Le président ivoirien enchaîne les succès. Seule ombre au tableau, l’ami Gbagbo a perdu son procès contre le journaliste Vincent Hugeux
Dans son beau paradis ivoirien, le président Laurent Gbagbo a quand même eu sa petite mauvaise nouvelle. Le chef d’État a été méchamment débouté par la cour de cassation française, le 19 septembre dernier, dans le cadre de sa plainte contre L’Express et son journaliste Vincent Hugeux. Condamné aux dépens avec sa femme, la si douce Simone, et sans renvoi. En clair, fin de l’affaire, le couple présidentiel ivoirien a perdu son procès contre le gratte-papier ! Ce vil mécréant avait osé, dans un article de 2003, évoquer le rôle trouble joué par les époux et un membre de leur garde dans les exactions commises en Côte d’Ivoire par les « escadrons de la mort ». Et notamment dame Simone, dont l’un des gardes préférés était cité dans un rapport de l’ONU. Et qui à en croire les témoins ne pouvait ignorer les exactions de son « bodyguard ».
Rapport de l’Onu, notes de la DGSE, références à la convention européenne des droits le l’homme ont suffi à convaincre les juges de cass’ de donner raison au journaleux, pourtant condamné en appel. Une bien jolie victoire et une toute petite pierre dans le jardin des Gbagbo. Bon pas grand chose au regard des derniers succès de Laurent. Ses ennemis français, au premier rang desquels Jacques Chirac, ont baissé pavillon. Le désormais Ex ne fait plus guère le fanfaron, guetté par les juges que ce soit dans l’affaire du compte japonais, le scandale Clearstream, ou les plus vieux dossiers, RPR et mairie de Paris au choix. Petit coup de pied à l’âne, l’ami ivoirien s’en est allé serrer la pogne à l’ONU de Sarko Ier. Douce vengeance. D’autant que s’il est un homme fort sur la scène abidjanais, c’est bien Laurent. Le boulanger, doux surnom dont on l’a affublé pour sa propension à rouler tout le monde dans la farine, est maître en son pays. Ses rivaux Alassane Ouattara et Charles Konan Banny sont hors jeu. Et le dernier prétendant à son trône, le jeune Guillaume Soro, a été amadoué comme il le fallait avec un poste de Premier ministre et les avantages acquis du poste. Le pays est enfin réunifié, fini la ligne de partage entre Nord et Sud. Exit les forces de l’Onu et l’opération française Licorne, qui maintenait la paix.
Même le scandale des déchets toxiques déversés en septembre dernier à Abidjan s’est transformé en bonne affaire. Son bras financier, le DG du port Marcel Gossio, trempé jusqu’au cou dans l’affaire, s’en est tiré avec seulement une mise à pied de trois mois. Et toute latitude pour agréger les fonds nécessaires à la campagne électorale présidentielle de 2008. Avec en sus, le pollueur, Trafigura, qui s’est délesté de centaines de millions d’euros dans la caisse de l’État, sans que les populations touchées n’aient même vu la couleur du grisbi. Du bel ouvrage vraiment.