L’acharnement du patron de la cellule africaine de Chirac à soutenir contre vents et marées la fable du suicide du juge Borrel en 1995 à Djibouti cache de plus en plus mal une sordide réalité : il fallait à tout prix protéger les français impliqués dans cet assassinat.
Alors que les jours de Chirac à l’Élysée étaient comptés, Michel de Bonnecorse, jusque là peu connu pour son amour des journalistes, multiplie politesses et invitations,s’évertuant à convaincre ses convives de la réalité du suicide du juge Borrel. Ses efforts ont finalement été récompensés par Paris-Match, qui, dans sa livraison du 6 juin, consacre 6 pages, oscillant entre désinformation et ragots douteux, sobrement titrées « la thèse du suicide demeure ».
Cette tardive percée mediatique n’a pas eu les effets escomptés : la juge d’instruction, furieuse, a réclamé, et exceptionnellement obtenu du parquet, après que Mme Borrel ait été reçue (le 19 juin) par Sarkozy, la confirmation de l’origine criminelle de la mort du juge Borrel. Quant au porte-parole du Quai d’Orsay, qui avait tout tenté pour valider le suicide, il souhaite désormais que toute la lumière soit faite sur cette affaire.
Chirac en personne, comme l’attestent des télégrammes saisis par la justice lors de sa perquisition au Quai d’Orsay, avait suggéré en 2005 à son homologue djiboutien Ismail Omar Guelleh de saisir la cour internationale de justice contre la France pour récupérer le dossier d’instruction et ainsi boucler l’affaire.
Ces grandes manœuvres ne sauraient avoir pour seul objet de protéger la réputation du chef d’un état qui héberge la plus grande base militaire française hors de l’hexagone. Si, comme on le murmure, le juge Borrel avait découvert , avant sa mort en 1995, quelques turpitudes de M. Guelleh, alors directeur de cabinet du président Hassan Gouled, il suffisait de l’expulser de Djibouti pour que tout s’arrête.
En revanche, le rapatriement en France de M. Borrel n’interromprait pas ses recherches sur de graves agissements de personnalités françaises… Il fallait alors le liquider sur place, avec pourquoi pas, l’assistance de M.Guelleh. L’enquête de Canal + établit qu’un français accompagnait dans sa voiture le juge Borrel dans son dernier voyage. Ce personnage n’a jamais été ni cherché ni trouvé, alors que des check points de l’armée française et de l’arméee djiboutienne ont nécessairement relevé son identité.
Combien de temps encore Ismail Omar Guelleh jouera-t-il seul les boucs émissaires ?
Bonjour et bravo, car vos articles sont toujours bien documentés.
Je voudrais juste ajouter une réserve : le témoin Alhoumekani a bien rapporté des propos qu’ils avaient entendu au Palais présidentiel djiboutien. "le juge fouineur est mort. Il n’y a pas de traces …" Le Directeur de Cabinet de l’époque, Président aujourd’hui, assistait bien à cette réunion. D’habitude, c’est au commanditaire que l’on rend compte du mandat qu’il vous a donné …
Comme vous, nous pensons que la France, si elle n’est pas impliquée directement dans la décision d’éliminer le Juge Borrel, a certainement approuvé soit en amont, soit en aval, parce qu’il y avait soit des intérêts français à protéger, soit des turpitudes franco-françaises à ne pas mettre sur la place publique.
Mais nous serions étonnés que l’affaire ne soit que franco-française …
Cordialement et continuez à nous réjouir
Jean-Loup SCHAAL ARDHD
Cher Monsieur,
Juste une précision : l’enquête qui a établit la présence d’un français dans la voiture aux côtés du juge Borrel le jour de sa mort est le résultat du travail d’une équipe de grands reporters dont font partie MM Bernard Nicolas, Jean Claude Fontan et Michel Despratx qui travaillaient à l’époque pour l’émission 90 minutes de Canal +.
L’émission ayant été supprimée de la grille de rentrée de Canal (malgré les protestations et des pétitions), la suite de l’enquête sur le dossier Borrel et cet homme (menée de façon indépendante par ces grands reporters) a été diffusée dans le cadre de l’émission Lundi investigation du 4 juin 2007 sur Canal + à 22h50.
Ce documentaire sera projeté le mercredi 27 juin 2007 à 19h00 lors de la soirée de soutien organisée par l’association Survie en présence de Mme Elisabeth Borrel et de Bernard Nicolas à l’Ageca 177 rue de Charonne, 75011 Paris (M° Alexandre Dumas ou Charonne)
Cordialement.
Mariama Keïta propriétaire du site http://assassinatsdecooperants.ouvaton.org