Jacques Chirac affectionnait les visites d’État ; son successeur à l’Élysée aime les visites kleenex. Sa visite chez Idriss Déby, dimanche dernier, pour récupérer les journalistes français retenus au Tchad, aura duré trois heures en tout et pour tout (sans compter les heures de vol). Et Bakchich a cherché à reconstituer ce périple express.
À l’actif de Sarko, bien sûr, sa réactivité, sa gouaille, son culot, son goût de l’action et son sens médiatique. Au passif, les relations franco-africaines qui ne sortent pas grandies de cette petite expédition. En effet, la commission européenne et le quai d’Orsay ne cessent de répéter à leurs interlocuteurs africains : allez vers la bonne gouvernance, laissez de la marge à la justice, respectez les procédures. Envolées ces bonnes paroles dans l’affaire dite de l’Arche de Zoé : Sarko débarque à l’improviste, un dimanche ; il ne passe que trois heures sur le sol tchadien ; et le parquet local a été sommé de libérer, un dimanche, les journaleux. Et tant pis si le magistrat compétent a été remplacé au pied levé. Sarkozy est un homme pressé ; et les Africains doivent être au garde-à-vous.
Dimanche à treize heures quarante cinq, l’airbus présidentiel atterrit à N’Djaména. À son bord, outre Sarko, la délicieuse Rama Yade - sous-ministre aux Droits de l’Homme-, le conseiller Afrique de l’Élysée, Bruno Joubert, l’ineffable Martinon, chouchou de Cécilia et porte-parole, ainsi que la grande prêtresse de la com’ élyséenne et ancienne journaliste au Point, Catherine Pégard.
Le climat est tendu sur le tarmac de l’aéroport ; les diplomates français et les officiels tchadiens présents ont déjà eu vent de la dernière sortie de Sarko contre les Espagnols. Le Premier ministre espagnol José Luis Zapatero a eu l’outrecuidance d’imaginer un instant envoyer lui même un avion pour libérer les hôtesses espagnoles. Et voler, un peu, la vedette à notre président. Quelle faute de goût !
A peine arrivé au Tchad, un Sarko nerveux rencontre immédiatement le président tchadien. « Idriss… » Prénom de rigueur et tutoiement d’office. L’entretien durera une heure.
Ensuite, alors que Déby répond à la presse, Sarko en profite pour regarder les textos sur son portable. « Sarko est là pour faire un coup d’éclat, c’est tout », commente un journaliste tchadien.
L’enfer est pavé de bonnes intentions ; et les shows de Sarko aussi.