Après la messe célébrée à Lourdes par Benoît XVI le 15 septembre dernier, une pièce sacrée a disparu. Vent de panique, un évêque accuse les flics, et les enquêteurs un fétichiste.
Lourdes est vraiment une ville épatante. Miraculeuse. On peut y apparaître, ce qui est connu, et disparaître, ce qui l’est moins. Cette certitude nous vient de la lecture de La Raison, Le mensuel de la Libre Pensée. C’est dire que l’irrationnel n’a rien à voir dans ce récit ! Voilà l’histoire que rapportent les bouffeurs de curés. Le 15 septembre, juste après la messe célébrée par Benoît XVI dans la « cité mariale », une pièce de « vaisselle » a disparu. L’objet sacré, dérobé donc, est un plateau en vermeil ordinairement destiné à recueillir des burettes qui en ont bien besoin. Une vaisselle historique qui appartient à la « chapelle de Monseigneur Laurence », pieuse batterie de cuisine, elle-même ordinairement confiée aux saintes mains des frères du monastère de Garaison, en vertu d’une vieille réputation qui veut que Garaison sait garder.
A la disparition du plateau, l’évêque de Tarbes, Jacques Perrier, se fâche et accuse jésuitiquement les flics d’avoir piqué le vermeil : « Il semblerait que le vol ait eu lieu en fin de messe, au moment où les sacristains sont entrés dans la basilique et ont été bloqués par la sécurité au moment d’en ressortir… ».
Jean-François Delage, le préfet des Hautes-Pyrénées, n’apprécie pas une fielleuse insinuation qui ne relève pas de la charité. Il répond donc à l’évêque : « Cette allégation laisse sous-entendre que c’est l’intervention éventuelle des services de sécurité qui aurait favorisé la disparition ou le vol d’un objet liturgique. Je tiens à vous faire part de mon étonnement devant de tels propos qui semblent mettre en cause les services de police… Aucune personne privée n’est en droit dans la République, de laisser entendre ou supposer des responsabilités à l’égard d’actes pénalement réprimés, sauf à s’exposer à une mise en cause pour diffamation… ». Et « paf », « casse-toi Monseigneur ».
Il est essentiel que vous sachiez que le saint plateau est doublement sacré, puisqu’il a appartenu à l’évêque Laurence, celui qui a homologué les apparitions de Bernadette Soubirous. Et, plus grave en la vermeil matière, nous sommes ici dans une récidive, puisqu’en 2004, lors d’une messe célébrée par le regretté Jean-Paul II, c’est une nappe d’autel qui a disparu !
Après avoir visionné les images de la télévision, en vain, les enquêteurs se posent la question : « Ou nous avons à faire à un fétichiste, ou à un voleur ? » Pour l’instant, en dépit de l’appel lancé à Saint-Antoine, ce patron des objets perdus, le plateau voyage toujours. Il galope comme la dette laissée derrière lui par le très Saint père après son départ de France. Même si le JDD a alors titré, en une, « Génération Benoît XVI », constater la mobilisation n’a pas suffi. Il manque plein de fric dans les caisses. Selon des informations parues dans la presse catholique, « il manque encore un million d’euros » pour payer la facture du séjour papal. Passage qui, à la seule ville de Lourdes, a coûté 450 000 euros. Les quêtes ont rapporté 103 234 euros, les dons directs 344 166 euros, la location des sièges dans « le carré des pliants » 181 050 euros et les droits télés 34 748 euros. Mais tout ce bel argent n’est pas assez ?
Quant aux Libres penseurs, ils ont écrit à Nicolas Sarkozy, enfin, de se mettre en garde contre un massif apport d’argent d’Etat à ce qui serait un denier du culte. Le président n’a pas répondu…
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