Dès le lendemain du verdict, le 13 décembre 2007, la défense d’Yvan Colonna, condamné en première instance à la réclusion criminelle à perpétuité pour le meurtre du préfet Claude Erignac, a formalisé son appel. Il y aura donc un deuxième procès. Le temps d’ici là de lire « Le procès Colonna » de Tignous et Paganelli à paraître aux éditions 12 bis le 19 juin. Un compte-rendu passionant des 34 jours d’audience dans la plus pure tradition de la chronique judiciaire.
Le procès Colonna. Feuilleton judiciaire de l’hiver dernier. Du rire, des larmes, mais aussi du sang. Puisqu’il s’agit de déterminer si Yvan Colonna, berger originaire de Cargèse, a assassiné le préfet Claude Erignac le 6 février 1998. 34 jours d’audience, du 12 novembre au 13 décembre 2007, pour finalement condamner Yvan Colonna à la réclusion criminelle à perpétuité.
Une couverture médiatique sans précédent mais pas d’images de l’intérieur (sauf sur France 3 Corse). Des commentaires en cascade de chroniqueur judiciaire en tout genre pour seule nourriture. Tignous, dessinateur à Charlie-Hebdo, et Dominique Paganelli, journaliste politique et judiciaire, ont suivi les débats pour en rendre l’essentiel. L’essentiel mais pas seulement. Les à côtés aussi. La petite et la grande histoire du procès Colonna réunie par la plume de Paganelli et le coup de crayon de Tignous.
Où l’on apprend que Me Garbarini, l’un des avocats de Colonna, occupe les temps morts en regardant la croupe d’une jolie témoin, que le président du tribunal a beaucoup d’humour, que Roger Marion est un personnage moyennement sympathique, que Jean-Pierre Elkabbach a dormi au procès, et que jusqu’au bout et de manière constante Yvan Colonna soutiendra qu’il est innocent.
L’audition de Joseph Colombani, trésorier de l’association organisatrice du concert, directeur de cabinet du président du conseil exécutif de Corse, il a assisté à l’assassinat.
Les trésors cachés des toilettes des hommes du Palais de Justice
L’annonce du verdict
« Lorsque le verdict est tombé, la famille d’Yvan Colonna s’est effondrée. Stéphane, son frère et Christine, sa sœur, en pleurs, tentaient de consoler leur père, le corps agité par les soubresauts du chagrin, le visage caché dans ses mains. Peut-on se consoler de voir partir son fils, son frère pour une réclusion criminelle à perpétuité ? Yvan Colonna, qu’on avait déjà menotté leur a lancé en Corse : « Ne pleurez pas ! » Les yeux rougis par la tristesse, les mains encombrées de mouchoirs en papier, ils ont tenté de le rassurer en lui faisant un signe approbateur de la tête. »
Certes des doutes pèsent quant à l’innocence d’Yvan Colonna, pour la simple raison, outre le fait que les tueurs du préfet l’ont cité comme étant l’assassin, qu’il s’est enfui. Mais est ce pour autant suffisant pour en faire un coupable tout désigné, lorsque l’on sait qu’il n’existe aucune preuve matérielle, aucun aveu de sa part Bien sûr, on peut me rétorquer que sa fuite est le meilleur aveu qui soit de sa culpabilité. C’est pourquoi, je propose un petit jeu de rôle. Je vais vous demander de considérer qu’il est innocent, et de vous mettre à sa place dans les mêmes circonstances… Imaginez un instant… Un haut responsable est abattu pas loin de chez vous, et vous n’y êtes pour rien. À la suite de cet assassinat, la police procède à un très grand nombre d’arrestations sans preuves bien flagrantes ; certains des hommes arrêtés restent même plusieurs mois en prison, avant d’être libérés du fait d’un dossier totalement vide. Puis, un an après le meurtre, tandis que les arrestations ne ralentissent pas, ce sont des amis à vous qui sont arrêtés, cette fois, avec des preuves formelles. Et puis, voilà qu’ils disent que c’est VOUS l’assassin. Vous faites une conférence de presse pour expliquer le contraire, mais voilà que vous découvrez, à votre grande surprise, votre photo en première page d’un magazine, avec comme texte en dessous : « Wanted, assassin »… Que feriez vous dans ce cas là ?
Bien entendu, d’autres pourraient me rétorquer que ma démonstration n’est pas suffisante. Pour cela, ainsi que pour tous ceux qui douteraient encore de l’innocence d’Yvan Colonna, je vais procéder à une liste des éléments à charges et à décharges
Eléments à charge : Les aveux des membres du commando et de leurs compagnes. La « fuite » d’Yvan Colonna (même si je viens de démonter cet argument, je comprends que certains puissent classer cela comme un élément à charge). Les rétractations, jugées, peu crédibles, des personnes précitées.
Eléments à décharge : Aucune empreinte digitale, Aucune empreinte génétique, Un relevé balistique incompatible avec la taille d’Yvan Colonna, Aucune preuve de sa présence sur les lieux (au contraire des autres), Tous les témoins sont sûrs que ce n’est pas lui, Matériellement, il n’aurait pas pu être à Aiacciu à cette heure précise, Des preuves que les interrogatoires furent menés avec des méthodes indignes de pays démocratiques. Pierre Alessandri qui avoue être le tireur, Yvan Colonna, qui nie être le tireur.
Et malgré tout cela, malgré également la présomption d’innocence, Yvan Colonna a été condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, dans le bénéfice du doute ; Ah comme ils sont beau, les Juges-soit-disant-indépendants. Pour moi, Yvan Colonna = Lincoln Burrows. C’est pourquoi, nous attendons avec impatience le procès en appel, espérant que la vérité éclatera enfin et que l’injustice cessera. À l’occasion, il n’est pas impossible que j’achète le livre.
Mes sources :
http://cumpalliols.over-blog.com/article-16471868.html
et surtout :