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Fatah Al-Islam revival

Liban / jeudi 6 mars 2008 par Jacques-Marie Bourget
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Au Liban, pendant la paix, la guerre continue. L’extermination après 106 jours de combats du groupe Fatah Al-Islam n’a pas calmé, à Beyrouth, ceux qui veulent à tout prix former une milice sunnite. Ce qui n’est pas pour déplaire aux W. Bush, Dick Cheney & cie.

Comme l’objectif de ces Clausewitz du Moyen-Orient que sont les Faucons américains est de contrebalancer la puissance du Hezbollah, le match n’est pas gagné d’avance. Comme toujours, dans cette partie du globe d’où la France a disparu, la stratégie a été mise au point par les Américains et les Saoudiens. Puisque ces derniers sont le tiroir caisse, on ne peut se passer de leur avis. Et les Israéliens n’ont pas besoin de se mêler au débat puisque leurs désirs sont totalement pris en compte et anticipés par Washington.

Quelques intellectuels comme les aime Georges Bush, bien saignants, Dick Cheney (vice), Elliot Abrams (Conseil de sécurité) et Zalmay Khakikzad (ambassadeur à Bagdad) mitonnent, début 2006, le destin de ce coin du monde. En compagnie du prince Bandar Sultan : celui qui, pendant 20 ans a représenté Ryad aux États-Unis. Avant que ces garçons tombent d’accord, il y a eu un assez long débat. Au Moyen-Orient, après le saut périlleux manqué en Irak, les zigotos de Washington entendaient ne se passionner que pour l’Iran. Refusaient le produit d’appel proposé par les saoudiens : de très jolies milices parfaitement salafistes, seules capables de sauver les sunnites de l’ogre chiite. De ramener enfin l’ordre, celui d’Allah au Moyen-Orient.

La doctrine de Cheney : une milice sunnite est naturellement bonne

Un Américain, même quand il s’appelle Cheney, quand on lui parle de milices religieuses, voit le grand Ben Laden apparaître dans le ciel. Le coup de l’Afghanistan, ancienne version, où Washington a réchauffé le serpent dans son sein, ça suffit. Ça suffit de marcher sur des râteaux qui vous reviennent dans la gueule (comme le dit si bien le camarade Poutine). Eh bien non, ça ne suffit pas. Bandar a emporté le morceau et la nouvelle doctrine est aujourd’hui la suivante : une milice sunnite est naturellement bonne. Cette nouvelle tactique a été baptisée le « Chaos constructif ». Il faut rappeler que Cheney est un expert. N’a-t-il pas pris un voisin de chasse pour un sanglier ?

« Chaker Al-Abssi a également beaucoup fréquenté les prisons syriennes, mais vu de Washington, c’est un bon point »

C’est donc avec le sourire aux lèvres que Chaker Al-Abssi a été accueilli au Liban. Ce palestinien, formé à l’aviation de chasse chez Kadhafi puis dans tous les pays de l’Est, qui a fait le coup de feu au Nicaragua, contre Somoza, et trouve quand même le temps de jouer au tennis et aux échecs, a viré ultra barbu après la « trahison d’Arafat ». Avec son groupe de petits gars biens sunnites, il va nous faire un groupe de fer. On fait semblant d’ignorer que ce gentilhomme est condamné à mort en Jordanie. Avec son doux camarade Abou Moussab Al-Zarkawi (le futur patron d’Al-Qaida en Irak), il est accusé d’avoir, à Amman, assassiné Laurence Foley membre de l’US Aid.

Chaker a également beaucoup fréquenté les prisons syriennes, mais cela, vu de Washington, c’est un bon point. Al-Abssi est assisté de Abou Khaled Al Omla, un officier palestinien dont l’idéologie première est l’argent. Il est propriétaire de 12 jolis hectares dans Damas. Ces grands chefs fondent un groupe, Fatah Al-Islam. Un Canada dry de Palestine puisque seuls ces deux vieux baroudeurs sont palestiniens. Le recrutement se fait essentiellement en Irak. Chaker enrôle des types jugés irrécupérables par les lieutenants de Zarkawi. Le niveau West Point, quoi !

Carnaval des hypocrites

Cette troupe a ses habitudes à Tripoli, ville du nord Liban qui, depuis 1974 a été, on ignore pourquoi, l’objet de multiples assauts de barbus divers qui voulaient établir ici la base de leur État Islamique… C’est même à l’agence de la Banque Méditerranée, propriété de Hariri, que ces garçons vont chercher leur solde et parfois un bonus. Par pudeur, on met parfois un filtre entre l’argent et le fusil : une opportune œuvre de charité islamique qui prend les dons du « djihad économique » et les reverse à Chaker. Ainsi Bahia, la tante de Saad Hariri, donc sœur de Rafic, elle-même député ne répugne pas à faire la charité auprès du groupe Jound Al-Cham (partisan de la grande Syrie), une équipe aussi charmante qu’un gang filmé par Tarantino. Et Jound, prête une charitable main islamique à Fatah Al-Islam. Bref, carnaval des hypocrites : le but est d’appliquer au mieux le plan Cheney, Bandar and Co.

Manque de chance, ces anciens combattants d’Irak ont pris là-bas de biens mauvaises habitudes. Celle d’entrer dans une banque en tirant à la kalachnikov plutôt qu’en tournant la poignée en est une. C’est ce qui se passe à Tripoli, rue Al-Mitay, le 19 mai 2007. Le prétexte à cette mauvaise humeur ? Les sous de la banque Hariri n’ont pas été versés assez vite ce mois-ci. Des gendarmes libanais, pourtant réputés pour leur pacifisme, se trouvent là. Et voilà que ces idiots, équipés de vrais fusils, tirent. La guerre du camp de Nahr El-Bared vient de commencer.

Le diplomate M. Chahine alias Saad Ben Laden, explique le juste combat de Fatah Al-Islam

On va alors découvrir un diplomate de qualité expliquant à quelques journalistes le juste combat de Fatah Al-Islam. Il se fait appeler Monsieur Chahine, mais son vrai nom est Saad Ben Laden. Le fils du grand homme. La police a laissé entrer au Liban ce Chahine, très recommandé par ses frères saoudiens.

Saad Hariri n’en est pas à un parrainage près. Et là on raconte une autre petite histoire. En 2000, les soldats russes qui surveillent le départ des Israéliens du sud Liban livrent au Deuxième bureau libanais l’enregistrement d’une conversation entre un groupe salafiste installé à Danniyé et des Tchétchènes d’Al-Qaida (hélas le Tchétchène, sauf quand il dîne chez Glucksman, est parfois espiègle). La bande de Danniyé est arrêtée. Mais qui va payer une caution pour faire libérer ces lascars barbus, puis voter une amnistie ? Le généreux Saad Hariri.

En dépit de la guerre de 106 jours, de la destruction du camp palestinien proche de Tripoli, des 200 militaires libanais tués, l’idée de la milice sunnite n’est pas abandonnée. La nouvelle mode est au paramilitaire. Le « Camp du progrès », le parti d’Hariri, engage des centaines de « gardes du corps ». Cette armée sans nom n’a, actuellement, qu’un effectif de 2000 hommes. Mais le projet est de le faire grimper à 14 000. Attendons un peu, la nouvelle tragédie va commencer. Hariri sera au Plaza. Mais ce sera peinard pour les journalistes : tous les papiers sur la guerre civile ont déjà été écrits. Il y a trente ans.

À (re)lire sur Bakchich.info :

Le parti de dieu, la part du diable

A lire ailleurs

L’itinéraire explosif de Chaker al Abssin, chef du Fatah al Islam

Le Monde Diplomatique

The Iran plan


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3 MESSAGES

Forum

  • Fatah Al-Islam revival
    le jeudi 6 mars 2008 à 15:22, yaz a dit :
    c un jolie hommage a l enquéte de seymour hersh. dites moi bakchich vous pourriez citer vos sources :) . mr de villemarest sur son site centre de recherche contre le terrorisme affirme que fatah el islam est piloté par les services syriens. moi je penche pour la thèse de mr hersh. elle se confirme du fait du fils de ben laden au liban. n oublions pas que bandar bush a toujours été proche des ben laden. l arabie saoudite est une création artificielle d un clan d imbécile réactionnaire et servile. le seul dirigeant saoudien qui a eu le soucis des arabes c était faycal et il s est fait assasinédevinez par qui.. pour comprendre la région, un livre "le proche orient éclaté 1956/2003" de georges corm.
  • Fatah Al-Islam revival
    le jeudi 6 mars 2008 à 11:31

    Votre article manque vraiment de crédibilité.

    En effet, pour l’essentiel de son contenu, vous reprenez des informations déjà publiées par d’autres journalistes fin 2006 et début 2007, notamment Seymour Hersh dans un article de mars 2007 publié dans The New Yorker sous le titre "The Redirection". Vous vous appropriez donc les infos de Seymour Hersh, avec un an de retard.

    Puis, dernier paragraphe, vous annoncez sans étayer ni sourcer, une véritable bombe : le clan Hariri recyclerait des miliciens sunnites extrémistes avec un objectif de former une milice de 14 000 hommes. Il me semble que cette rumeur a été lancée au Liban il y a déjà plusieurs mois. On attend d’un journaliste qu’il fasse un travail d’enquête, pas qu’il se contente de remettre au goût du jour des rumeurs.

    Vérifier, vérifiez, vérifiez, au lieu de reprendre les enquêtes des autres journlaistes et de colporter des rumeurs.

    Si ça continue comme ça, je vais vraiment arrêter de lire Bakchich !!!

  • Fatah Al-Islam revival
    le jeudi 6 mars 2008 à 11:28
    Article intéressant mais dommage que l’auteur s’emmêle les pinceaux entre sunnites, salafistes et wahhabites. Tous dans le même sac est un peu réducteur, non ?
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