Tous les six mois, le collectif Morts dans la rue organise une cérémonie d’hommages pour les SDF décédés durant cette période. Bribes d’histoires d’hommes et de femmes exclus, témoignages touchants. Reportage
En seulement six mois, ils sont 247 à avoir succombé au froid, à la maladie, à l’alcool, aux meurtres, aux accidents et parfois à la vieillesse. Leur moyenne d’âge atteint seulement 46 ans, trente ans de moins que la moyenne nationale. Ces SDF, toujours plus nombreux à peupler nos pavés et à y laisser leur peau, sont honorés au moins deux fois par an par le collectif Morts dans la rue.
Cette association regroupant 40 organisations en métropole, compte à Paris 300 bénévoles. Ils organisent des funérailles, assistent les personnes en deuil, recueillent quand ils le peuvent les noms et les âges des défunts. Ils ont choisi cette année la place de Stalingrad à Paris. 247 noms sont écrits au sol dans plusieurs rectangles. Les franciliens dominent les chiffres. Les hommes aussi.
Point noir le décès de neuf enfants parmi les victimes. Les bénévoles se succèdent tour à tour pour dire leurs noms, évoquer des parcours, dire leur désarroi face à l’irrémédiable. Pas d’homme ou de femme politique pour venir dire un mot, ou même faire acte de présence. Même l’association de quartier les a oubliés. Elle avait pourtant promis de préparer un pot de l’amitié avec vivres et boissons. Pas là, comme un signe. Tant pis, la cérémonie se termine gaiement, sans catastrophisme, la vie avant tout. Des musiciens de rue poussent leurs vieux instruments et chantent les refrains de Paris.
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