Big brother is punishing you

Nos amis américains sont décidément extraordinaires. Ils viennent d’interdire l’entrée du territoire américain à plusieurs membres de l’opposition libanaise et autres personnalités syriennes, sous prétexte que celles-ci « sont impliquées dans la déstabilisation du gouvernement libanais »… Sans rire, c’est un porte-parole de la Maison blanche qui l’a dit. Et s’ensuit une liste comportant les anciens ministres libanais de la Défense Abdul Rahim Mrad, du Travail Assad Hardan et Assam Qanso, de l’Information Michel Samaha, et enfin, de l’Environnement Wiam Wahhab.

Sont également visés : le directeur du renseignement militaire syrien Assef Chawkat, un conseiller du président Bachar al-Assad, Hisham Ikhtiyar et de hauts fonctionnaires du ministère de la Défense, Rustum Ghazali et Jama’a Jama’a. Et le même porte-parole ajoute, menaçant que « cette liste pourrait s’allonger dans les jours qui viennent ».

Après Guantanamo, la torture d’Abu Graîb et d’ailleurs, après les arrestations de la CIA effectuées dans plusieurs pays européens, après les survols illégaux de ces mêmes pays européens par des avions de la CIA, après les viols répétés du droit international en Irak et ailleurs, les plus grands démocrates du monde décrêtent « hors la loi » aux Etats-Unis et, en réalité aux quatre coins du monde, des opposants dont la tête et les idées ne leur reviennent pas.

Cette invention du délit d’opinion globale s’effectue, bien-sûr, en l’absence de toute espèce de réaction internationale et surtout du silence assourdissant du soi-disant gouvernement légitime du premier ministre libanais Fouad Siniora qui a déjà accepté la mise sous tutelle de son pays par les Nations unies. En effet, le tribunal international sensé juger les assassins présumés de l’ancien premier ministre Rafic Hariri a été adopté sous Chapitre VII de la Charte de l’ONU qui prévoit des mesures contraignante, sinon le recours à la force en sautant, allègrement, par-dessus le parlement et la présidence de la République libanaise.

On ne sait toujours pas, du reste, qui ce tribunal pourra juger. La Commission internationale d’enquête qui devait rendre son rapport final le 15 juin dernier joue les prolongations jusqu’en décembre prochain. Quand aux quatre responsables de la sécurité libanaise arrêtés aux lendemains de l’assassinat, ils sont toujours en détention « préventive » alors que les droits élémentaires de leur défense sont absolument bafoués dans la même silence assourdissants des autorités « légales » du pays du Cèdre.

Encore une grande leçon de démocratie versus BIG BROTHER à qui, décidément, rien n’échappe, et surtout pas le délit d’opinion. C’est bien connu depuis le 11 septembre 2001 : « si vous n’êtes pas avec nous, alors vous êtes contre nous ». Si vous ne partagez pas l’agenda américano-israélien prévu pour le « Grand Moyen Orient », vous êtes un terroriste en acte et en puissance. Opposants de tous les pays, méfiez-vous, BIG BROTHER vous regarde et pourrait, un jour ou l’autre, vous faire rentrer dans les rangs rectilignes de la mondialisation étatsunienne…