Quand il s’agit de disserter sur l’ambition, l’égalité des chances et le "devoir d’inventivité", le député du Doubs aligne d’affligeantes banalités.
Brillant spécialiste de l’Europe, heureux titulaire d’un DEA de philosophie doublé d’un DEA de sciences économiques, énarque (promotion Louise Michel), fils spirituel de Dominique Strauss-Khan parti diriger le FMI et même joueur d’échecs. Pierre Moscovici, député du Doubs et membre de la direction du parti socialiste (PS), a beaucoup pour réussir. Et beaucoup d’ambition.
Mais quand il prend la plume pour pondre une note à Martine Aubry, la première secrétaire du PS, sur la « Convention nationale sur le nouveau modèle de développement », c’est la cata. L’enjeu est pourtant de taille : imaginer le projet économique, social et environnemental du parti avant de le présenter aux militants en janvier 2010. Pas moins.
L’échéance est également importante pour « Mosco-sexy » comme l’appellent affectueusement ses groupies du Doubs, sa terre d’élection. Isolé, l’homme se remet mal du lâchage en rase campagne d’une partie de ses amis strauss-khaniens au Congrès de Reims en 2008. Et le réseau social-démocrate qu’il a lancé, « Besoin de gauche », peine à recruter des fidèles. Du coup, Mosco harcèle Martine Aubry pour qu’elle le cite lui et sa convention dans ses discours…
Hélas, quand il s’agit de disserter autour des trois thèmes de débat qu’il a retenu— l’ambition, l’égalité des chances et « le devoir d’inventivité » — il aligne à Titine d’affligeantes banalités : « La France subit depuis plusieurs mois une crise économique et industrielle majeure ». On est ravi de l’apprendre ! Ou encore « La France est devenue dure pour les plus faibles et au-delà (sic) pour l’ensemble des classes moyennes ». Quand il ne retrouve pas au quart de tour ses réflexes d’énarque : « Le modèle social-démocrate de société doit fixer ses positions sur l’intérêt du libre-échange pour le progrès social, sur la place respective de l’industrie, des services et de l’agriculture dans la création de valeur ».
« Mosco a torché sa note à Martine Aubry ! » s’exclame, exaspérée, une méchante langue socialiste. Il ne manque pourtant pas de pisse-copies de talent susceptibles de l’épauler. Selon ce pilier des campagnes présidentielles de Lionel Jospin et de Ségolène Royal, « Pierre Moscovici et Jean-Christophe Cambadélis se sont partagés les hommes de DSK : à Jean-Christophe les réseaux et à Pierre les experts et les intellectuels ». A la lecture de cette contribution, on suspecte qu’ils se sont mélangé les pinceaux.