposition pour sa petite famille : « - ça vous dirait une ballade toute à l’heure dans une banlieue à risques vers Argenteuil ? »
Une tentation pareille n’existe pas dans la nature. Elle ne surgit qu’après un songe filtré par la critique intérieure, avec évaluation minutieuse des risques et des chances. Le moindre incident transformerait trop d’assurance en déroute. Le Pen connaît plutôt bien les petits commerçants, paysans, artisans, moyens et gros possédants. L’Islam des banlieues échappe à ses repères. Même si ses intuitions, souvent efficaces, lui ouvrent là comme ailleurs quelques lumières. Quant à y marcher tout seul ?
Dans un texte en d’autres temps célèbre, mais sans doute plus beaucoup lu depuis l’effondrement soviétique, Lénine enseignait : « la conscience politique de classe ne peut-être apportée à l’ouvrier que de l’extérieur ». En d’autres termes par des intellectuels bourgeois nés hors du prolétariat. Dans sa prescience, l’inoubliable barbichu ajoutait : « sans une dizaine de chefs de talents (les talents ne surgissent pas par centaines) éprouvés, professionnellement préparés et instruits par une longue pratique, parfaitement d’accord entre eux, aucune classe dans la société moderne ne peut mener résolument la lutte. » Le Front National présente aujourd’hui avec le peuple russe d’avant 1917 ce trait commun de ne posséder à travers les siens qu’une conscience obscure, vague, embryonnaire de lui-même. Son état-major de notables cossus, repus, valétudinaires mais satisfaits ne saurait lui fournir l’inspiration nécessaire aux coups hardis.
Le dynamique vieillard de Saint-Cloud lui-même prit d’ailleurs toujours grand soin d’en éloigner les têtes trop intelligentes. Comme tout vrai Sultan, il aime régner seul parmi les chaouchs. Lui-même ne se conçoit certes plus depuis longtemps comme un explosif social au cœur d’un système à abattre. La drague prodigieuse des fonds électoraux périodiques suffit à son bonheur. Elle lui tient lieu tout à la fois de stocks-options, caisse d’épargne et assurance-vie. Dans ce Mystère arrosé d’eau bénite, l’utilisation politique de l’Islam ne vient à l’esprit de personne. Le Pen, ça ne s’écrit pas comme Lyautey. Mais avec Marine, un esprit neuf flotte parfois dans la maison. En Alain Soral, elle y amène aussi un garçon cultivé de son âge.
Qualifiés d’ « essayiste » par la presse en kiosques dans ses moments de bienveillance, le personnage ne manque pas de ressources, ni de relief. Par ses origines, sa formation, il échappe à l’extrême-droite, à ses résidus sociaux, autant qu’un Lénine autrefois à la classe ouvrière. Comme militant, il débuta chez les communistes. Mais à l’inverse des anciens camarades plutôt amateurs de saucisses et de bière à la Fête de l’Humanité, il étudia sérieusement le marxisme. Une discipline intellectuelle encore utile quelques fois. Rien de commun avec Mme Marie-George Buffet, bientôt notre grand-mère à tous.
La société de connivences telle qu’elle fonctionne désormais chaque jour du CAC 40 à Catherine Nay, de Lagardère à Franz-Olivier Giesbert, de Chirac à Péan ou de Poivre d’Arvor à Trichet pour ne rien dire des miraculés de l’Express, des bazars du Point, ne laisse plus aucune chance à un marginal de cette qualité, aucun endroit où creuser son trou. Auprès de son ego colossal, celui d’un José Bové tient plutôt de la tourterelle. Étonnez-vous qu’il ait parcouru les banlieues à la recherche de la gloire pendant la campagne électorale pour les dernières européennes avec la liste Euro-Palestine ?
Là, en compagnie de Dieudonné, il tissa des réseaux toujours actifs. Utilisables, indispensables pour l’expédition d’Argenteuil. Mais ensuite, comment faire marcher ensemble sur le long terme, sémillantes beurettes et douairière duveteuses comme il s’en rencontre à Saint-Nicolas du Chardonnet ; afro-maghrébins élastiques sous leurs capuches et adolescents raides, bien rasés, genre nationaux catholiques ? L’extrême-droite ne ressemble plus qu’à un énorme tas de bois mort. Trop humide pour qu’il en sorte une flammèche. Trop sec pour qu’il en surgisse un bourgeon.
Le 21 avril, l’Ogre de Saint-Cloud souffla si puissamment dessus qu’il s’en élève un immense panache de cendres. « Un séisme », hurlèrent quelques millions d’idiots. Mais pour une floraison plus durable sur la dalle ? À vue de nez, que dalle !
Bonjour,(BON MAINTENANT QUE LE PEN OUUUHH EST PAS PASSE, JE SUIS PLUS CENSURE ????)
Le rôle de la presse et d’être objective et comme l’objectivité est un mythe, il y a forcément contradiction. Je suis de gauche, j’apprécie le matérialisme dialectique. En analysant aujourd’hui le comportements des différentes classes sociales, on remarque que les patrons de PME, les employés et les sous-prolétaires votent massivement Le Pen. Pourquoi ? Simplement parce que la gauche n’est plus représenté dans le paysage politique. Ne reste que deux partis qui ont été aux affaires et qui cherche à être toujours plus à droite que son voisin (plus un abruti centriste entouré de couilles BIP qui va nous mener vers l’immobilisme ultime, sorte de cohabitation par excellence). La dichotomie habituelle se casse la gueule, et le mépris du journaliste pour le "beauf" (inventé par la gauche bobo-canal-deschiens) n’aide pas, il est tellement habitué à regarder de haut le prolétaire que lorsque ce dernier lui signifie clairement que si une vraie gauche ne réapparaît pas et qu’on le laisse lui et sa famille s’en sortir face à l’ultra-libéralisme, il votera Le Pen. C’est bien beau d’exploiter la base et de le renvoyer anachroniquement dans le camp du nazisme quand le pauvre bougre en a simplement ras-le-cul.
Personne sauf ceux qui mangent à leur faim et n’ont rien à reprocher à un Dieu hypothétique ne veut d’une social-démocratie de pacotille, d’une social-chrétienté des mes deux. Comme disait Cavanna, l’agnosticisme est un manière de penser et l’athéisme un manière de suivre sa penser par les actes, ce que je vais faire en votant FN. Echec programmé ? Triomphe ? L’échec n’est pas programmé, il est souhaité par l’UMPS (bonnet blanc, blanc bonnet), entendez le bien le 22 avril a abrégé les souffrances la gauche agonisante. Ai-je parlé de triomphe ? Ai-je eu la bêtise de dire que Le Pen serait président à coup sûr ? Non pas du tout, j’annonce simplement la mort du clivage gauche/droite et si Le Pen n’est pas président après-demain, il le serait dans 5/10/15 ans, question de linéarité de son discours et de la médiocrité de ses opposants, qui n’ont que l’opprobe pour éviter tout débat démocratique.
Je n’attaque pas l’auteur en lui demandant pour qui il va voter, depuis quand demander à quelqu’un pour qui il va voter est une insulte. Je connais des personnes de tout bord politique et je ne projette en aucun cas de remettre les chambres à gaz en marche car selon les théories racistes, je serais en tant qu’hybride asiatico-arabe accessoirement français (vision communautaro-racialiste de la société majoritaire) le premier à y passer.
Oui, je n’arrive pas à trouver de faille dans l’analyse d’Alain Soral qui la poussé à rejoindre le FN. Cependant, quelques points séparent encore son engagement du mien. Lui a 48 ans, j’en ai 23. Lui prétend qu’un engagement doit subir l’épreuve du feu ( approx. 20 ans), je pense qu’on a le droit de modifier son jugement quand on est convaincu. Lui "croit/ou fait semblant de croire" à l’angélisme du noyau dur du FN, à cette vieille droite maurassienne qui n’a pas oublié que le racisme, ça se transmet. Ce qui n’est pas mon cas, à l’instar d’un Rivron avec qui j’ai eu aussi le plaisir d’échanger quelques mails.
Maintenant, il faut tout de même analyser la situation actuelle et donner l’électro-choc nécessaire, non pas au peuple français, à la base, à la "France d’en Bas" qu’on ne peut qualifier ainsi qu’en la regardant de haut mais bien aux techno-gestionnairex dont JMM fut un presentant exemplaires, à ces enfoirés excusez-moi du peu qui partent avec des millions € de Golden Parachute alors que des millions de personnes triment comme des ânes pour 800/900 € par mois.
Je ne suis pas dans la critique totale de bakchich, il y a du bon et du mauvais, question de subjectivité. Même eux peuvent se tromper, par exemple j’ai été assez choqué la première fois que j’ai dirigé ma planche en direction de cette vague. J’ai pu lire quelque chose comme "site de la France métissée" or cette désignation semble être passer à la trappe pour éviter d’être taxer de communautarisme, je suppose bien évidemment. Metissée ? Mais selon qu’elle définition ? Celle qui permet encore aujourd’hui à une cliente de banque de demander à parler à mon meilleur ami (au quichet) en demandant à la supérieure de celui-ci : "Si, si vous savez le mulâtre" (non, non, vous ne rêvez pas ! Nous sommes en 2007 et dans deux jours, on va en reprendre pour 5, voir 10 piges). Métis veut dire mélange et jusqu’à preuve du contraire nous sommes tous issus d’un brassage génétique entre Môman et Pôpa.
Le débat ne porte pas uniquement sur le fait que le journaliste ait raison ou non, car au-delà de l’évidence d’un front anti-FN si le 21 avril se produisait (pas la peine de faire chauffer la carte de presse pour ça, c’est comme prévoir des voitures brûlées si Joe Dalton est élu. (Les Madame Thessier de toutes les rédacs de France méritent des gifles.) Non, le vrai problème est le parti pris anti-FN de cette article, parti pris que je comprends aisément, je suis jeune, j’ai vécu 14 années dans le 93 (9 cube) comme disent "les wech-wech-bien-t’as-vu-bien ?", j’ai toujours combattu le communautarisme "asiatique", "rebeu" et autre "négritude" (ou mieux les petits "çais-fran" - entendez blanc - qui jure sur le Coran de Mecque, en terme de connerie, c’est le summum) tout en ayant été élevé dans la crainte de JMLP, le Mal incarné après 10 années d’intérêt grandissant pour la politique, j’ai compris que le front anti-FN n’avait d’intérêt que pour l’UMPS et que des désavantages pour les "minorité dîtes visibles" (oui le "blanc" est transparent) et que le vote FN (comme j’ai pu le lire ici) ferait plus de mal à l’élité bedonnante qu’à la pauvresse qui me tendait la main chaque jour devant le Leader Price.
A bon entendeur.
PS :
Oui effectivement, c’était bien exagéré… Mais allons-y parlez moi un peu de vous ! Depuis quand les journaleux/listes ne peuvent plus être critiqué ? Depuis quand les religions ne peuvent plus être critiqué ? Depuis que le pays est dirigé par des rentiers li-li-bo-bos…
BRAVO à tous…
L’extrême-droite ne ressemble plus qu’à un énorme tas de bois mort. Trop humide pour qu’il en sorte une flammèche. Trop sec pour qu’il en surgisse un bourgeon.
Mais réveillez-vous ? Ce parti "d’extrême-droite" est le premier parti ouvrier de France, la donne a changé. Vous qui êtes si prompt à la critique tout azimut, pour qui allez-vous voter ?
le role de la presse n’est il pas de s’exprimer ? l’avenir dira au journaliste s’il a tord ou raison. les arguments deployés me semblent sujet au debat, l’auteur y voit un echec programmé, d’aucun est libre d’y voir un triomphe.
enfin, bref, je ne comprends pas trop l’interet de la pseudo-attaque personnelle "pour qui aller vous voter ?" ; sous entendu "qui etes vous pour oser dire de pareil blasphemes, un rouge, un traitre ?" … j’exagere volontairement la chose pour en denoncer n’ininteret que je lui trouve.