Si ce n’est toi, c’est donc ton père !
Avec un service militaire à la solde squelettique pour tout homme et femme de dix-huit à quarante ans, qui peut durer au mieux plusieurs années et au pire indéfiniment, le nombre de réfractaires s’est accru de plusieurs milliers depuis l’arrêt de la guerre avec l’Ethiopie, en 2000.
Les malchanceux interpellés lors des nombreuses rafles encourent la détention pour une durée indéterminée, sans compter la torture ou d’autres mauvais traitements régulièrement dénoncés par Amnesty International ou Human Rights Watch. Mais la majorité reste dans la nature ou se réfugie au Soudan, c’est plus calme…
Faisant preuve d’une imagination toute perverse, les autorités ont trouvé un nouveau moyen pour remplir les casernes et les caisses souffreteuses de l’État : depuis le 6 décembre dernier, les forces de l’ordre ont arrêté plus de 500 proches – essentiellement les parents – de jeunes déserteurs ou insoumis dans la région d’Asmara, la capitale. Les détenus doivent convaincre les conscrits manquants à l’appel de se présenter ou s’acquitter d’une amende de 50000 nafkas (environ 910 euros). Sinon, ils devront servir six mois dans l’armée à leur place.
Impossible de se plaindre : depuis le 18 septembre 2001, la liberté de la presse est passée juste au dessus du niveau de celui du Turkménistan et de la Corée du Nord, les derniers de la liste noire de Reporters sans Frontières. D’ailleurs, une partie des journalistes emprisonnés l’ont été, officiellement, parce qu’ils n’avaient pas satisfait à leurs obligations militaires !
Difficile aussi de glisser un mot aux ONG internationales : rien qu’en 2006, 11 organisations ont été expulsées d’Érythrée…