Tout le monde réclame de la pédagogie, seul recours puisque l’opium n’est pas en vente libre et qu’on ne peut pas encabaner les manifestants comme débiles mentaux.
Dans l’Antiquité, on appelait « pédagogue » un esclave chargé d’accompagner les enfants à l’école, et éventuellement de leurs faire réviser leurs leçons. Une humble tâche, sans grand rapport avec l’art d’enseigner, ni avec les messages gouvernementaux sur la réforme des retraites. Un seul point commun : la pédagogie s’adresse à des gamins, ou à des gens qu’on prend pour des gamins.
Le problème, c’est que pour la droite, le monde se divise en deux catégories nettement tranchées : les adultes, qui aiment le Medef, qui ont des actions en Bourse, qui paient l’impôt sur la fortune (mais pas trop) et comprennent spontanément pourquoi les gens qui travaillent vraiment doivent bosser plus pour vivre moins longtemps, comme l’ont fait Liliane, Arnaut, Pinault et 2,2 millions de millionnaires français (3e rang mondial), dont la mortalité précoce indique à quel point la sueur des autres les a carbonisés ; et les autres, qui sont soit des chiens de trotskistes, soit des gamins prépubères avec deux neurones sous le capot.
C’est à ces seconds que la pédagogie s’adresse, avec un bataillon de ministres-esclaves (incapables, néanmoins, de dire à quel âge un soudeur embauché à 23 ans devra décider de rentrer mourir chez lui, ni de décrire précisément les compétences professionnelles réelles d’Hortefeux, à part nouer sa cravate). Leur tâche est simple : montrer que dans cette réforme le prolétariat est gagnant et les classes moyennes pas mal non plus. Copé, Chatel, Lefebvre, Fillon, Sarko, tout le monde demande de la pédagogie, seul recours puisque l’opium n’est pas en vente libre et qu’on ne peut tout même pas encabaner les manifestants comme débiles mentaux. Ou leur filer trois heures de colle, à ces sales gosses.
Rappelons que la dernière fois où l’on ait tant parlé des bienfaits de la pédagogie, c’était pour faire passer le référendum sur la constitution européenne, que les citoyens ne comprenaient pas bien, paraît-il. On a vu le résultat. Aujourd’hui, qui croira qu’il y a, dans ce pays, 70% de cancres abrutis, alors que selon les sondages ils ne sont que 30% à soutenir Sarko ?
A lire sur Bakchich.info :
Voilà qui est très fin …
En résumé : le pouvoir pense que ceux qui sont contre la réforme sont des cons. Et bien non, le pouvoir n’a rien compris : les cons sont ceux qui sont pour la réforme.
On est bien avancé.
Petite précision concernant les 70 % favorables au mouvement de contestation de la réforme. Ce chiffre provient d’un sondage BVA doit voici quelques chiffres :
69 % des Français approuvent les "grèves et manifestations" face à la réforme des retraites.
52 % approuvent la grève dans les transports.
46 % soutiennent le blocage des raffineries, 52 % étant contre.
Conclusions : Vive la grève sauf quand ça dérange trop (transports et essence) ! On est bien en France !