Dans ces talk shows télévisés à répétition, on ne donne jamais la parole à des experts sérieux, non impliqués dans un business, ou directement financés par un ministère.
L’opération d’un cor au pied vous a jeté à l’hôpital… que faire sinon regarder la télé. Dans ce cas, le 13 avril était un jour de double peine, condamné que vous étiez à vous farcir deux fois en quelques heures un dénommé Xavier Raufer , première salve, sur « La 5 » à « C dans l’air », la seconde sur France 3 dans « Ce soir ou jamais ».
Thèse antithèse foutaise, ce Raufer, placier en philosophie d’extrême droite, nous gonfle. Qu’Yves Calvi, qui n’est pas un mauvais bougre, demande l’avis de Xavier Raufer, abonné au gaz, pourquoi pas. Mais quand il nous livre ce type comme un « criminologue », le mètre étalon du pavillon de Breteuil capable de dire le vrai et le faux en matière de délinquance… « C’est non ». Si Raufer est utile pour la Santé, il n’est pas bon pour la notre.
Après avoir cofondé le mouvement fasciste Occident, Raufer s’est abrité sous les jupes d’Albertini, un collabo rescapé qui finançait, avec les sous du patronat, tout type d’action et de pensée anti-gauche. Raufer est un vieux marchand de peur, mu par la mécanique de la stratégie de la tension, dont le rêve est de voir l’avènement d’un état policier. Il y a trente ans, je l’ai croisé vendant alors « le danger » des « autonomes », qui devaient vite anéantir la patrie… Puis il est passé à la cible socialo-communiste, avant de s’apercevoir que Mitterrand avait fait un passage à Vichy. Petit à petit, Raufer aidé de son compère Alain Bauer, étiqueté « rocardien », ce qui fait encore rire à Auvers-sur-Oise, s’est sculpté un statut de « criminologue » autoproclamé. Alors qu’en réalité, même s’il trempe à longueur de temps dans le sang du crime, son plus fort diplôme est un parchemin de géographe.
Sur « La 5 », on a bien compris que Raufer n’est pas un ennemi des heureux marchands de vidéosurveillance, ni de ceux qui en assurent la coûteuse maintenance. L’obsession de Raufer, en dehors du business, c’est la banlieue pleine de gens pas bien. Notre Xavier, dont la pureté scientifique ne recule devant rien, a même exprimé cette monstruosité : il n’existe aucun lien entre misère sociale et délinquance ! Donc, si nous trouvons en prison plus de lascars du 9-3 que de petits gars de Neuilly, c’est que les premiers cités ont vraiment un mauvais fond. Voire un chromosome dézingué ?
Chez Taddeï, que ça faisait rire, est-ce l’intimité de la nuit, Raufer venant à l’aide de Zemmour, frappe carrément : « Allez donc à Fleury-Mérogis à l’heure des visites, vous verrez qui fait la queue devant la prison… » Autrement dit, que des nègres et des bougnoules. Pas assez enfermés puisque le si neutre savant Raufer souhaite que l’on enchriste 27 000 types de plus. Des évadés fiscaux ?
Ce qui est surprenant, c’est que dans ces talk shows télévisés à répétition, on ne donne jamais la parole à des experts sérieux, non impliqués dans un business, ou directement financés par le ministère de l’Intérieur ou de la Justice. Je pense par exemple à Loïc Wacquant, Christian Mouhanna ou Laurent Mucchielli et d’autres vrais universitaires pour lesquels la sociologie est une science dure et pourquoi pas un sport de combat.
A propos de délinquance, sur France-Info mardi matin l’autre semaine, un « duel » opposait le considérable parachutiste doré Denis Olivennes au sépulcre blanchi de l’extrême droite François d’Orcival de Valeurs actuelles. Étalant son idéologie, plus que réac, comme un peintre son Ripolin, d’Orcival a fait un long prologue sur le « 9-3 ». Puis a enchainé sur « les 24 policiers morts en un an et les 6000 blessés ». Le bon auditeur était prié de comprendre que c’était ces petits salauds de nègres bougnoulesques qui avaient assassiné ou blessé tous ces gentils policiers…
Et que répliqua le merveilleux Olivennes, face à cette provocation ? Rien, pas un mot. Il faut dire, pour l’excuser, que le journalisme est pour lui un job tout nouveau. Il restera donc que, dans le « 9-3 », on a tué plus de policiers que les Taliban des légionnaires à Kaboul ! Vous rigolez mais quand les gens de Chaudron-en-Mauges ou du Puiset-Doré entendent ça, avec leur toute bonne foi bien fragile, ils pensent que ce que dit Valeurs Actuelles (quel titre !), le magazine de Raufer et d’Orcival dit la vérité.
Monsieur Bourget, J’adore vos billets,
En vous lisant je me dis que vous avez lu dans mes pensées.
J’aurai pu écrire le même billet sur Rauffer (et bien d’autres). Je considère ce pseudo "criminologue" comme un raciste !
Ses goûts politiques sont révélateurs…
Hello,
Question à l’auteur de l’article : d’où tirez-vous toutes ces informations sur Alain Bauer et Xavier Raufer ? J’ai lu récemment un livre pas convaincant du tout signé Raufer. Ce que vous dites me parait donc plausible. Mais quand je vous lis, je ne suis pas plus convaincu qu’il ne s’agit pas de désinformation satirique. Celle-ci a sûrement sa place dans ce journal, mais ne va pas aider à crédibiliser le titre. La satire est d’autant plus délicieuse qu’elle s’appuie sur des faits et pas sur des fantasmes.
Voila pourquoi j’aimerais que vous me précisiez un peu plus :
la notion de criminologue "autoproclamé" (pour Bauer et Raufer)
le fait que Bauer ne soit pas proche du PS, "ce qui fait beaucoup rire à…"
Merci de votre aide. Peter Both
Criminologue "autoproclamé" signifie ne pas avoir été adoubé par les institutions universitaires dans la matière en question. Il suffit de voir les remous provoqué par la nomination de Bauer comme prof au Cnam, à la demande se Sarko, et sans les titres requis. Longtemps Bauer s’est targué d’être vice-président de la Sorbonne sans préciser que c’était au titre de la représentation étudiante. Il est vraisemblable que Bauer a conservé l’estime de gens comme Valls, si vous appelez ça le PS. Pour le reste, être conseiller de Sarkozy, et nommé pro à sa demande n’est pas forcément un brevet de socialisme.Quant à vos fantasmes, à vous,et vos leçons de journalisme, vous pouvez vous en faire des rouleaux de printemps.
JMB
J’aime bien Taddeï car les politicards baveux se font rares dans ses émissions (en tout cas plus que dans d’autres), mais il arrive que certains arrivent à passer à travers les mailles en présentant qqs "spécialités ès criminologie".
Concernant Raufer, étrangement ce n’est pas la première fois que j’entends ce genre de critiques à son encontre…
Dois-je en conclure que je fréquente trop de sites de bobos politiquement correct n’ayant jamais ratonné comme tout bon français qui se respecte ?
Entre dire une réalité et évoquer tous les jours dans qq information que ce soit la burqa, le niqab, la polygamie, les moutons, les musulmans, les noirs et les arabes, il y a tout de même une légère marge, que dis-je, une margelle, une marginette.