Jean Sarkozy n’a pas eu l’Epad mais Roger Auque (ex-LCI, TF1, Paris-Match) aura l’ambassade France en Erythrée. Nomination moins familiale mais tout aussi honteuse.
Ancien combattant des Kataeb, une milice libanaise chrétienne calquée, par son fondateur Gemayel, sur le modèle nazi, le futur ambassadeur Roger a naguère fait le coup de feu contre Palestiniens et « arabes progressistes ». Ce lien de sang avec le clan chrétien, très activement aidé par Israël, le disqualifiait aux yeux de la majorité des reporters présents à Beyrouth-Ouest au début des années 80.
En 1987, enlevé par une faction chiite, il passe 11 mois de terreur. Libéré, indemnisé par la France, Roger n’est maintenant plus Auque, mais « Auque l’Otage », son nouvel état civil d’aristocrate de presse. Un surprenant panégyrique du Monde, publié au moment des dernières municipales, le décrit en typique baroudeur installé sur tous les fronts… La réalité est plus courte, hors les escarmouches du Liban et des séjours dans un hôtel de Bagdad, on n’a jamais croisé ce remake de Thomas l’imposteur sur un vrai front.
Sa collaboration dans les journaux est brève et peut se terminer mal. Ainsi, de passage à Match, il pille le reportage d’un confrère. Coût du plagiat, 300 000 francs pour le groupe Lagardère justement condamné. Ayant épuisé la patience des rédactions, notre ami tombe enfin sur une bienfaitrice, Tatie Bernadette, épouse Chirac. On lui donne la Légion d’honneur et un job chez Bouygues. Lors de son séjour à Bagdad en 2003 où, bien que prudemment enfermé dans une chambre d’hôtel, il décrit ce qui se passe dans le pays, il en profite pour diffamer deux confrères en jouant les déontologues. Pour cela il sera une nouvelle fois condamné.
Finalement, quand la presse l’abandonne, Auque se réfugie à l’Ump. Et passe facilement de Chirac à Sarkozy : ne fait-il pas du jogging, dans l’île de la Jatte, avec le maire de Neuilly ? Ainsi donc, le chemin de l’Erythrée passe par les bords de Seine.