Alors là, cette fois-ci, les Gaulois-socialistes vous y allez très fort. Vu de notre vieille Afrique où les guerres tribales et les conflits ethniques ne sont pas prêts de cesser, vous les socialistes franchouillards, nous vous observons avec un certain étonnement. Ce serait même de « l’étonnitude ». En seriez-vous revenus aux complexes élucubrations de vos anciens, certes respectables, de la Cité Malesherbes, les Guy Mollet, Ernest Cazelles, Deferre, Savary et Mauroy qui se disputaient pendant que le déjà archaïque Rocard exposait son col roulé avachi et ses borborygmes inaudibles.
Heureusement pour vous, Tonton Mitterrand les niqua tous et, à Epinay, rassembla enfin, tout en vous régénérant avec une jeune garde ; Joxe, Jospin, Quillés et autre Chevènement…
Aujourd’hui, près de 40 ans plus tard, et alors que Barack Obama vient de donner au monde l’exemple du rassemblement et de la réconciliation, vous nous donnez, à Reims, le spectacle, non pas d’un champagne rosé pétillant, mais celui d’une armée hawaïenne en déroute. Oh bien sur, au milieu de ce circus offert par un Parti socialiste divisé et vieillissant, les militants, les soldats de la solidarité, les combattants généreux de la base vont peut-être enfin, nous l’espérons, faire sortir la fumée blanche, celle de l’union, des propositions, de l’imagination et de l’espérance.
À Épinay ce n’était pas dans la poche, il fallut le génie machiavélique du rassembleur François Mitterrand pour que démarre enfin la grande aventure de l’union de la gauche. Malgré l’avatar Giscard 74, il y eut votre panthéonesque 1981, moment historique où se réunirent les forces du centre, de gauche, des communistes, de l’extrême gauche, et même de quelques amis du grand JacquO, Santiago-Chiraco d’un jour , pour que la France soit débarrassée de Monsieur d’Estaing.
A cette époque un quelconque SarkocO n’en appelait pas aux mannes de Jaurès et de Blum. Un quart de siècle à passé. Le libéral Kaïser SarkocO est devenu étatiste, et bientôt pourquoi pas, marxiste-léniniste, ou, en tout cas, refondateur du capitalisme. Tant qu’à faire, les gauches françaises feraient sans doute bien de refonder une nouvelle force de radical-socialisme, que vous appelez, semble-t-il, la sociale démocratie. Permettez à vos sœurs et à vos frères africains de rappeler aux antiques gaulois, avec l’affection que nous vous portons, que vous n’êtes ni des rosbifs genre Tony Blair, ni de blonds suédois style Olof Palme…
Renvoyez Jospin dans son Ile de Ré, Mauroy dans son Sénat où il coule une riche retraite. Laissez donc l’autre sénateur, Mélenchon, bâtir le socialisme du 19ème siècle, et puisque Strauss-khan se divertit et nous amuse au FMI, à Washington, envoyez donc aussi le toujours vieux jeune Fabius exercer ses talents de solitaire paradoxal dans la recherche extraterrestre. Rénovez, féminisez, ouvrez le parti socialiste à des énergies jeunes et dynamisantes : écoutez avec attention la révolte qui gronde dans votre pays fatigué. Cessez d’être condescendants et même arrogants, redevenez ce que la gauche française n’aurait jamais du cessé d’être, une force de foi inébranlable en l’avenir.