Éva Joly , l’ancien juge star des affaires Elf et Crédit Lyonnais a conservé son sens du timing et des médias. Son livre, la force qui nous manque (Les Arènes) sort le 25 mai et hop, une petite déclaration tonitruante dans la presse. Sur un thème porteur et pas encore éculé, quoique pas neuf, l’inceste sarkozo-médiatique. Ça fait un buzz, vaut quelques dépêches, le tout en sus d’une interview à Paris-Match. Un bon lancement de bouquin, cocktail vie privée-vie publique- lutte contre la corruption-considérations de comptoir un tiers mondiste-deux tiers mondain, un brin agaçant mais pas inintéressant.
La sémillante Éva a fini sa mue. À l’étroit sous la robe de magistrat, ses fines ailes de grande imprécatrice anti-corruption se sont déployées dans le tailleur de conseillère du gouvernement norvégien. Une tâche fort honorable au demeurant, qui l’amène à voyager six mois sur douze de par le monde à la chasse au bakchich. Rencontre avec les puissants, titillage des administrations, photos dans les journaux du monde.
Bref un régal pour Éva, jamais lasse ni tendre avec sa ville d’adoption, « Paris, qui n’a rien à envier à l’Italie de Berlusconi » (p.122). La saillie naît dans le bien nommé chapitre des « invulnérables », délicieuse description de ses face à face avec les grands noms qu’elle a croisés dans son bureau. « Il y a le comédien » Bernard Tapie, « le poète » François Léotard , « l’ancien combattant » Jean-François Pagès, « le fils qui fait mentir sa mère » Le Floch Prigent, « le médaillé » Alain Guillon, ou Roland Dumas « le plus célèbre d’entre eux ».
Mais que tout cela paraît loin à Éva. Si bien que ses souvenirs s’estompent, quoi de plus normal. À propos d’un autre « invulnérable », André Tarrallo, l’ancienne magistrate plaide, si ce n’est sa cause, du moins de ne l’avoir mis en détention. « J’ai devant moi une caisse noire (…) ressorti libre de mon bureau »(p.108). Touchée par la sincérité du septuagénaire ? Oui-da. « Il est de tous ceux que j’ai eus en face de moi, le seul qui n’ai pas nié l’évidence ». Et a gagné la « confiance » du juge. « Je décide seule, contre l’avis du parquet, de faire confiance à Tarallo »(p.108)… oh la belle histoire, qui fait déjà rigoler les anciens protagonistes de l’affaire Elf. Notamment côté africain où Bakchich s’en est allé glaner des précisions. En somme, dans le maelström Elf, « tout le monde s’est mis à charger tout le monde ». Le bon Dédé Tarallo, homme lige d’Elf en Afrique s’est fait balancer, tout simplement par André Guelfi, dit Dédé la Sardine. Un petit jeu de Dédé en somme, arrivé aux oreilles d’Alfred Sirven. Et le vieil Alfred, encore vert, « sonne immédiatement l’alerte », avant de prendre la poudre d’escampette. Sur le pont, les affidés de Tarallo préviennent le président gabonais Omar Bongo, qui n’a qu’un coup de fil à passer à son ami Chirac. Histoire de mettre un coup de pression et de déstresser Dédé avant son interrogatoire. La méthode fait ses preuves. « Ce jour-là il est calme. Ses avocats aussi » (p.108). Et ressort libre.
c’est le coeur serré que je vais apporter ma première contribution (polie et argumentée) à ce site que je lis depuis de longs mois maintenant…. en effet, je n’écris ces mots que pour m’interroger sur les quelques erreurs d’orthographe apparemment déja corrigées hier mais dont j’aimerai connaitre l’ampleur (abominable ?!?). ceci afin d’apprécier un peu mieux celles que je découvre encore aujourd’hui (quelle mesquinerie de ma part, quand même !! ).
liste en vrac et peut être non exhaustive : "les grands noms qu’elle a croisé s " "l’ancien ne magistrate plaide " "Touché e par la sincérité du septuagénaire ? "
evidemment cela n’entame en rien mon plaisir de vous lire et Bakchich n’est pas prêt de sortir de "Mes Favoris". cela n’était qu’un prétexte pour vous passer le bonjour et vous féliciter pour votre boulot en passant. à+
* La rupture est-elle possible quand le dictateur gabonais Bongo est officiellement reçu à l’Elysée ?
« Je veux lancer un appel à tous les Africains, un appel fraternel pour dire à l’Afrique que nous voulons l’aider ; aider l’Afrique à vaincre la maladie, à vaincre la famine, à vaincre la pauvreté, à vivre en paix… » Telles sont les paroles du président de la République Française nouvellement élu, à l’adresse de l’Afrique. Ces paroles sont belles et pleines d’espoir pour un continent grand et puissant mais meurtri, riche mais spolié, regorgeant d’un potentiel humain capable de lui assurer une bonne gouvernance, mais étouffé par une tyrannie très souvent liée à une certaine politique « françafricaine ». Une politique constituée de « réseaux d’intérêts » non pas d’Etat à Etat, mais reposant sur des « intérêts personnels et individuels ».
On a souvent dit que cette politique française était paternaliste. Cela à bon droit, compte tenu de certains rapports très particuliers que les chefs d’Etat de la V ème République Française depuis Charles De Gaulle, jusqu’à Jacques Chirac, en passant par Georges Pompidou, Valéry Giscard D’Estaing et François Mitterrand ont entretenu avec des chefs d’Etat africains, tels Félix Houphouët Boigny, Jean Bedel Bokassa, Mobutu Sésé Séko, Gnassingbé Eyadema, Omar Bongo…dont l’autocratie et la mauvaise gouvernance sont aujourd’hui reconnus de tous. Certes la plupart des despotes cités ne sont plus de ce monde, mais la politique française n’a pas pour autant changé d’un iota avec leurs successeurs. Une politique faite d’accords et d’arrangements aux contours louches, qui n’avaient d’autres ambitions que de sauvegarder les intérêts des uns et des autres. Pour tout dire, une politique complètement ignorante des intérêts de leur peuple respectif.
Par conséquent, cette maladie, cette famine, cette pauvreté, cette absence de paix dont parle le nouveau président français, relèvent aussi et surtout de la responsabilité de la France. Si donc le président Nicolas Sarkozy veut aider à résoudre ces problèmes en Afrique, ce n’est que justice, car il permet à la France de se racheter du mal qu’elle a fait à ce continent.
Cependant, il ne s’agit pas ici, d’incomber à la France tous les maux qui pèsent sur l’Afrique. Nous africains aussi avons une part de responsabilité dans ce branle-bas. Néanmoins, nul n’est sans savoir que la politique en Afrique est pilotée depuis la fameuse « cellule africaine » de l’Elysée via les institutions de Bretton Woods. C’est donc dire que la France a à voir avec ce qui se passe en Afrique.
« Je veux leur dire que nous allons décider ensemble d’une politique d’immigration maîtrisée et d’une politique de développement ambitieuse » dit aussi monsieur Nicolas Sarkozy. De fait, la question de l’immigration est intiment liée aux maux que le président français a lui-même évoqué plus haut, c’est-à-dire la maladie, la famine, la pauvreté, l’absence de paix . Or si cela est vrai, c’est la politique africaine de la France qui est aussi remise en cause, car tout est lié. Nous sommes donc d’accord avec le président français de la nécessité non pas d’une « immigration choisie », mais, en effet, d’une « immigration maîtrisée » qui ne peut être que la conséquence d’une vraie politique de co-développement qui ne se caractérise pas par une politique d’assistanat ou de soutien déguisé à des dictatures, mais qui se réalise dans une exigence de résultats des chefs d’Etat africains en matière de bonne gouvernance.
Le président français dans sa même allocution, a également dit : « Je veux lancer un appel à tous ceux qui, dans le monde, croient aux valeurs de la tolérance, de la liberté, de la démocratie, de l’humanisme. A tous ceux qui sont persécutés par les tyrannies et par les dictatures, je veux dire à tous les enfants à travers le monde, à toutes les femmes martyrisées dans le monde, je veux leur dire que la fierté et le devoir de la France sera d’être à leurs côtés (…) La France n’abandonnera pas les femmes qui n’ont pas la liberté, la France sera du côté des opprimés du monde… » L’Afrique se reconnaît bien dans ce décor évoqué par le président Nicolas Sarkozy. En effet, elle a soif de démocratie, mais elle est « persécutée par des tyrannies et des dictatures ». Ses enfants et ses femmes sont « martyrisés » par la faim, la misère, la maladie, la guerre… Nous espérons bien que le président Sarkozy tiendra parole et n’abandonnera pas l’Afrique dans ses fléaux.
Enfin, le président français dit dans sa déclaration : « Le peuple français s’est exprimé. Il a choisi de rompre, de rompre avec les idées, les habitudes et les comportements du passé. » En ce qui concerne l’Afrique, cette rupture avec le passé que nous attendions depuis très longtemps doit se concrétiser par une modernisation des relations franco africaines. Il faut en effet, sortir de l’archaïsme d’une certaine « Françafrique ». Certes le président Sarkozy bénéficie de ce que traditionnellement l’on accorde à un président nouvellement élu : l’état de grâce. Mais, les débuts du nouveau président français ne sont pas sans susciter en nous des inquiétudes et interrogations. La rupture annoncée est-elle possible quand le premier chef d’Etat africain officiellement reçu à l’Elysée est le dictateur gabonais Omar Bongo Ondimba ? Ce même Omar Bongo Ondimba qui a eu la primeur d’un appel téléphonique du nouveau président français, au soir même de son élection.
Nous savons tous qu’Omar Bongo Ondimba dirige de main de fer et sans partage le Gabon depuis plus de 40 ans. Son mépris pour les droits de l’homme, la misère qu’il impose à son peuple alors que le Gabon est un pays plein de ressources minières et pétrolières, la mauvaise gouvernance réelle qui prévaut dans son pays au grand dam des institutions de Bretton Woods qui continuent de lui accorder du crédit, l’absence tangible de démocratie au Gabon (les partis d’opposition sont créés de toutes pièces par le régime dictatorial de Libreville pour se donner bonne conscience), sont reconnus universellement.
Le président Sarkozy sait sans doute ce qu’il fait, et nous ne voudrions pas mettre en doute son projet de rupture, dans sa politique africaine, avec le passé en dépit de ses amitiés manifestes avec le président Bongo. Mais nous attendons de voir et nous y serons très attentifs et vigilants.
De fait, le projet de rupture du président Nicolas Sarkozy n’est pas nouveau. On a déjà entendu ce genre de discours, mais rien n’a jamais été fait. Pourquoi ? Parce que justement la France a toujours été complice de la mauvaise politique qui a de tout temps sévi en Afrique. Or il faut attaquer le mal à la racine. L’immigration, la misère, la pauvreté, la maladie, l’absence de paix persisteront tant que l’Afrique aura à la tête de ses Etats, des hommes égoïstes qui ne pensent qu’à leurs poches et à garnir leurs comptes en banque, des régimes répressifs et dictatoriaux. Il est urgent d’imposer un code de bonne conduite aux dirigeants africains. Il faut que la France se désengage de son soutien aux mauvais gouvernants, aux tyrans, aux dictateurs… dont Omar Bongo Ondimba en tête de liste.
La France a donc une occasion unique pour redorer son blason en Afrique : convaincre Bongo Ondimba (leur création) à un multipartisme total et réel, et non cette mascarade à laquelle nous assistons depuis des décennies. C’est la seule solution pour une alternance démocratique apaisée au Gabon. Le silence complice de la France ne fait qu’attiser la souffrance des gabonais.
La France, avec un nouveau président élu à sa tête se doit de saisir cette occasion unique et sortir par la grande porte du bourbier "françafrique" qui est d’une autre époque et qui a assez fait de mal au continent africain.
Nous avons bien entendu « le message humaniste de la France », qui est « son identité » et « son histoire », que le nouveau président a adressé à l’Afrique et nous attendons maintenant qu’il le concrétise.
Que Dieu bénisse le Gabon et veille sur ses habitants.
Siméon J Francis EKOGA Président du Rassemblement Démocratique du Peuple Gabonais (RDPG) Emails : simekoga@rdpg.org et simeon.ekoga@rdpg.org Site web : www.rdpg.org