Jean Beneyton, alias "Jeannot trois doigts", 79 ans, prend sa retraite derrière les barreaux de La Farlède.
Si certains retraités du grand banditisme se recyclent dans l’écriture de leurs mémoires, d’autres galèrent sévère. C’est le cas de l’ex-braqueur Jean Beneyton, alias "Jeannot trois doigts", aujourd’hui âgé de 79 ans, qui prend sa retraite derrière les barreaux de La Farlède (Var) après avoir été condamné à deux ans de prison ferme.
L’affaire remonte au 7 octobre 2008. Jeannot revient de son marché et sur sa route, il croise les policiers. Dans son cabas, il transporte des fruits, des légumes frais mais aussi un kilo de cocaïne qu’il convoie pour le compte de trafiquants toulonnais.
Cet ancien gamin des rues de Grenoble qui a pourtant roulé sa bosse dans le grand banditisme d’après-guerre, s’est donc fait prendre bêtement alors qu’il faisait la « mule » pour arrondir ses fins de mois. Ancien du gang des coffres-forts, il a ensuite « travaillé » avec son ami Pierre Rémond, alias Noenoeil abattu en 1969 par la police. Ils étaient tous deux les piliers du premier gang des Lyonnais, redoutable équipe de braqueurs et de trafiquants qui a marqué le banditisme hexagonal des années 60.
C’est d’ailleurs en protégeant Noenoeil qu’il perdra deux doigts et gagnera son surnom. A la fin des années 90, le lascar se décide à cesser ses activités pour couler une retraite paisible dans l’arrière-pays toulonnais. Mais Jeannot tire la langue. Ses 400 euros de pension ne suffisent pas à payer son appartement. « Il savait qu’il allait se faire choper », explique son petit-fils.
A son arrivée en prison, son voisin de cellule l’accueille en lui plantant un couteau fabriqué avec un peigne. Fort de ses 30 années passées à l’ombre, Jeannot a ses contacts et le petit jeune se fait remettre en place. Malgré tout son état de santé se dégrade. Il doit être opéré pour un anévrisme le 9 novembre. En attendant une possible remise en liberté début 2010.
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Le "pain de fesses" (entendez : le proxénétisme), très peu pour lui : il est incapable de lever la main sur une jeune femme. La drogue ? Inutile de lui en parler : un camé, "c’est de la graine de balance". Non, son truc à lui, c’est plutôt la cambriole : "Il se moque du danger et surtout, il maîtrise à la perfection l’art de la serrurerie ! Adolescent déjà, il "visitait" les appartements, dans un quartier populaire de Grenoble. Grand-père, au vert dans un village haut-alpin, il n’a qu’une idée en tête : braquer le Crédit agricole le plus proche. Sa fille doit le réexpédier en urgence à Toulon… Quel personnage que Jean Beneyton, dit "Jeannot trois doigts" ! Après s’être illustré dans le "gang des coffres-forts", il intègre, à la fin des années 60, le "gang des Lyonnais". Où Jeannot Beneyton prend-il le plus de plaisir ? En réussissant les coups les plus tordus ou en bernant grossièrement la justice ? On peut en discuter. Mais le véritable exploit de cette figure du grand banditisme ne souffre aucun doute. Père trop souvent absent (entre autres pour incarcération), il a merveilleusement su apprivoiser son petit-fils. C’est par l’entremise de celui-ci (il réside à Ventavon), que le journaliste Eric Garnier a pu écrire "Jeannot trois doigts, l’empreinte d’un bandit". Cette biographie rondement menée porte aussi le sceau d’un homme de coeur.
Eric Garnier, "Jeannot trois doigts, l’empreinte d’un bandit",