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Patrick Ramaël : un juge dans la tourmente

Justice / samedi 19 avril 2008 par Babacar Wouetu
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Réputé pour sa ténacité, le juge Ramaël est en charge de dossiers sulfureux, ce qui l’oblige à slalomer entre les peaux de banane. Après la visite de Fillon au Maroc, alors que le dossier Ben Barka rebondit opportunément, « Bakchich » dresse le portrait du juge chargé de cette affaire comme de la disparition du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer et de l’assassinat du journaliste français Jean Hélène.

Le juge Patrick Ramaël dérange et ça commence à méchamment se voir. Dernier épisode en date : l’interview que le président ivoirien Laurent Gbagbo a accordé à RFI le 18 avril. Rappelons que Ramaël instruit le dossier de la disparition en Côte d’Ivoire du journaliste franco-canadien Guy-André Kieffer il y a quatre ans. Invité à s’exprimer sur ce que lui « inspire » le fait qu’« il y a un certain nombre de témoins (NDLR : dans l’affaire Kieffer) que la justice française semble prendre au sérieux et qui semblent impliquer des membres de votre entourage », le chef de l’Etat ivoirien a répondu : « rien du tout. Cette affaire, je m’en désintéresse maintenant parce que, au début, je crois que c’était une affaire sérieuse : quelqu’un disparaît en Côte d’Ivoire. Je croyais vraiment sincèrement qu’il fallait aider à retrouver cette personne, à retrouver des traces. Mais, j’ai vu que ça tournait à la pantalonnade, et que Guy-André Kieffer, c’était donner un prétexte pour chercher à nuire au président de la République et à ses proches. Que ceux qui jouent à ce jeu là continuent. Et quand ils vont se heurter contre un mur, ils se rendront compte que c’est du temps perdu ».

La suite de son interview n’est pas triste, mieux, un véritable feu d’artifice contre le juge Ramaël. A la journaliste de RFI qui insiste et lui demande s’il s’opposera à une demande de la justice française d’entendre certains de ses « proches », Laurent Gbagbo réplique : « madame, ce n’est pas mon problème. Et si on demande à m’entendre, on m’entendra. (rires). Mais je suppose que les gens qu’on veut entendre sont majeurs, donc on leur posera la question. Pourquoi voulez-vous que pour entendre quelqu’un, on vienne demander au président de la République. Mais je veux dire qu’ils sont mal partis. C’est une querelle Ramaël (le juge en charge du dossier) qui tourne comme Don Quichotte qui se bat contre les moulins à vent. Quand ils vont voir que les moulins sont vraiment à vent, je crois qu’on passera le dossier à des gens plus sérieux ».

Des peaux de banane dans l’affaire Ben Barka

Les gracieusetés de Laurent Gbagbo à l’encontre du juge Ramaël succèdent à une jolie peau de banane glissée dans le dossier Ben Barka qu’il instruit également. En octobre 2007, le juge n’a d’ailleurs pas hésité à délivrer des mandats d’arrêts internationaux à l’encontre de puissants généraux marocains quitte à provoquer des frictions entre la France et le royaume enchanté du roi Mohammed VI.

L’affaire était sortie dans la presse le premier jour d’une visite du président Sarkozy au Maroc. Le retour de bâton aura mis cinq mois à arriver : le 14 avril 2008, le juge Ramaël a appris par la presse qu’une enquête pour « violation du secret de l’instruction » avait été ouverte il y a près de deux mois par le parquet de Paris dans le cadre du dossier Ben Barka, comme Bakchich l’a raconté.

Rappelons que c’est un certain Miloud Tounzi, visé par un mandat d’arrêt international et soupçonné par le juge Ramaël d’avoir fait partie du commando ayant enlevé Mehdi Ben Barka, qui est à l’origine de l’ouverture de cette enquête. Cocasse quand on sait que le Tounzi a affirmé n’avoir jamais été sollicité par la justice marocaine… En vertu des conventions internationales qu’elle a signées, cette dernière aurait pourtant dû exécuter les multiples commissions rogatoires internationales qui demandaient l’audition de Miloud Tounzi. La France, elle, montre infiniment plus d’empressement à satisfaire les demandes marocaines… Pour que la boucle soit bouclée, il ne lui reste plus qu’à exaucer le voeu de Laurent Gbagbo et trouver un juge « plus sérieux » que Patrick Ramaël, ce Don Quichotte qui passe son temps à se battre contre des moulins à vent…


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4 MESSAGES

Forum

  • Patrick Ramaël : un juge dans la tourmente
    le samedi 19 avril 2008 à 16:23, zadiglevizir a dit :
    leçon de civisme : un juge ne devrait pas être ou être dans la tourmente dans une démocratie digne de ce nom.
  • Patrick Ramaël : un juge dans la tourmente
    le samedi 19 avril 2008 à 12:18, Osange Silou-Kieffer a dit :

    Si le juge Ramaêl ne dérangeait pas Laurent Gbagbo je m’inquiéterais. Après avoir, la main sur le coeur déclaré qu’il ferait tout pour retrouver Guy-André, après avoir annoncé que toute la Côte d’ivoire recherchait Guy-André, après avoir déclaré que Guy-André faisait son travail et ne le dérangeait en rien, après avoir demandé à rencontrer le juge pour lui dire qu’il soutenait son travail, après avoir lui-même désigné deux personnes qui, à son avis ont une certaine responsabilité dans l’enlèvement de GAK, aujourd’hui Laurent Gbagbo raconte que mon époux s’est enlevé tout seul pour nuire à son travail exemplaire en RCI. Je suis édifiée d’entendre de telles stupidités dans la bouche de quelqu’un qu’on appelle le boulanger dans son pays ( parce qu’il roule les gens dans la farine) et que jusque là je croyais intelligent. Bien sûr Laurent, Guy-André est parti au Club Med en emmenant avec lui tous les habitants des charniers, où ils sirotent du champagne Trouillard. La Cote d’ivoire doit se libérer de toutes les dictatures… C’est bien ce que tu disais ?

    Osange Silou-Kieffer

  • Patrick Ramaël : un juge dans la tourmente
    le samedi 19 avril 2008 à 12:03, Bernard KIEFFER a dit :
    N’oubliez pas non plus parmi les "peaux de banane" jetées sous les pieds du juge Ramaël, l’éviction aussi brutale que surprenante de la Brigade criminelle, en novembre 2007, alors qu’elle l’assistait depuis près de 4 ans dans l’enquête sur la disparition de Guy-André Kieffer. L’interdiction, toujours officiellement inexpliquée, faite à la Crim’ de poursuivre sa collaboration avec le juge serait semble-t-il une réponse du berger (l’Elysée) à la bergère après les mandats d’arrêt lancés par le juge Ramaël dans l’affaire Ben Barka, alors que le président Sarkozy rendait visite au roi du Maroc. Voilà comment on "punit" un juge par dossier (affaire Kieffer) interposé, alors même que le président Sarkozy avait, le 23 août 2007, assuré à la famille Kieffer que "cette affaire est une priorité pour la France". Bernard Kieffer, frère de Guy-André
    • Patrick Ramaël : un juge dans la tourmente
      le lundi 26 mai 2008 à 21:00, Fabien a dit :

      Pour compléter ce que Bernard Kieffer a écrit, et pour une meilleure compréhension pour celles et ceux qui ne sont pas au cœur du problème, je préconise la lecture de ce court sujet :

      http://menilmontant.noosblog.fr/mon_weblog/2007/12/il-ny-a-plus-de.html

      sachant que chaque expression en rouge renvoie ailleurs.

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