Avec un second tour qui mécontente le président en titre, la campagne électorale a été calme du côté des idées et agitée du côté de la sécurité. Par crainte d’un malheur, les deux candidats, Joseph Kabila et Jean-Pierre Bemba, n’ont pas quitté leur quartier général et ont mandaté leurs épouses et grands barons respectifs pour faire la tournée des électeurs. Bien leur en a pris car il était difficile de faire campagne dans le fief de l’ennemi. Le fils du défunt maréchal Mobutu qui porte les couleurs de Joseph Kabila l’a appris à ses dépens en tentant de séduire les électeurs dans l’Equateur (il est resté bloqué pendant plusieurs heures dans une radio locale), tandis que le héraut de Jean-Pierre Bemba a subi les mêmes vicissitudes au Katanga. La campagne électorale a fait environ 10 morts d’un bout à l’autre du pays bien qu’il n’y ait pas eu de débat contradictoire entre les deux candidats.
La joute électorale télévisée prévue par la loi électorale n’a pas été du goût du président sortant qui a préféré faire une interview-programme en solo. Les deux candidats ont reçu beaucoup de coups de fil et même de visites pour les convaincre du bienfait d’une élection sans violence et, par leurs intermédiaires, ils ont même signé un code de bonne conduite pour l’après élection. Le jour du vote a été d’un calme absolu, les électeurs congolais faisant preuve de beaucoup plus de maturité politique que leurs dirigeants, comme souvent en Afrique. Depuis, le suspense électoral prévaut dans une ambiance électrique…