Témoignages accablants de Juges pour enfants issus d’une étude remise ces jours-ci à la Chancellerie.
Le 4 avril 2008, comme annoncé, le beau et grand chantier de Rachida Dati sur la réforme de l’ordonnance de 1945, qui régit la justice des mineurs, sera officiellement lancé, avec l’installation d’un groupe de travail (dirigé par André Varinard), histoire de montrer qu’on bosse dans la concertation. Et du boulot d’explication, il y en aura, à en juger par une étude remise fin mars 2008 à la Chancellerie (« Le juge des enfants n’est pas un juge mineur »). Le résultat des enquêtes menées dans 4 tribunaux, le voici : un réquisitoire cinglant des juges pour enfants contre le gouvernement. Bakchich a choisi quelques-uns de ces témoignages.
Le « tout répressif »
« Aujourd’hui on sent bien l’incitation à prononcer l’emprisonnement ferme. Là c’est très clair. La loi sur la récidive aussi, c’est un mouvement… Au tribunal pour enfants, je ne suis pas particulièrement répressive, mais je constate que je prononce des peines que je n’aurai pas prononcées il y a quelques années. Il y a une pression. C’est très difficile de résister, le parquet requiert à la hausse. Il y a un mouvement général de doute par rapport à l’éducatif. Avec la croyance ferme que, si on emprisonnait un peu plus ces mineurs, si on prononçait plus de peines fermes, les problèmes seraient résolus ».
L’ordonnance de 1945
« Que l’ordonnance de 45 soit revue, c’est une bonne chose : c’est une vieille ordonnance, qui a été modifiée de très nombreuses fois et donc, remettre les choses à plat. Ce que je souhaiterais vraiment, c’est que les magistrats soient associés à ce travail et que cela ne se fasse pas en réponse à la pression médiatique. (…) Donc on aimerait être associé pour bien faire comprendre quelles sont les demandes. On a l’impression qu’il y a une espèce de méfiance à l’égard de notre travail ».
L’obligation de résultats
« Il y a de belles pressions au niveau gouvernemental qui font qu’on a des quantités de défèrements… Dans ce cas-là, je mets en garde le parquet : le risque, c’est qu’on inverse certaines priorités pour un affichage médiatique. Notamment, c’est le cas pour les violences dans le domaine scolaire : tout d’un coup, tout est devenu poursuivable ».
Les Établissements pénitentiaires pour mineurs (EPM)
« La semaine dernière, on est venu nous faire une présentation très idyllique des EPM : cinquante mineurs dans un cadre éducatif pour la réinsertion sociale, ça a l’air formidable… On peut juste regretter que tous les moyens de la justice ne soient pas utilisés pour les mesures éducatives, les éducateurs, les psys…Pourquoi attendre que le mineur soit en prison au lieu de donner plus de moyens au terrain ? Pourquoi ne pas doter le terrain, parce qu’un éducateur qui fait bien son boulot il fait des choses formidables ».
Jeunesse abandonnée
« Il ne faut pas être frileux : en France il n’y a pas de réelle politique vis-à-vis de la jeunesse… On se balade… On se sent garant de quelque chose au titre de l’intégration, mais on a du mal à trouver des structures pour refaire prendre pied aux jeunes. En revanche on n’est pas prêt à écouter le gouvernement qui dit : “On va détruire toutes ces structures”, ça non ! »
Le modèle français
« Je suis partie à l’étranger pour former des juges des enfants à notre travail. Ils nous ont invités pour connaître l’intérêt d’une juridiction spécifique pour les mineurs. C’est intéressant : juste au moment où nous, en France, on remet en cause la spécialisation pour les mineurs, eux s’intéressent justement à ça… »
Les 10-11 ans
« Je n’applique pas les sanctions éducatives, ni les stages d’instruction civique. Ce n’est pas mis en place et ce n’est pas une priorité pour les collègues. La loi ne donne pas le cadre adéquat. Il faut une décision en tribunal pour enfants et pas en chambre du conseil. Surtout, je ne conçois pas d’appliquer des sanctions aux 10-11 ans ! J’ai dit au parquet que je ne le ferai pas ».
Solitude des juges pour enfants
« Aujourd’hui je suis déprimée : à l’heure actuelle, on est combattu sur tous les fronts par beaucoup de gens, par la presse, par les médias, en politique, on a le sentiment d’être un bouc émissaire – le bouc émissaire d’une situation qui n’est pas brillante, mais qui est monté en épingle… »
Le gouvernement prépare une réforme de la justice des mineurs. Nous sommes un groupe pluridisciplinaire qui voulons témoigner de la complexité de ces questions et peser, avec vous, dans le débat qui va s’ouvrir :
http://quelfuturpourlesjeunesdelinquants.fr
Quand les relations sociales sont fondées sur le mépris et la haine, plutôt que sur la solidarité….
Evidemment le programme du Conseil National de la Résistance paraît principalement visé dans tous les domaines.
Le chaos qui pourrait résulter de sa destruction, est la dernière chance pour les groupes d’intérêts au pouvoir, de s’y maintenir, malgré leur échec.
Il n’y pas pas de contredit stratégique dans ce conflit larvé.
(S’il existe, laissez-nous deviner !)
La dénature de notre système politique réside dans le fait que le pouvoir soit devenu une fin en soi, ne connaissant d’autre ambition que destructive.
Laissons à nos enfants, la facture à payer, les poubelles nucléaires, une vie édulcorée, un monde rétréci, une atmosphère merdique de prétention et de mesquinerie…
Et nous penserons peut-être avoir mérité leur respect, pour les avoir gavés de vide plutôt que de sens.
Bravo Marie. Il est temps que ces choses soient dites, et c’est un régal qu’elle le soient avec cette petinence.
Le peuple de fransse mérite mieux, et nos enfants aussi, à moins qu’on ait déjà accepté et programmé leur esclavage.