Bernard Barresi, recherché depuis 1994, a fini sa cavale à Juan-les-Pins après le vaste coup de filet du week-end contre le "milieu" marseillais.
Ça s’appelle un "coup de filet", et il a ramené de gros poissons. Vingt et une personnes ont été interpellées au cours du week-end à Marseille et dans sa région, dans le cadre d’une enquête en cours depuis deux ans visant le grand banditisme et des affaires de blanchiment présumé. Toutes étaient en garde à vue lundi, selon des sources policières.
Les enquêteurs s’intéressaient à un groupe corso-marseillais ayant investi notamment dans le milieu des jeux. A sa tête figurent Michel et Gérald Campanella, deux frères quadragénaires fichés au grand banditisme.
Les policiers ont aussi interpellé Bernard Barresi, recherché depuis sa condamnation par contumace en novembre 1994 à 20 ans de réclusion criminelle par les assises du Haut-Rhin pour vol à main armée et association de malfaiteurs après l’attaque d’un fourgon blindé en mars 1990 à Mulhouse.
De Roger, le père, à Bernard, Franck et Jean-Luc, la famille Barresi a souvent éveillé les soupçons des services de police. Bernard figurait ainsi sur le site du ministère de l’intérieur, au titre des personnes recherchées. Franck, quant à lui, a purgé une peine de 10 ans pour braquage avant de renouer avec « cette liberté surveillée qui est le lot de tous les grand repris de justice » décrit Frédéric Ploquin, dans Parrains et Caïds(Fayard), opus où le nom de Barresi apparaît à de nombreuses reprises.
Plus sage, Jean-Luc, l’aîné des frères devenu agent de joueur, s’est seulement fait tirer le portrait par la gendarmerie. Pour recel de vol en 1979, tout d’abord, comme l’atteste le document publié ci-dessous. Interrogé à propos d’un fusil de chasse qu’il a donné à son cousin, et déclaré volé par son proprio, Jean-Luc arguera qu’il lui a été donné dans la rue par un inconnu. Et sera relâché, sur instruction du parquet.
Rebelote en 1982 pour « tentative de vol », à Gassin, dans le Var. « L’intéressé a tenté de dérober un véhicule BMW stationné en stationnement », mais s’est fait « intercepter par le propriétaire ».
Il faut bien que jeunesse se passe. Mais un tel pedigree fait naître les légendes…
Quitte à en faire l’une des familles régnantes à Marseille, aux côtés de la tutélaire figure de Roland Cassone. « Les Barresi sont-ils les hommes les plus puissants du Marseille occulte ? on le dit dans les cercles policiers, avance Ploquin, ce que Jean-Luc dément avec véhémence ».
La réputation du clan est, pour l’agent, à double tranchant. Notamment au tournant des années 2000, quand la bouillabaisse Olympique de Marseille + football + milieu était à son apogée. Craint pour son nom, et suspect à chaque transaction de joueur. « Il ne peut élever la voix sans que l’on parle de menaces », arguent ceux qui l’apprécient.
« Jean-Luc est un vrai amoureux du ballon, il peut passer des heures à regarder un match de minot pour repérer un joueur. C’est pas un méchant », confie l’un de ses confrères.
Certes, mais le garçon a des fréquentations. Proche de Bernard Tapie et de l’éternel dauphin à la mairie de Marseille Renaud Muselier, l’aîné des frères Barresi pâtit aussi de mauvaises rencontres. Associé au sulfureux Gilbert Sau, plusieurs fois condamné (notamment pour exercice illégal du métier d’agent), la réputation de son binôme « l’a entaché » , concède un proche.Sa proximité avec Jean-Christophe Cano, ex-directeur sportif de l’OM qui a amené Robert Louis-Dreyfus, le propriétaire du club chez Roland Cassone en 2002, puis a monté en vain un projet de reprise de l’OGC Nice avec le fils du même Roland, a un peu chargé la barque.
D’autant qu’en 2002, Jean-Luc a pourtant goûté au mitard. Détention préventive de plusieurs mois pour une obscure affaire de racket sur le port de Marseille tandis que son frère Franck est accusé de blanchiment dans le même temps. Une affaire qui s’est depuis dégonflé et que l’avocat des Barresi, Lionel Moroni, désigne à l’envi « comme une affaire orchestrée sur fond de lutte de pouvoir à Marseille ».