« Grâce à la concorde civile, a dit en substance Yazid Zerhouni, ministre de l’Intérieur, il y a moins de terroristes en Algérie ». Moins de terroristes peut-être, mais moins de flics certainement pas. Les barrages en plein centre d’Alger sont de retour depuis l’explosion de deux voitures piégées dans la banlieue est, à Réghaïa et à Dergana, qui ciblaient des commissariats de quartier.
Trois morts, officiellement, sans plus d’infos. La communication sur ce sujet est des plus discrète et il y a comme un malaise dans les hautes sphères du pays qui espéraient par décret avoir mis fin définitivement à ce type de violence qui réveille les peurs enfouies dans les tréfonds de la mémoire après ces quinze dernières années de terreur.
Aussi, quand les cinquante deux coups de canon ont été tirés depuis le port d’Alger pour célébrer l’anniversaire du déclenchement de la révolution algérienne pour l’indépendance à minuit, les Algérois ont craint le pire, pensant derrière leurs volets que c’était encore des bombes qui explosaient méchamment. Mais non, c’est l’anniversaire de l’indépendance. Un anniversaire célébré sans panache, ni festivités, à part les embouteillages autour du Palais du peuple où le président A. Bouteflika recevait à déjeuner tout ce que compte l’Algérie de Mercedes noire. « Qu’est ce qu’il leur a préparé, ironise un chauffeur coincé dans ledit embouteillage, du bouzelouf ? ».
Le bouzelouf est le repas des pauvres, une soupe grasse de tripes et de têtes de mouton, relevé à l’ail et à la coriandre, délicieuse par ailleurs. Tout le monde se gausse de ce bon mot et le flic de service de répondre : « Oui, oui, c’est ça, et toi tu as ramené l’harissa. » On s’amuse comme on peut. Mais l’heure est au patriotisme sur les grandes artères et jusqu’à tard le soir, depuis les cellules de soutien au président, les chants guerriers et patriotiques sont diffusés à tue tête. On se croirait dans une caserne un jour de grande parade. A la radio, à la télé, même combat, et nous reprenons tous en chœur les refrains de notre enfance, « oh frères n’oubliez pas les martyrs », partagés entre l’émotion et la dérision.
C’est bien la peine d’essayer de contrôler le bruit de la diffusion de l’appel à la prière qui, à partir des mosquées, nous rappelle à nos devoirs de croyants et en passant culpabilise nos dirigeants considérés par nos islamistes comme manquant d’ardeur religieuse, pour ensuite envahir la ville de chants nationalistes. C’est la bataille pour le contrôle du paysage sonore. Heureux les sourds !
Bonsoir,
Corrigez moi si je me trompe mais cet article traite d’un conflit algéro-algérien alors pourquoi vous parlez du Maroc, de surcroit écrit par une journalsite algérienne. Je ne vois pas pourquoi on mele le Maroc et les marocains à cette cuisine interne aux algériens. Pourquoi cette tendance à meler des choses qui n’ont rien à voir entre elles.
A titre d’information la nature du courant de l’islamisme au Maroc n’est pas la même qu’en Algérie. Certes l’exception marocaine dont parlait Hassan II n’existe plus depuis les attentants du 16 mai 2003, mais de là à dire que la situation des deux pays est la même c’est franchir un pas qui n’est pas raisonnable de faire tellement l’histoire des deux pays sont différentes. Au Maroc, le roi est commandeur des croyants et constitue l’unité du pays donc de ce fait, il joue le rôle de modérateur ou disons le franchement de garde-fou et c’est tant mieux. Autre chose, au Maroc la monarchie est une vieille très très très vieille institution pour s’en rendre compte, c’est la plus vieille monarchie au Monde ca dure depuis 808 ap J-C. Les dynasties changent mais l’institution (communement appelée Maghzen) demeure.