La radio numérique complètement brouillée

« La radio numérique sera le cadeau de Noël 2008 », déclarait fin 2007 devant un parterre de pontes de la radio, Christine Albanel, alors ministre de la Culture. Problème : Noël 2009 approche et l’arrivée de la Radio Numérique Terrestre (RNT) semble bel et bien reportée aux calendes grecques.

Déjà, Rachid Arhab, en charge du dossier au CSA, a annoncé dernièrement que le déploiement de la RNT débuterait avec six mois de retard en avril 2010.

Pis, les patrons de radio, si prompts à faire hier l’apologie de cette nouvelle technologie qui permettra notamment à l’auditeur de voir le titre de sa chanson défiler ou de pouvoir circuler dans toute la France sans changer de fréquence avec une qualité d’écoute parfaite, se sont quelque peu ravisés. Alexandre Bompard, le PDG d’Europe-1, n’a-t-il pas éludé la question lors de la conférence de rentrée de la station en déclarant que la « RNT était désormais l’une des pistes choisies pour le développement numérique ». Un glissement de langage qui s’explique aisément par une histoire de gros sous.

En effet, en refaisant leurs calculs, les opérateurs radios se sont rendus compte que la double diffusion FM et numérique qu’ils devront supporter, impliquait des surcoûts de 70 à 80% pour des perspectives de croissance somme toute limitées. Une facture qui risque d’être très lourde puisqu’un foyer français possédant en moyenne six transistors radio, les spécialistes estiment que le renouvellement du parc prendra une bonne dizaine d’années. Pas étonnant que les opérateurs ne soient plus très chauds…

D’autant qu’ils commencent à réaliser que la RNT a de grandes chances de se déployer grâce aux smartphones type Iphone ou Blackberry. Ces outils nouveaux coûtent bien moins cher que la norme dite T-DMB retenue en 2003 par les opérateurs. « Aujourd’hui plus personne ne s’accorderait sur cette norme », note un acteur important du secteur.

Et le constat dressé par Pierre Bellanger, PDG de Skyrock, et Sylvain Anichini, ancien DGA de Radio France, dans une tribune publiée par Le Monde, sonne comme le glas d’une révolution qui apparaissait, il y a encore quelques mois comme un eldorado pour le média radio : « La RNT est un futur de retard dépassé par une révolution technologique qui a surpris des industries entières ». Voilà une belle épitaphe.