Dans le beau pays de la lutte contre le dopage cycliste, un combat fait rage. Une agence française reproche à l’Union Cycliste Internationale de mettre des freins à un contrôle poussé sur le Tour.
Le 10 juin, à l’approche du Tour de France, Pierre Bordry, le patron de l’Agence Française de Lutte contre le Dopage (AFLD) s’est laissé aller à quelques confidences désobligeantes à l’encontre du Passeport Biologique, l’arme fatale sortie des cartons de l’Union Cycliste Internationale (UCI) pour lutter contre le dopage : « je ne crois pas que le passeport biologique soit utile » a-t-il affirmé en laissant entendre notamment que le document ne garantissait nullement l’égalité de traitement des coureurs face aux contrôles.
Une sortie manifestement liée aux conclusions tirées par les grosses têtes de l’AFDL de deux incidents encore dans toutes les mémoires : D’abord et de manière un peu anecdotique, l’envie pressante d’Armstrong d’aller prendre une douche au cours d’un contrôle inopiné effectué à son domicile le 17 mars 2009, combinée aux 24 contrôles négatifs qu’il a subi en 2009.
Ensuite des souvenirs cauchemardesques de la coopération avec l’UCI sur la version 2009 de la Grande Boucle, au cours de laquelle les contrôleurs de l’AFDL auraient constaté que leurs collègues de l’UCI favorisaient ostensiblement l’équipe ASTANA.
Très mécontente de la fameuse « coopération » entre l’AFLD et l’UCI en 2009, cette dernière a donc décidé qu’elle serait seule compétente en 2010 pour réaliser l’ensemble des tests sur le Tour à partir du 3 juillet.
Furieux, Bordry à mis le grand braquet : « Je ne veux plus travailler avec l’UCI ; le risque est trop grand que les tests n’aient aucune crédibilité. Je comprends parfaitement qu’une fédération internationale soit compétente à condition qu’elle garantisse la transparence. C’est à l’Agence Mondiale (AMA) de donner son opinion et de déterminer comment nous pouvons coopérer. L’année dernière, nous avons rencontré des difficultés quotidiennement et nous ne voulons pas revivre cette situation. De toute façon, si nous ne sommes pas présents, la police elle sera là pour attraper les tricheurs… ».
Le 24 juin, l’AFDL publiait donc sa délibération n° 152 portant sur la réponse de l’AMA à sa requête de pouvoir réaliser des contrôles additionnels à ceux de l’UCI au cours du Tour de France 2010. Le document ne laisse planer aucun doute sur les données du problème :
« …Il a été décidé de répondre favorablement à la proposition que l’AMA lui fait de réaliser des contrôles additionnels dans le cadre du code mondial antidopage…..Le Collège de l’AFDL a relevé que ‘l’AMA s’inquiète du fait que les contrôles effectués par l’AFLD seraient forcément soumis à la loi française qui à ce jour, n’est pas en totale conformité avec le Code mondial antidopage’. Pour remédier à cette difficulté juridique, l’AMA propose de faire réaliser les contrôles par son intermédiaire. »
D’ajouter : Le Collège a pris note que ‘l’AMA considère les informations transmises (par l’AFLD) apparaissent à première vue réalistes et utiles pour la réalisation de contrôles ciblés sur des coureurs. Au moment ou plusieurs investigations judiciaires dans le cyclisme sont en cours en France, mais aussi aux Etats Unis à la suite des révélations de Floyd Landis, l’AFLD tient à renouveler son soutien à l’AMA dans ses efforts pour une politique antidopage crédible. »
Pour mettre un peu plus de pression encore sur les épaules des présumés chargés de la petite reine, l’AMA et l’AFLD ont rajouté chacune une couche avant le début du Tour 2010 : La première a rendu publique la déclaration commune signée par David Howman son directeur général, et Haruo Naito, président de la Fédération Internationale des fabricants de produits pharmaceutiques (IFPMA) afin d’accélérer l’information de l’Agence sur les nouveaux produits dopants en cours d’élaboration.
Bordry pour sa part, a rappelé l’accord passé avec l’agence américaine antidopage laquelle aurait donné mandat à l’AFLD de réaliser les tests sur les coureurs américains engagés dans le Tour 2010.
Bref, un brin occultée dans les médias par l’affaire Bettencourt, la guéguerre entre l’AFLD et l’UCI continue de faire rage…
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