Sa tournée africaine en mai dernier n’a pas été un franc succès. Mais Nicolas Sarkozy a au moins eu une bonne surprise, la découverte de son alter ego béninois, Edgar Alia. Un ministre jeune, ambitieux, mais pas tout à fait vierge en politique.
Alors qu’il défendait son projet d’immigration choisie en mai dernier, Nicolas Sarkozy lançait dans le même temps sa périlleuse tournée africaine. Au programme le Mali, le Bénin puis le Maroc. Et un accueil très chaleureux, aux cris de « Sarkozy raciste », tant à Bamako qu’à Cotonou. Une partie des députés béninois se permit même de déserter le dîner donné en son honneur.
L’entourage de Sarkozy a tiré un bilan « globalement positif » de son passage en Afrique de l’Ouest. « On s’attendait à bien pire », avoue une petite indiscrète qui a voyagé avec le ministre. « Franchement, tant au Bénin qu’au Mali, les manifestants étaient peu nombreux, 300 au plus à Bamako. Quant à Cotonou, ils étaient 50 au maximum », témoigne Thierry Mariani, l’hâbleur député UMP qui a accompagné le petit Nicolas. « Son discours a été entendu et a pu être libre, notamment sur la démocratie. C’est un discours de rupture, qui n’aurait pu être tenu au Gabon ou au Congo ». Et dans l’Afrique pétrolière, Nicolas Sarkozy n’aurait pas eu « la bonne surprise » de rencontrer Edgar Alia, ministre de la Sécurité intérieure du pays et ancien camarade de parti !
Avant de se retrouver dans l’équipe du nouveau président béninois Yayi Boni, Edgar Alia a, vingt ans durant, séjourné en France. Grâce à sa double nationalité, le nouveau ministre a même pu longuement militer au RPR, dans la fédération de Seine-Saint-Denis. Une information confirmée par le patron de la fédération, le très novateur Eric Raoult. S’il « ne se rappelle pas de son nom », le désormais député UMP « se rappelle parfaitement son visage ». Un visage qu’a pu découvrir Nicolas Sarkozy dès le 18 mai, à sa descente d’avion, sur les coups de 23 heures. Edgar Alia était présent pour l’accueillir chaleureusement. Dans un louable souci de ménager le présidentiable français, le Béninois a également fait déguerpir le lendemain, les manifestants qui rôdaient autour de son ministère, songeant sans doute que « Nicolas » n’apprécierait guère leurs slogans… Enfin, Edgar Alia s’est fendu d’un vibrant hommage envers l’homme et ses mérites, à l’occasion de son passage devant les députés béninois. C’est bien le moins pour des confrères et néanmoins camarades de parti.