Nouveau ralliement de poids pour Nicolas Sarkozy, le triple champion d’orthographe du Cameroun a pris fait et cause pour lui…
« J’ai fait flotter le drapeau du Cameroun sur le continent africain dès l’âge de seize ans, puis aux Nations Unis à l’âge de dix-huit ans, dans l’enceinte prestigieuse où sont passés les Kennedy, De Gaulle, Khrouchtchev, Castro. Je me fais une très haute idée de la fonction présidentielle ». Celui qui s’exprime ainsi s’appelle Jean-Paul Yongui. Trois fois « champion d’orthographe » du Cameroun, il avait été envoyé, le temps d’une dictée, pour représenter son pays au siège de l’ONU. C’était le 11 février 1992.
Auréolé de ce passé prestigieux que la France a « traîtreusement » effacé des mémoires pour éviter de reconnaître les services immenses qu’il a rendu à la langue française, le « jeune prodige Camerounais de l’orthographe », aujourd’hui professeur à Yaoundé, a décidé de prendre sa plus belle plume pour défendre Nicolas Sarkozy. On peut ainsi, depuis quelques temps, acheter dans les kiosques camerounais une belle brochure sur papier glacé sobrement intitulée « Présidentielles françaises 2007 » mais intégralement consacrée à la gloire du candidat UMP.
Pour 1300 Cfa (2 euros), le brave Jean-Paul nous dévoile comment il est tombé sous le charme : « J’ai attentivement suivi le discours et l’action du prodige de la droite jusqu’à ce que le phénomène Sarko embrase le monde. Depuis de Gaulle et Mitterrand, personne n’a ainsi parlé de la France (…) Je compte sur Sarkozy pour nous faire retrouver la France orgueilleuse – au bon sens du terme – qui opposait Fantômas de Louis de Funès à Superman, qui brandissait Alain Delon et Jean-Paul Belmondo en réplique à John Wayne et Clint Eastwood ». Une certaine idée de la France…
Et le cri du cœur se poursuit ainsi sur une douzaine de pages parsemées de photos de la tour Eiffel, du candidat vénéré et du modeste auteur. Une argumentation serrée où l’on apprend, en vrac, pourquoi « le parti socialiste joue avec le feu » avec « une candidature populiste fabriquée de toutes pièces », pourquoi Sarkozy a « dix mille fois raison » de « rassurer » l’extrême droite, et pourquoi – sujet capital – l’amour des Français pour leur ministre de l’Intérieur a provoqué une « crise de jalousie » chez le chanteur d’origine camerounaise Yannick Noah [1]… « J’en profite, ajoute-t-il, soucieux de rendre son analyse politique tout à fait complète, pour tordre le cou à l’argument de la taille pour la fonction présidentielle . La polémique autour de la complexion staturo-pondérale [2] de Nicolas Sarkozy montre bien que ses adversaires sont à quia et aux abois. » Et toc !
Au terme de cette éblouissante démonstration, on s’interroge sur les raisons d’un tel déploiement d’énergie et de papier glacé. « Chercherais-je à susciter quelquefois la pitié des puissants ? », demande celui qui se considère comme « un homme de culture » injustement méprisé. Car rappelle-t-il, « À moi seul, je constitue un poids sur la conscience de la France. Mon histoire est le sujet tabou que la presse française, toutes tendances confondues, a occulté de toutes ses forces depuis une décennie ». Réponse donc : « Je revendique simplement mes droits. Mon activité intellectuelle est comparable à celle d’un footballeur de très haut niveau qui se retrouve injustement en 3e ou 4e division. C’est asphyxiant et je suis légitimement excédé d’attendre ». Il est des cris du cœur qui ressemblent fort à des appels du ventre.
[1] Yannick Noah avait été censuré par Paris-Match après avoir déclaré : « si jamais Sarkozy passe, je me casse » (Canard enchaîné, 21 décembre 2005)
[2] Comme chacun sait, Nicolas est petit. « Pour qu’une photo de lui soit bonne, il faut travailler baissé », explique par exemple le photographe Raymond Depardon (L’Express, 16 mars 2006)