Le correspondant de « Bakchich » aux States, Doug Ireland, suit passionnément les primaires. Dernière en date, celle du New Hampshire où, contre toute attente, Hillary Clinton l’a emporté chez les Démocrates.
Après sa cuisante défaite au caucus de l’Iowa où elle n’est arrivée que 3e chez les Démocrates, la mince victoire d’Hillary Clinton lors de la primaire du New Hampshire le 8 janvier a pris tout le monde de court : les sondeurs qui prédisaient une large victoire de Barack Obama, les commentateurs télé… Et même les candidats tout comme leurs équipes dont celle de Clinton qui s’apprêtait à annoncer un remaniement de la dernière chance. Mais comment diable Hillary a-t-elle fait pour l’emporter ? Elle doit d’abord sa victoire à deux mots du lexique politique américain : le « gender gap », littéralement, le « fossé des sexes ». En clair, alors que la semaine dernière dans l’Iowa les femmes ont boudé Hillary, ça a été l’inverse dans le New Hampshire où ces dames représentent 57 % des votants démocrates et où 46 % d’entre elles ont préféré Clinton (contre 34 % pour Obama).
Ce retournement de situation s’explique en partie par un débat télévisé organisé trois jours avant la primaire. La vue des candidats mâles unis pour taper sur Hillary a tout simplement révulsé les femmes déjà échaudées par une certaine presse mesquine. En effet, le quotidien populaire de droite le Boston Herald (publié dans l’État voisin du Massachusetts mais très lu aussi dans le New Hampshire) titrait en Une la veille du vote : « She’s so yersterday » (Elle est tellement d’hier). De plus, le New Hampshire étant habité par une population vieillissante, beaucoup de femmes ont vu en Hillary leur dernière chance de voir l’une des leurs à la Maison-Blanche. Elle est en effet la seule présidentiable femme chez les Démocrates comme chez les Républicains.
Il faut aussi l’avouer, les préjugés raciaux ont pesé, même si les médias ont évité le sujet. Ce n’est que bien après minuit que la chaîne de télé MSNBC-TV – c’était la seule – a abordé la question en évoquant pudiquement « l’effet Tom Bradley », une histoire bien connue en politique américaine. En 1982, le maire noir de Los Angeles, Tom Bradley, était donné gagnant par les sondages pour le poste de gouverneur de Californie mais a été battu. En cause ? Les sondés ont tout simplement menti plutôt que d’admettre qu’ils n’acceptaient pas d’être gouvernés par un noir. Et c’est ce qui arrivé à Barack Obama dans le New Hampshire. Surtout au sein de la classe ouvrière qui disait aux sondeurs le préférer mais qui a finalement voté pour Hillary à hauteur de + 6 %.
Il est néanmoins maintenant établi que dans le camp démocrate, l’investiture se joue entre Clinton et Obama. Prochaine étape : la primaire de Caroline du Sud le 26 janvier où Obama est donné gagnant (la moitié des votants démocrates de cet État sudiste sont noirs). Viendra ensuite la Floride le 29 janvier, où les jeux restent ouverts. Puis le 5 février ce sera le « Super Tuesday » (Super Mardi) où des primaires seront simultanément organisées dans 22 États y compris les poids lourds du New Jersey, de la Californie et de New-York (où Hillary est sénateur). Pour ce qui est des pronostics, la primaire de Californie est ouverte aux indépendants non-inscrits dans l’un des deux grands partis, ce qui favorise Obama.
Du côté des Républicains, la victoire confortable dans le New Hampshire du plus âgé des candidats, le sénateur John McCain d’Arizona, 72 ans, a ranimé sa campagne, déclarée moribonde par la presse. Il a au passage administré une raclée au milliardaire Mitt Romney qui avait dépensé plus d’argent que tous ses opposants réunis. Gouverneur du Massachussets de 2003 à 2007 et archi-connu dans le New Hampshire, Romney avait de surcroît basé sa stratégie sur une victoire dans l’Iowa, où il a été battu par le pasteur Mike Huckabee, et dans l’Etat voisin où il vient de perdre. Les électeurs du New Hampshire, qui ont connu un Romney modéré n’ont guère apprécié qu’il se travestisse en conservateur dur, interprétant cette posture comme un mensonge. Et n’ont pas plus goûté ses volte-faces sur des questions qui agitent la base du Parti Républicain comme l’avortement ou les droits civiques des homosexuels. Par contre, Romney pourrait rebondir le 15 janvier dans le Michigan où son père a rempli trois mandats comme gouverneur dans les années 60, même si le nord et l’ouest de cet État compte pas mal de Chrétiens intégristes susceptibles de préférer Huckabee. Sans parler du fait que Mc Cain l’a déjà emporté dans cet Etat en 2000 contre Bush.
Quant à l’ancien prédicateur conservateur Huckabee qui a gagné dans l’Iowa grâce aux votes des Chrétiens intégristes (60 % des votes !), il n’avait guère de chances de récidiver dans le New Hampshire où seul un Républicain sur cinq verse dans l’intégrisme. Il conserve néanmoins ses chances en Caroline du Sud où son parti est dominé par les intégristes. Le « Super Tuesday » du 5 février sera donc décisif pour départager McCain, Huckabee, Romney et… Rudy Giuliani. L’ex-maire de New York City, qui n’a pas brillé jusqu’ici espère donner le coup d’envoi de sa vraie campagne par une victoire en Floride le 29 janvier. Et ce, même si dans les sondages Huckabee le talonne. On verra bien.
Il faut aussi l’avouer, les préjugés raciaux ont pesé, même si les médias ont évité le sujet. Ce n’est que bien après minuit que la chaîne de télé MSNBC-TV – c’était la seule – a abordé la question en évoquant pudiquement « l’effet Tom Bradley », une histoire bien connue en politique américaine. En 1982, le maire noir de Los Angeles, Tom Bradley, était donné gagnant par les sondages pour le poste de gouverneur de Californie mais a été battu. En cause ? Les sondés ont tout simplement menti plutôt que d’admettre qu’ils n’acceptaient pas d’être gouvernés par un noir. Et c’est ce qui arrivé à Barack Obama dans le New Hampshire. Surtout au sein de la classe ouvrière qui disait aux sondeurs le préférer mais qui a finalement voté pour Hillary à hauteur de + 6 %.
Et en 2002, qui a faussé les sondages ?