Ainsi donc, Lech Kaczynski, le président polonais est mort. Je vois des journalistes des Pompes Funèbres Générales qui pleurent à la télé. Pourrait-on glisser entre deux gros sanglots quelques réalités ?
Pour commencer par un pléonasme, mettons-nous à la place de ces pauvres Polonais, citoyens d’un pays qui n’a jamais eu de chance. Pouvez-vous partager le drame que serait pour vous, pour nous, un accident d’avion qui nous prive ainsi de Le Pen, alors qu’il est devenu président de la République Française. Mais aussi, dans ce mauvais sort sans frontières, de Manuel Valls, de Christian Noyer, de l’amiral Edouard Guillaud, de monseigneur Vingt-Trois. Je sens que, comme moi, l’énumération vous fait trop souffrir.
Étant, bien sûr, contre la mort en général et la peine de en particulier, je ne rigole que d’une dent de la chute du Tupolev polonais. Mais avouez qu’un avion plein d’élites qui s’écrase alors qu’il va pleurer sur un charnier d’élites à Katyn, même James Cameron, qui pourtant ne recule devant rien, n’oserait mettre ça dans un nouvel "Avatar"…
Ainsi donc, Lech Kaczynski, le président polonais est mort. Je vois des journalistes des Pompes Funèbres Générales qui pleurent à la télé, je leur délègue mon quota de larmes, comme le Mali son droit à polluer à la Chine. Mais pourrait-on glisser entre deux gros sanglots quelques réalités. Lech Kaczynski était carrément un type d’extrême droite, c’est-à-dire un antisémite xénophobe, hostile à l’avortement mais favorable à la peine de mort (comprenne qui pourra).
Pourquoi tant pleurer, et le faire c’est ne pas assez croire, puisqu’en bon chrétien, il est passé du ciel (celui de l’avion) au ciel, celui de Dieu, qui est son berger. Mieux, si la Pologne a besoin d’un lider maximo, Lech a un frère jumeau qui peut faire le président, et évitera de changer les photos officielles dans les édifices publics.
Vous avez remarqué qu’on lacryme assez peu sur Manuel Valls, en polonais Valls se dit Szmarjdzinski , vice-président de la Diète et candidat de la gauche à la présidentielle… Sûrement un type formidable, pourtant. Du genre « gauche décomplexée » qui trouve que « ça manque de blancs », parfois, les jours de vide-greniers en banlieue. Les autres, le gouverneur général de la Banque Nationale, le chef d’état-major des Armées, l’archiprêtre qui prêche au couvent… là il n’y a plus assez d’eau dans les glandes de nos yeux. Vous avez compris que le drame de la Pologne est irréparable. Elle en a l’habitude.
Leur gnome ne valait pas plus cher que le nôtre…
Si on prend un peu de recul historique, on se rend vite compte que la relation entre Kaczynski et l’état d’Israel ne sont que la continuité modernisée des positions antisemites qui sont une constante de la droite catholique polonaise :
In memoriam :
▪ 1918 : Sur 29 millions d’habitants, la "nouvelle Pologne" compte 19 millions de "polonais de souche", 7 millions de bielorusses, ukrainiens et allemands et 3 millions de juifs
▪ 1923 : Après l’assassinat du président Narutowicz, le gouvernement décide de « poloniser » la fonction publique et l’économie, pour en écarter les juifs.
▪ 1926 : Le pays est au bord de la faillite. Après son Coup d’État, le maréchal Pilsudski, héros des guerres d’indépendance et nouveau président met un terme au programme de polonisation et prêche la concorde entre les différents groupes ethniques et religieux.
▪ 1934 : Pacte de non-agression germano-polonais.
▪ 1935 : Après la mort de Piłsudski ; lors de ses funérailles nationales des extrémistes lancent aux juifs : « Grand-Père est mort, on va régler votre compte ». Le général Rydz-Smigly, ministre de la Défense déclare : « Les Juifs ont des buts nationaux distincts des nôtres. Ils pertubent notre évolution nationale » et préconise l’émigration des Juifs vers la Palestine (*) telle qu’elle a été prévue par la Société des Nations en 1922.
▪ (……..)
▪ 1951 : Condamnation et internement de Władysław Gomułka
▪ 1954 : Libération de Gomułka dans le cadre de la déstalinisation
▪ 1956 : Révolte des ouvriers à Poznan, Gomułka devient premier secrétaire du parti et prend le pouvoir. La « petite révolution » attribue les « erreurs » du régime pro-soviétique aux juifs qui en deviennent les boucs émissaires et sont poussés à un nouvel exode.
▪ 1966 : Millénaire du baptême de la Pologne.
▪ 1967-1968 : Il ne reste plus que 35 000 personnes d’origine juive, parfaitement assimilées, converties ou issues de mariages mixtes, mais cela n’empêche pas Władysław Gomułka, de lancer une nouvelle opération « antisémite ».
▪ 1968 : Protestations étudiantes, purge antisémite. Les trente mille derniers juifs quittent définitivement le pays ; beaucoup partent s’installer dans les pays scandinaves.
(*) On notera la convergence objective entre l’antisémitisme générique des droites Gross-Europaennes entre les deux guerres et la récupération du projet sionniste par la bourgeoisie financière et libérale de l’époque (déclaration Balfour-Rotschild).