Deuxième épisode des aventures épistolaire de l’intermédiaire Robert Bourgi, en Françafrique.
Vétéran de la Françafrique, l’intermédiaire Robert Bourgi agite encore le marigot. Après ses petites lettres au président gabonais Omar Bongo la semaine dernière, Bakchich déterre ses missives adressées à l’entourage de feu le Maréchal Mobutu, président du Zaïre. Où l’on découvre deux qualités essentielles de cet homme de l’ombre : franchise et clairvoyance.
De passage à Abidjan ces derniers jours, chez le président Gbagbo, l’ami Robert Bourgi n’aura pas la chance de croiser son vieux copain Honoré Ngbanda Nzambo. Le bon Honoré a en effet quitté la capitale ivoirienne et son poste de conseiller militaire du chef de l’État pour rentrer au pays, le Congo Kinshasa. Dommage, cela aurait été l’occasion de se rappeler leur glorieuse collaboration passée. C’était au Zaïre (désormais RDC), du temps du Maréchal Mobutu Sese Seko. Du temps où ministre de la Défense, puis patron des services secrets du président-maréchal, le gentil Honoré reçut le doux surnom de « Terminator ». Sûrement du aux attentions particulières qu’il prodigua aux opposants zaïrois…
Heureusement Bakchich a déterré une vieille correspondance entre les deux vieux copains, datée du 17 juin 1994, qui leur rappellera de bons souvenirs (voir document-ci contre). Poussé au multipartisme et à l’ouverture « démocratique », l’ami Mobutu n’est pas plus embêté que ça. « Le vieux » nomme Léon Kengo, décision dont se félicite bien évidemment Bourgi, fort bonne pâte. « La désignation de L. Kengo va lui permettre maintenant de se consacrer essentiellement à faire briller de nouveau de mille feux le nom du Zaïre sur la scène internationale », décrit, pas servile pour un sou, l’ami Robert. Tout en précisant « je parle bien sûr du Maréchal »…
Et le même Bourgi, toujours franc du collier de se féliciter du sommet de l’Organisation de l’Union Africaine (OUA) à Tunis en 1994, auprès de son ami « Terminator ». « Je tenais à te dire combien j’ai apprécié notre séjour commun à Tunis, le contenu et les résultats fraternels de notre collaboration loyale et fraternelle, enfin et surtout le rôle essentiel tenu par le Maréchal lors de ce sommet » (sic).
Et le bon Libanais, après avoir exhibé ses contacts à la Maison-Blanche et avec Bill Clinton, de conclure avec clairvoyance. « Crois moi mon cher Honoré, mon ami fraternel dévoué, nous sommes, grâce à Dieu, arrivés au bout de nos peines ». Sauf que…. Peu après sa nomination, Kengo vire une grande partie de la communauté libanaise du Zaïre. La guerre civile renverse un Mobutu « liquide » en 1996 et le vieux casse sa pipe en 1997, la même année que Jacques Foccart, l’architecte gaulliste de la Françafrique. Tout un symbole. Un visionnaire le Robert !