Les quatre courants qui animent la vie politique malgache sont réunis en sommet. Autour de la table : trois anciens présidents et un président de la haute autorité de transition… qui adorent jouer au domino cascade.
Pas simple de faire de la politique à Madagascar. "C’est vrai, c’est une idée assez farfelue", concède Roland Ratsiraka.
Après la chute de Marc Ravalomanana en mars dernier, le pays s’est installé dans une transition chaotique. Au business center du Hilton Courcelles, où Bakchich l’a rencontré, Ratsiraka, actuel vice-président de la Haute autorité de transition, se trouve un peu loin de là où se joue l’avenir immédiat de l’île Rouge. Voire très loin…
Car à Addis-Abeba, Ethiopie, siège de l’Union Africaine, les quatre courants qui agitent la vie politique malgache se partagent le gâteau durant trois jours (3-4-5 novembre). Postes ministériels, rôle clé, calendrier vers des élections, changement de constitution, modification des listes.
De belles discussions en perspectives. Entre trois anciens présidents et un président de la haute autorité de transition…qui adorent jouer au domino cascade : Andry Rajoelina, le maire de la capitale Tananarive a chassé de la présidence Ravalomanana, qui a renversé Didier Ratsiraka, qui a fait valdinguer Albert Zafy, qui avait chassé Ratsiraka. Tout pour s’entendre, ces quatre-là.
"Tout le monde pense que le sommet ne va rien donner, concède Roland Ratsiraka, moi je suis un éternel optimiste, donc j’espère qu’on va trouver un accord". Au moins une date pour d’éventuelles élections a déjà été l’objet d’un consensus, octobre 2010.
D’ici là, Roland aura tout loisir de peaufiner son "ambition pour le pays". Et de se départir, un peu plus du patronyme. Pas simple de se poser en alternative quand on s’appelle Ratsiraka. Tonton Didier, a été deux fois et durant 22 ans président… Petit détail, "l’amiral Rouge", son aimable sobriquet a également été renversé deux fois. Sans jamais sortir du jeu politique et en se posant, sept ans après son départ du pouvoir, en candidat sérieux…
A l’ombre d’un tel tonton, Roland a grandi. Même politiquement. Le neveu s’est même permis de créer son parti, quand "l’amiral" tenait la barre du pays, remportant quelques victoires locales dans la belle région de Tamatave, ville dont il fut maire. Gentille conséquence de la chute de l’oncle président en 2002, deux petits séjours en zonzon, en 2002 évidemment puis en 2007. Sans trop de conséquences, sinon une petite rancoeur personnelle à l’égard de Marc "Ravalo".
"Qu’un homme chassé du pouvoir par la rue, en mars 2009, redevienne un décideur de la vie politique malgache, c’est incompréhensible ça ne peut pas marcher", tance-t-il. Avant de préciser que son oncle "n’avait dû, lui, quitter le pouvoir que pour des raisons politiques. Lui a une stature d’homme d’Etat"… Une certaine idée de la famille.
Quant à Albert Zafy, son seul avantage, pour accéder à la présidence en 1996 était d’être "démocrate". "Mais ça ne suffit pas". Même le maire-DJ, Andry Rajoelina, ex-coqueluche des médias, ne trouve plus tellement grâce à ses yeux. "Ravalomanana a réussi à faire croire que la crise malgache n’était qu’un affrontement entre lui et Rajoelina. Et le camp de la transition, soutenu par énormément de mouvements, s’est retrouvé catégorisé sous la bannière de Rajoelina, qui n’était que son porte-parole".
Bref un léger hold-up, acté par la communauté internationale le 9 août dernier… Avec seulement quatre mouvements conviés aux négociations et à la transition, au moins cela évite-t-il que les négociations en cours en Ethiopie ne virent au repas de famille.
À lire ou à relire sur Bakchich.info :
Bonsoir, L article reprend pour partie les avis de Roland Ratsiraka, il ne me semble pas que cela releve d un neo colonialisme flagrant…
Ensuite le ton de l article m apparait bien plus posé et respectueux que tout ce que je peux entendre de mes amis et famille restés à Madagascar. Les glorieux CV des 4 leaders "minimo" doivent ils les exonérer de la tragédie qu ils sont en train de provoquer a Madagascar ? Est ce que lorsque mon pote Radada se plaint de Ra8 ou de TGV avec des termes fleuris, s agit il encore de colonialisme ou de la legitime colere du petit peuple dont les impots et le travail ne servent qu a financer les turpitudes de ces braves gens bien nés dont vous vous faites le défenseur ?
Ensuite chirurgien, DJ issu de "bonne" famille (que signifie ce terme ?) ou autre militaire, fort bien mais cela montre seulement qu etre bien né ou avoir été bien formé ne garantit pas un politique soucieux du bien collectif.
L exemple de Sarkomini a l EPAD va dans le meme sens… La legere difference = 1- Sarko a reculé 2- la France peut avancer sans l EPAD mais pas Mada sans president 3-pres de 150 places entre Mada et la France dans le classement IDH du PNUD, une paille… D un coté une peripetie malheureuse, dans l autre une catastrophe nationale.
Bref a comparer l incomparable, on en devient juste inaudible.
Merci pour cette réponse.
A votre différence, je ne prends pas parti et reste en position d’observateur très lointain. Je ne suis pas allé à Madagascar depuis très longtemps et n’y ai plus de contact mais j’ai réagi à l’article d’un "journaliste" qui laisse penser qu’il présente objectivement des faits alors qu’il soutient la cause de Roland Ratsiraka.
La France reçoit très peu d’échos de ce qui se passe là-bas et ne connait rien de la "bande des quatre". J’ai seulement voulu rappeler que réduire Didier Ratsiraka et Albert Rafy (que j’ai un peu connus en leur temps respectifs) à trois qualificatifs est un peu court pour INFORMER un lecteur français.
Bonjour,
J ai encore du mal a comprendre pour qui je prends partie, a la lumiere visiblement défaillante de mon petit texte.
Le seul parti dont je me prévaus, et meme si c est eminemment demago, c est desormais celui du malgache lambda.
Il n y a pas d homme providentiel a Mada, chacun des 4 dalton l a démontré a sa maniere :
Ratsiraka en echouant aussi bien a l ombre du grand frere sovietique qu a la lumiere de l opportuniste liberalisme ecologique
Zafy en demontrant qu etre honnete et de bonne volonté ne suffit pas
Ra8 en decevant tous ceux qui pensaient a tort, comme moi, qu etre riche et avisé businessman pouvait le détourner de la tentation
TGV en prouvant que les promesses n engagent que ceux qui les croient et que decidement le profil du tropical-businessman s accomode mal de la democratie
Les taux d abstention record et les crises a repetition dans un pays ou la democratie semble bien vivante montrent que le peuple malgache attend des actes bien plus que des mots, vides de substance a force d etre ressassés. La democratie malgache fait malheureusement la preuve de sa défaillance.
Un rebond sera t il possible ? quelle alternative de toutes manières ?
A Mada, la desesperance est grande et ce ne sont certainement pas les petits arrangements des 4 qui y changeront qq chose.
cordialement
PS : il doit juste y avoir un pb sur votre clavier, zafy apparait en rafy.
S’élever au dessus du débat pour avoir une vue d’ensemble c’est bien. S’approprier un promontoire pour asséner un jugement partial et dédaigneux sur les hommes et leurs actions s’apparente malheureusement à du colonialisme … Indécrottable !
Didier Ratsiraka a été formé par l’Armée française avant l’indépendance et il est vrazisemblablement passé par l’université Patrice Lumumba de Moscou ; deux très solides écoles et la grantie de compétences indiscutables.
Albert Rafy est un médecin chirurgien. Il a aussi la qualité d’avoir été élu démocratiquement (je veux dire qu’il n’a pas été élu comme ce bon Karzai).
Andry Rajoelina est bien sûr un ancien DJ. Accessoirement, il est néanmoins issu d’une famille de noblesse ancienne appartenant à une ethnie culturellement et socialement dominante. Fils d’un militaire important, proche du parti de Ratsiraka, entrepreneur chanceux, il n’est pas très étonnant qu’il ait réussi brillamment dans la politique en se faisant élire maire de la capitale.
En clair, les personnes dont vous parlez ne sont pas tout à fait arrivées à l’endroit où elles sont, à 23 ans, par la simple décision de leur papa ; Madagascar n’est pas un quartier d’affaire construit dans l’Ouest parisien.