Les six principales compagnies aériennes sud-africaines salivent à l’approche de l’ouverture de la Coupe du Monde de foot. Mais les autorités redoutent que cette aubaine s’accompagne d’entente anti-concurrentielle et de tarifs folkloriques.
A l’initiative du cabinet du président Sud-Africain Jacob Zuma, une enquête a été lancée en novembre 2009 par la Commission de la Concurrence sud-africaine sur une présumée entente entre les six principales compagnies aériennes du pays qui salivent et se frottent les ailes à l’approche de l’ouverture de la Coupe du Monde.
Visant uniquement au départ la compagnie South African Airways (SAA) l’enquête vient d’être étendue à BA/Comair, 1Time, SA Airlink, Mango et SA Express. Le Commissaire à la Concurrence Shan Ramuruth vient de fournir quelques explications sur les raisons des vérifications entreprises : « La Coupe du Monde est l’occasion rêvée pour donner au monde un aperçu de la compétitivité de notre pays. Une opportunité qui pourrait avoir des effets bénéfiques bien au delà de l’événement lui-même. Mais il se pourrait aussi que, profitant de l’aubaine, certaines entreprises adoptent des conduites anti-concurrentielles. Il est donc légitime que la Commission se penchent sur toutes les plaintes allant dans ce sens ».
Ce sont environ 2000 vols intérieurs quotidiens qui sont attendus pendant le mois que va durer la compétition. Un gâteau que les compagnies semblent vouloir se partager à l’avance. Dans l’entourage présidentiel, on a déjà une idée assez précise des majorations de tarif auxquelles vont se livrer les compagnies aériennes.
D’ailleurs, les premières investigations menées au sein de la compagnie SAA ont déjà révélé l’existence d’e-mails échangés avec une autre compagnie qui ne laissent planer aucun doute sur les mauvaises intentions des transporteurs. Les premières découvertes ont laissé les Commissaires sans voix : en substance, puisqu’elles ne sont pas encore en mesure de déterminer les vols qui seront les plus demandés, les compagnies envisagent de fixer tous leurs prix au tarif « haute fréquentation » quitte à consentir des rabais « coordonnés » lorsqu’elles y verront plus clair, voire même de ne communiquer aucun tarif de vols intérieurs avant l’ouverture de la compétition !
Aux dires de la FIFA, les Anglais ont déjà réservé près de 45 000 billets pour les matchs. Ils vont donc fournir le gros des visiteurs européens et sans doute, des victimes des tarifs folkloriques des compagnies aériennes. Le premier match de l’Angleterre contre les USA le 12 juin, aura lieu à Rustenburg. L’aéroport le plus proche est l’aéroport Kruger Mpumalanga, certes « international » mais de capacité limitée. De nombreux visiteurs étrangers arriveront évidemment à l’aéroport international de Johannesburg.
D’après le site Expedia, 4 mois avant l’ouverture, le meilleur tarif pour un billet aller-retour Londres-Johannesburg était à 1 027£ (1135 euros) sur Kenya Airlines avec une escale super sympa au Kenya, d’une durée réservant sans doute quelques surprises en fonction du degré d’encombrement du ciel aérien sud-af’ à partir de début juin… Le vol direct le moins cher sur SAA coûte 50% de plus que le premier prix sur British Airways qui est déjà de 2 607£ (2882€) et ce, sans explication véritablement convaincante.
Gonflé, un porte-parole de la compagnie a toutefois indiqué « qu’elle est toute disposée à coopérer avec la Commission et de s’engager à se conformer strictement aux dispositions de la loi sur la Concurrence en échange d’une application nuancée des textes en matière de sanctions… » Ben voyons…
Pour sa part, SA Express conteste les accusations d’entente illégale proférées par les Commissaires : « SA Express n’est nullement impliquée dans quelque entente sur les prix que ce soit avec d’autres compagnies pendant la Coupe du Monde. Elle reconnaît seulement avoir mené des discussions exploratoires , sous le patronage du ministère des Transports, en vue d’adapter sa flotte aux prévisions de trafic. Elle souligne enfin que même si SA Express et SAA entretiennent des partenariats stratégiques, elles demeurent des sociétés indépendantes… ». C’est toujours mieux en le disant…
Les autres compagnies sont restées muettes jusqu’à présent sur les découvertes de la Commission. Bizarrement, c’est British Airways qui vient de faire une petite mise au point qui pourrait bien cacher un problème bien plus vaste : « C’est Comair et non British Airways qui fait l’objet d’une enquête de la part de la Commission de la Concurrence Sud-africaine. Comair est une compagnie indépendante basée en Afrique du Sud, franchisée de British Airways pour certains services… ».
Ce qui est certain en tous cas, c’est que la tarification aérienne entre l’Afrique du Sud et le reste du monde est plus opaque que jamais en cette année de Coupe du monde.
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