Alain Bauer, ancien grand-maître du Grand Orient, et Roger Dachez, président de l’Institut maçonnique, tordent le cou à une légende : le lien entre frangins et bâtisseurs de cathédrales.
On n’échappe pas au succès du livre du Symbole Perdu de Dan Brown. Il a inspiré au moins deux ouvrages sérieux, La saga des francs-maçons, de Marie-France Ethnoscience et Frédéric Lenoir, et Le Symbole Perdu décodé [1]. Professeur de criminologie, Alain Bauer, 47 ans, a été nommé en décembre dernier membre du conseil d’administration du Conseil supérieur de la formation et de la recherche stratégique.
L’ouvrage, qu’il signe avec Roger Dachez comporte trois parties distinctes : une visite guidée du livre de Dan Brown, une présentation de la franc-maçonnerie américaine, et enfin, une évocation des origines historiques, philosophiques et morales de la franc-maçonnerie.
C’est incontestablement cette troisième partie la plus intéressante. Ces deux spécialistes révèlent que la franc-maçonnerie est née en Ecosse et non en Angleterre. Et surtout, qu’il n’existe pas véritablement de continuité entre la maçonnerie « opérative », c’est-à-dire celle des maçons qui travaillaient de leurs mains, et la maçonnerie « spéculative », qui ne se sert pas véritablement que d’une équerre et d’un compas.
Évoquant la « théorie de la transition », Alain Bauer et Roger Dachez n’hésitent pas à écrire que pour les francs-maçons au XVIIIe siècle en Angleterre, « leur souci n’était pas tant de se prétendre les héritiers moraux d’hommes à leurs yeux frustres et peu éduqués – ils étaient même enclins à rejeter une telle parenté – mais plutôt d’affirmer la permanence d’une tradition institutionnelle, gage d’autorité morale ».
Alain Bauer, qui s’est fait connaître du grand public en 2001 avec Grand O. Les vérités du Grand Maître du Grand Orient de France, répond aux questions de Bakchich.Info :
Bakchich : Conseillez-vous aux gens de lire « Le Symbole Perdu » de Dan Brown ?
Alain Bauer : Franchement, c’est un polar entraînant et amusant à lire. Tout livre à la mode n’en est pas mauvais pour autant.
Bakchich : Comment expliquez-vous que les livres grands publics (et les articles) qui paraissent en France sur la franc-maçonnerie soient si mauvais ?
A.B. : Souvent ils sont superficiels et marqués par les préjugés de leurs auteurs. Ou auto défensifs et sans regard autocritique. Entre deux lignes de propagande, il est difficile de trouver un espace pédagogique et accessible. Il existe de très bons et très volumineux ouvrages sur la franc-maçonnerie, mais ils sont d’un accès difficile.
Bakchich : Quelle est votre recette pour informer sérieusement le public sur ce sujet ?
A.B. : Avec Roger Dachez nous tentons de revisiter la franc-maçonnerie avec des romans basés sur des faits réels et des archives inédites (« Les mystères de Channel Row », racontant la naissance de la Grande Loge de Londres, ou « Le Convent du sang », explorant le rite rectifié à Lyon). Ce qui a amené un éditeur à nous demander un guide du roman de Dan Brown.
Bakchich : Comment se fait-il qu’un ancien grand-maître du Grand Orient réussisse à parler de la franc-maçonnerie américaine sans se montrer condescendant ?
A.B. : Je suis une cure… En fait, j’enseigne la criminologie aux Etats-Unis depuis longtemps et je fréquente les frères américains. Comme Roger Dachez avec les Anglais, nous connaissons les frères anglo-saxons et essayons de sortir des discours préfabriqués. Mais ils subissent une sévère crise de contenu et d’affluence.
Bakchich : Dans votre livre, vous révélez qu’à l’exception de l’Ecosse, il n’y a pas continuité mais séparation entre les bâtisseurs de cathédrales et les francs-maçons d’aujourd’hui. Etait-il nécessaire que la franc-maçonnerie invente cette fabuleuse histoire des maçons à travers les âges, un peu comme l’univers merveilleux de Mickey ?
A.B. : Il n’y a pas eu de transition, à quelques rares exceptions près. La franc-maçonnerie anglaise s’est créée autour de Newton et de Desaguliers pour développer la Royal Society (l’Académie des sciences) sur le terrain social et sortir la Grande-Bretagne de plusieurs siècles de guerre civile et de religion, et rattraper les Lumières. Le reste est un roman de gare. Ce sont les frères fondateurs qui ont inventé cette merveilleuse histoire enchantée pour rester compétitifs sur le terrain du marketing spirituel dans un marché encombré à l’époque (catholiques, anglicans, protestants, juifs, musulmans, bouddhistes…). Pour être les meilleurs, il fallait être les plus anciens. Et Mickey, comme le Père Noël, attire toujours.
Bakchich : Qu’avez-vous enregistré comme réactions à votre visite guidée du « Symbole Perdu » ?
A.B. : Plutôt bonnes. Beaucoup de gens découvrant la réalité par-delà la fiction. Ça nous a incité avec Roger Dachez a cadré notre prochain opus aux Etats-Unis avec Benjamin Franklin, avant de revenir en France avec Victor Schoelcher.
A lire ou relire sur Bakchich.info
[1] Alain Bauer, Roger Dachez, « Le Symbole Perdu décodé », Editions Véga, 166 pages
Quant on sait que la franc-maçonnerie américaine est un Rotary ou un Lyon’s Club et la maçonnerie anglaise dans son immense majorité un club d’affairistes au même titre que la GLNF en France, on se demande où est l’intérêt d’un tel livre pseudo-historique fumeux ?
La franc-maçonnerie est un cheminement personnel (où chacun à son histoire propre) tendant à s’élever en tant qu’Homme ou citoyen. Elle donc, la cible privilégiée des régimes totalitaires, des religions et de ceux qui les servent.
Le bla bla d’Alain Bauer, ancien maçon au passé douteux et aux fréquentations d’extrême droite, sur le terrorisme, la sécurité (où il s’autoproclame expert) ou l’Histoire, fait toujours recette car c’est son fonds de commerce.
Il serait plutôt intéressant qu’il nous explique le cheminement personnel qui l’a conduit avoir été initié franc-maçon mais surtout pourquoi était temps pour lui qu’il quitte ce Grand Orient de France où sa propre société de gardiennage gardait les murs de la rue Cadet ?