2007 commence sous de drôles d’auspices en matière de liberté et d’indépendance de la presse. Il suffit de lire le Journal officiel du 2 janvier et d’éplucher la promotion du jour de l’an de la légion d’honneur pour s’apercevoir que cette année encore, les rédactions bien élevées et les journalistes polis ont été récompensés par un pouvoir décidément bienveillant à l’égard de qui sait lui servir.
La servilité d’un Jean-Pierre Elkabbach, patron d’Europe 1, l’homme qui s’est illustré en 2006 pour avoir demandé à Sarko de choisir le journaliste de la station qui couvrirait l’UMP, a été gratifié comme il le méritait. Et donc bombardé officier, le deuxième grade dans l’ordre de la légion d’honneur. Comme d’ailleurs son confrère du Figaro, Thierry Desjardin adepte d’un sarkozysme dur.
Leurs confrères doivent se contenter du premier grade de la rosette à savoir la simple distinction de chevalier. C’est le cas du directeur de TV5, Philippe Dessaint. Rien de plus normal pour une télévision conçue comme la voix de la France à l’étranger, une sorte d’excroissance d’une ambassade médiatique. Sa consœur des Echos, Françoise Crouïgneau, dont le job est de décerner les bons et les mauvais points de la politique économique dans des éditos somnolents, a semble-t-il plutôt tendance à privilégier les premiers aux seconds : elle a obtenu sa rosette sur le contingent de Bercy. Critiquer les résultats du grand argentier Breton à qui elle doit sa distinction, va, on s’en doute, sûrement lui être plus facile maintenant…
La légion d’honneur sert aussi de lot de consolation. Par exemple à la chef du service politique de la chaîne Bouygues, LCI, Anita Hausser. Après avoir perdu son émission hebdomadaire l’année dernière, elle n’avait déjà dû qu’à une intervention de Chirac lui-même auprès de la direction de la chaîne, de garder une place dans l’organigramme. Cette année, elle pourra couvrir la présidentielle auréolée d’un petit ruban. Sûrement très seyant avec un tailleur de couleurs… Et comme visiblement l’heure des femmes est en train de sonner en politique, deux autres chroniqueuses qui suivent aimablement les affaires de l’UMP dans la presse de Serge Dassault (le richissime maire UMP de Corbeil également propriétaire du Figaro), Sylvie Pierre-Brossolette (Figaro-magazine) et Armelle Héliot (Figaro) sont également récompensées par une belle rosette. On se demande bien pourquoi si tard…