Le choix par Barack Obama d’un pasteur intégriste anti-avortement et homophobe pour dire la prière lors de son investiture du 20 janvier révulse les progressistes américains.
Depuis des semaines, une tempête médiatique souffle aux Etats-Unis et risque de ternir l’investiture de Barack Obama le 20 janvier prochain. Peu avant Noël, le président élu a annoncé qu’il avait choisi le révérend Rick Warren pour réciter la prière lors de ce moment clé de l’entrée en fonction d’un nouveau président.
Le choix de Warren pour accomplir cette tâche ô combien prestigieuse et symbolique a immédiatement déclenché de véhémentes protestations. Non seulement Warren est un prédicateur intégriste chrétien mais c’est aussi (et surtout) un bigot sectaire pour qui homosexualité rime avec pédophilie et inceste et qui compare le droit à l’avortement à l’Holocauste. Sans parler du fait que, pour lui, les Juifs seront privés de paradis !
Grand ours bedonnant à la barbichette bien taillée et amateur de chemises hawaïennes aux couleurs criardes, le révérend Warren, 54 ans au compteur, est le pasteur de la Saddleback Church. Cette vaste église — c’est la cinquième plus grande congrégation des Etats-Unis — se trouve dans le comté d’Orange, en Californie. Elle est réputée pour être le fief des conservateurs blancs et les gays n’ont pas le droit d’en devenir membres.
Warren est la star montante de l’intégrisme « moderne ». Ses prêches télévisés sont ultra populaires et son livre sur le développement personnel (un ouvrage qui abonde en banalités bibliques) s’est récemment vendu à plus de 40 millions d’exemplaires partout dans le monde. S’il est passé maître dans l’art du marketing style « New Evangelicals », derrière son sourire constant, Warren est un intégriste de la droite chrétienne pure et dure. Interrogé par le Wall Street Journal sur la différence entre lui et James Dobson, le principal leader de la droite évangélique, il a répondu que la seule différence était le « ton ».
En 2004, Warren a fait campagne en faveur de George W. Bush et des républicains, envoyant des centaines de milliers de courriels aux électeurs intégristes pour leur dire d’effectuer leurs choix électoraux en favorisant les candidats hostiles à l’homosexualité et à l’avortement. Selon un article d’août 2008 paru dans l’hebdomadaire Time, "The Global Ambition of Rick Warren" (l’ambition globale de Rick Warren), après la victoire de Bush, il a cherché les conseils des leaders conservateurs sur comment accroître son influence au sein du parti républicain et ambitionnait de devenir le « pasteur officiel » de ce parti conservateur. Mais avec la victoire d’Obama et des démocrates, il cherche aujourd’hui à se recentrer sur l’échiquier politique.
Son rêve est de devenir le nouveau Billy Graham, un évangéliste connu pour remplir des stades de football avec des chrétiens « born again » (nés de nouveau) et qui était le conseiller privilégié de tous les présidents américains, depuis Harry Truman en 1948. Aujourd’hui, Graham a 90 ans et souffre de la maladie de Parkinson ainsi que d’un cancer.
L’année dernière, Warren a soutenu avec succès le référendum en Californie qui a aboutit à l’interdiction du mariage gay après que la Cour Suprême californienne l’ait légalisé. Il a comparé cet acte à « un mariage entre un homme et un enfant » et a menti en affirmant que donner le droit au mariage aux couples du même sexe revient à interdire la liberté de parole de l’église et à faire taire le clergé .
Le tollé soulevé par choix du révérend Warren par Obama ne se limite pas aux seules associations gays et lesbiennes. Le puissant membre du Congrès Barney Frank, président de la commission des finances de la Chambre des représentants (par qui tous les plans de sauvetage de Wall Street sont passés), qui a fait son coming-out il y a une vingtaine d’années, a déclaré qu’il trouvait le choix de Warren « insultant ». Avant d’ajouter que « la sélection d’un religieux pour remplir cette mission a toujours été considérée comme une marque de respect et d’approbation par le président qui prête serment ». Barney Frank a également déclaré que « Warren n’a pas droit à la place d’honneur lors de la cérémonie d’entrée en fonction d’un président qui a soutenu les droits civiques des lesbiennes et des gays et bénéficié de l’appui de la majorité de ceux qui soutiennent cette bonne cause ».
Dans sa chronique dominicale du 28 décembre dernier dans le New York Times, Frank Rich écrivait : « quand Obama défend les paroles de Warren en les qualifiant d’exemple de « la variété de points de vue » dans « une Amérique diverse, obstinée et bruyante » c’est bien joli mais c’est faux car Obama sait très bien qu’un « point de vue » qui diffame une minorité en l’associant à un crime sexuel comme la pédophilie est inacceptable. »
Et dans le Washington Post, le chroniquer Richard Cohen écrivait quelques jours plus tôt que le choix de Warren par Obama était le symbole « d’une incapacité ou d’une réticence à être un leader moral » car il « exalte l’ignorance qui a mené et qui mènera à la discrimination et à la violence. »
Le révérend Warren n’est pas seulement l’ennemi juré des homosexuels, il est aussi un réactionnaire théologique primitif qui rejette la théorie de l’Evolution et croit que l’homme a marché sur terre avec les dinosaures. Il s’oppose également au droit à l’avortement mais aussi à la recherche médicale sur les cellules souches et prêche pour que les femmes se soumettent aux hommes, leur obéissant au doigt et à l’oeil.
Pourquoi Obama a-t-il choisi cet énergumène pour dire la prière lors de son investiture ? Ce n’est que le premier pas vers la réélection du nouveau président (en 2012) car Obama cherche à caresser dans le sens du poil les sensibilités des électeurs évangéliques qui ont massivement voté contre lui, en choisissant un de leurs préférés. Il veut ainsi aussi faire oublier ses liens avec son ancien pasteur, le controversé Révérend Jeremiah Wright, qui est tant haï par les intégristes et a failli faire dérailler la campagne électorale du président élu.
Ce n’est pas la première fois que, pour des raisons électorales, Obama jette en pâture les gays et lesbiennes. Pendant sa campagne pour la primaire — cruciale —de Caroline du Sud, le candidat a lancé une « Faith and Familiers Tour » (une tournée « foi et familles ») avec comme vedette un prédicateur noir qui est aussi un star de la musique gospel, le révérend Donnie McClurkin.
Ce dernier est un homophobe notoire qui se proclamait « en guerre » contre « la malédiction de l’homosexualité. » Le révérend McClurkin est lui-même un prétendu « ex-gay » qui prêche que « Dieu peut guérir » les croyants de l’homosexualité. Un des anciens amants de McClurkin a révélé par la suite qu’en dépit de sa « guérison » le prédicateur a continué d’avoir de relations sexuelles avec lui et avec d’autres hommes…
En dépit des protestations massives de ses supporters gay et lesbiennes, y compris la démission de Bob Farmer, un de ses principaux collecteurs de fonds et qui est homosexuel, Obama a maintenu la tournée avec ce bigot de McClurkin, espérant ainsi faire d’une pierre deux coups car, en Caroline du Sud, les électeurs noirs aussi bien que les électeurs blancs sont en grand majorité des intégristes qui vouent une haine féroce aux homosexuels. Et avec l’aide de McClurkin, Obama a gagné dans cet Etat.
Aujourd’hui, avec le choix du bigot Warren pour bénir le début de sa présidence devant les caméras de télévision lors une cérémonie qui sera regardée par un nombre record de téléspectateurs, Obama récidive avec cynisme et hypocrisie. Ecœurant mais guère surprenant.
De plus, il ne faut pas oublier que pendant sa campagne présidentielle, en 2008, Barack Obama a promis de continuer et d’élargir les « faith-based initiatives » (initiatives de la foi), le programme de subsides octroyés par le gouvernement fédéral aux églises et inventé par Karl Rove, le « cerveau » politique de Bush, pour renforcer leur soutien au parti républicain.
Obama est un ancien professeur de droit constitutionnel et doit pertinemment savoir que ce programme viole la « séparation de l’Etat et de l’église » prescrite par la Constitution américaine. Mais maintenant qu’il a choisi Rick Warren pour consacrer sa présidence, les « faith-based initiatives » d’Obama risquent de se teinter des mêmes couleurs conservatrices que celles de Bush.
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Venem, s’il y a des homos qui vivent sous antidépresseurs c’est sans doute beaucoup plus à cause des homophobes qui leur pourrissent quotidiennement la vie qu’à cause d’une punition de Dieu. D’ailleurs si Dieu existe il a créé les humains tels qu’ils sont et je ne vois pas pourquoi il les punirait d’une attirance dont lui seule est responsable, car l’orientation sexuelle n’est pas un choix mais une nature.
Je ne sais pas d’où vous sortez, Venem, mais franchement retournez-y, votre commentaire exhale des vapeurs particulièrement dérangeantes. Si votre foi ne vous porte qu’à vouloir la mort et la souffrance de vos semblables, vous êtes un bien triste sire.
Etre homophobe, c’est haïr les homosexuels. C’est un choix, c’est une opinion, et cela peut mener à des actes de haine : meurtres, violences, insultes.
Etre homosexuel, c’est avoir une inclination naturelle vers des personnes de même sexe que soi-même. C’est un état de fait qui ne peut pas, à ma connaissance, être changé. Cela fait partie de la nature d’une personne.
Les homosexuels ne demandent rien d’autre que de vivre en paix et de bénéficier des mêmes droits que les autres. Pas plus de droits, pas moins de droits. Les mêmes droits que les autres. Ils ne font de mal à personne.
L’homophobie, comme le racisme et l’antisémitisme, c’est de la haine gratuite. Vous avez le droit de haïr, mais vous ne faites qu’assombrir votre vie et celle des autres.
La Bible condamne en effet l’homosexualité. Elle condamne aussi la consommation de fruits de mer, en disant que c’est une abomination. Il y a beaucoup de choses périmées dans la Bible, par contre il y a un message d’amour et de tolérance, prêché par Jésus, qui est bien peu souvent respecté.
Quant à l’assimilation homosexualité-pédophilie, il faut rappeler que ce sont deux attirances qui ont tendance à choquer la morale de certaines personnes. Voilà tous leurs points communs. Pour le reste, la relation homosexuelle est entre deux adultes consentants, alors que la relation pédophile est entre un adulte et un enfant, et que cette relation est condamnée par la société qui y voit un danger pour l’enfance. Rappelons que ce n’est pas pour autant que les pédophiles sont par nature des monstres : il faut juger les gens sur leurs actes, et pas sur ce qu’ils sont à la base. Ainsi il y a des pédophiles qui ont commis des horreurs, et il y en a qui ne feront jamais rien de mal. Personne n’est responsable de ses attirances.
L’existence de l’homosexualité n’a jamais blessé ni traumatisé personne : les homosexuels se portent très bien, merci pour eux, enfin ils se porteraient bien s’il n’y avait pas autant d’homophobes.
Donc, par pitié, stop à la haine. Nous sommes tous des humains.